Le père Nicolas Rousselot, jésuite, est très présent dans le monde étudiant. Il accompagnera Theotokos, un site de rencontre chrétien, lors de son université d’été à Notre-Dame du Laus (diocèse de Gap et d’Embrun) du 30 juillet au 5 août. Au programme, temps de partage, enseignements, temps sportifs et festifs.
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Aleteia : Le célibat non choisi est source d’une grande tristesse. Qu’en penser ?
Père Nicolas Rousselot : Saint Ignace parle des émotions de consolation et de désolation. La désolation, c’est quand vous faites les choses sans énergie, quand tout devient pesant et obscur. C’est justement à ce moment-là qu’il faut durer. Même si elle est difficile et qu’on ne peut pas la souhaiter, la désolation est essentielle dans nos vies parce que « l’épreuve vérifie le fond de l’être ».
Justement, comment être consolé ?
Le pape François parle beaucoup de consolation. Dans la Bible, on la nomme dès l’Ancien Testament, dans le chapitre 40 du livre d’Isaïe, qui décrit la consolation d’Israël. Les Hébreux ont vécu une expérience de consolation. En effet, ils étaient captifs à Babylone, puis ils ont été libérés par les Perses et ont ensuite pu retourner à Jérusalem. Le premier souffle de la vie est celui de la création : Dieu souffle dans la narine d’Adam pour lui insuffler la vie. Le second souffle vient lorsque l’on est fatigué, déçu par la vie, et que Dieu donne plus de dynamisme intérieur. Sa présence se manifeste alors par la consolation. On devient plus soi-même, à l’image et à la ressemblance du Créateur, on a comme une énergie renouvelée. On reçoit un second souffle pour parler, prier. C’est quelque chose de sensible, mais la personne ne s’aperçoit pas toujours de ce courant de vie qui la traverse et ce sont parfois les autres qui le lui font remarquer. La consolation vaut pour tous, que l’on soit célibataire ou non.
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Mais si l’on n’a pas choisi sa situation, comment lui donner du sens ?
Si le cœur reste ouvert quand même, il peut y avoir un passage de la consolation. Dans la vie, l’être humain a deux grands désirs : être reconnu comme quelqu’un d’unique et se donner. Il a besoin d’être reconnu par quelqu’un avec qui il va construire sa vie. On lit dans la Bible : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul » (Gn 2, 18). L’amitié va donc être quelque chose d’essentiel dans ces moments de désolation. Le désir de se donner, lui, pourra être honoré dans le travail, l’engagement associatif, le service d’Église. Il est important d’honorer ces deux grands désirs, de réussir à vivre en étant quelqu’un d’unique sans chercher éperdument la reconnaissance et sans être mangé par ses peurs.
Y a-t-il vraiment une fécondité au célibat ?
Je pense en particulier à ces femmes qui voudraient donner des enfants au monde. Il y a quelque chose de l’accomplissement d’une vie dans le fait d’avoir des enfants. Il y aura donc pour elles une manière de donner une autre fécondité à leur célibat qui est capitale. Le célibat choisi peut être très fécond. Lorsqu’il est subi, en revanche, il n’a aucun sens. Il faut lui en donner un. De nombreuses personnes se retrouvent dans des situations que, de fait, elles n’ont pas choisies. Cela peut être l’alcoolisme d’un proche, un handicap physique. Soit on les nie et on se laisse manger par ces réalités négatives, soit on y consent et on y fait face. On peut alors se demander : « C’est ma réalité. Qu’est-ce que j’en fais ? ». Là est notre liberté.
Que se passe-t-il lorsque quelqu’un accueille la consolation au cœur même de la désolation ?
Celui qui l’accueille va voir sa vie transformée. Et quand il en prendra conscience, cela permettra même un “élargissement”. Sainte Thérèse d’Avila disait à sa façon : « C’est déjà bien d’avoir la grâce, c’est encore mieux d’en prendre conscience ». Et c’est ce qui fait que les gens lui diront : « Tu pourrais t’écrouler mais tu tiens toujours debout. Qu’est-ce qui t’anime ? ». Quand on partage une grâce reçue, elle se déploie et se dilate. D’où l’importance d’être en relation, afin qu’elle puisse rayonner. Parfois, quand on fait la relecture de sa vie, on est témoin d’un miracle de la parole. Lorsque l’on nomme les choses, un phénomène se produit. Le célibataire peut alors recevoir dans sa solitude cette espèce de ruisseau souterrain de la consolation qui va lui donner la force de la parole. Et cela va se voir par exemple dans son visage. Ou bien, il aura la force de quitter sa position victimaire, en devenant une personne ressource pour d’autres personnes et un véritable ami.
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Cette consolation, comment se traduit-elle dans la vie de tous les jours ?
Elle se manifeste par le fait de durer dans ses engagements et d’être dans la fidélité. Or, c’est la fidélité qui fait que l’Eglise et la société tiennent. Mais il s’agit d’une fidélité créatrice. Il est également important d’éviter un côté victimaire qui pourrait devenir un enfermement, d’entretenir des amitiés vraies et de repérer ses dons.
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