Connaissez-vous l'histoire de la cruche fêlée ? Cette courte parabole montre combien, au-delà des apparences, la fragilité et l'imperfection portent du fruit.
Dans un pays lointain, un marchand d’eau allait chaque matin puiser de l’eau à la source, qu’il portait ensuite à la ville pour la vendre aux habitants. Il possédait deux cruches de même taille, qu’il chargeait sur ses épaules avant de se mettre en route.
Mais l’une des deux était fêlée. Par conséquent, lorsque son maître arrivait en ville, elle se trouvait immanquablement à moitié vide, tandis que sa consœur était encore pleine à ras bord. La cruche fêlée tombait alors dans des accès de tristesse tandis que sa voisine se pavanait de fierté. Un jour, la malheureuse cruche n’y tint plus et, désespérée, elle vint trouver son maître : « Pourquoi me gardes-tu ? J’ai honte. Ne remarques-tu que tous les matins, quand tu arrives en ville, je suis à moitié vide ? Je ne suis d’aucune utilité pour toi. Pourquoi ne te débarrasses-tu pas de moi ? ».
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Le marchand la contempla avec attention et lui répondit : « N’as-tu pas remarqué ces fleurs qui ont poussé le long du chemin, de ton côté ? J’ai toujours su que tu étais fêlée. C’est pourquoi j’ai semé des graines le long de ton passage. Tu les as arrosées chaque jour. Et aujourd’hui, des fleurs ont poussé et enchantent les yeux des promeneurs. Grâce à toi ».
L’être humain est souvent obsédé par ses manques, ses incertitudes, la crainte qui le tenaille de ne pas être à la hauteur. Il se juge durement. « Dans notre société, affirme Jean Vanier, tout le monde a besoin de prouver qu’il est normal, qu’il est comme les autres. Alors on renie son cœur qui est unique » (Vivre ensemble avec nos différences). Cette courte parabole montre combien ces défauts aux yeux du monde peuvent être source d’une fécondité inattendue. Pourquoi ne pas se mettre à l’école de Michel Audiard, à qui l’on attribue cette réplique : « Heureux les fêlés car ils laissent passer la lumière » ?
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