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Pour en finir avec les clichés sur la conception du corps

PREGNANT WOMAN

By Valeria Aksakova | Shutterstock

Clotilde Rudent - publié le 29/04/18

Alors que le débat sur la PMA et la GPA est sur la place publique, la conception chrétienne du corps, façonnée à partir des Écritures et de la Tradition des Pères de l'Église, peut aider chaque chrétien à alimenter sa réflexion sur le corps.

Avec un slogan aussi tenace et répandu que « mon corps m’appartient », il est difficile pour l’Église de faire entendre un discours à contre-courant de la société. On reproche souvent au christianisme d’être contre le corps et donc contre la sexualité. Les clichés autour d’une Église autoritaire ayant le pouvoir de dire ce qui est permis et interdit, persistent et écornent son image. Or, l’homme est constitué d’une âme et d’un corps, et l’Église a toujours défendu cette unité dans ces deux dimensions ; saint Thomas rappelle que “l’âme unie au corps ressemble plus à Dieu que séparée du corps, parce qu’elle possède plus parfaitement sa nature”.

Si on caricature un peu, on est passé d’une vision dualiste, manichéiste, selon laquelle le corps est mauvais et impur et donc tabou, à une vision complètement libertaire depuis Mai 68, qui fait l’apologie du corps biologique au détriment de toute spiritualité. Il faut le dire, nos philosophes occidentaux ont contribué à opérer ce passage d’un extrême à l’autre : Marx avec son matérialisme, Freud avec son pansexualisme et enfin Sartre avec sa conception absolue de la liberté. Et c’est pourtant l’Église, avec son message universel et sa théologie, qui parvient à trouver la juste mesure entre ces deux extrêmes : l’homme est libre, mais responsable.

L’Incarnation, point central de la foi

S’il y a eu chez certains membres de l’Église de tendance platonicienne un mépris du corps, ce ne fut jamais l’enseignement officiel de l’Église, et encore moins le courant dominant. Au contraire le dogme de l’Incarnation, point central de la foi chrétienne, affirme que la Deuxième Personne de la sainte Trinité a pris une nature humaine en tout semblable à la nôtre, et donc un corps.

Dans la première épître aux Corinthiens, saint Paul dit que le corps “est pour le Seigneur” (1 Cor, 6, 13) : il n’est ni autonome, ni indifférent mais il est ordonné à cette appartenance : “Ne le savez-vous pas ? Votre corps est un sanctuaire de l’Esprit saint, lui qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu ; vous ne vous appartenez plus à vous-mêmes, car vous avez été achetés à grand prix. Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps.” (1 Cor, 6, 19-20) L’homme ne s’appartient pas en vertu de sa rédemption par le sacrifice du Christ. Il a été racheté de la servitude du péché pour être au Seigneur. Mais l’inverse est vrai : “le Seigneur est pour le corps. Et Dieu, qui a ressuscité le Seigneur, nous ressuscitera nous aussi par sa puissance.” (1 Cor, 6, 13-14). Le corps humain est appelé à la résurrection et à la gloire qui le communique le Seigneur. En raison de ce lien entre le corps et le Seigneur ressuscité, saint Thomas dit qu’il y a “une affinité du corps humain au Christ.”

“Ne savez-vous pas que vos corps sont des membres du Christ ?” (1 Cor, 6, 19) : vos corps et pas seulement vos âmes. Le corps est partie intégrante de l’unité de la personne et c’est pourquoi il sera atteint par la résurrection du Christ de même que l’âme. “Votre corps est un temple du Saint-Esprit” : à l’image du temple, lieu consacré, le corps participe au culte rendu à Dieu : “Glorifiez Dieu dans votre corps.”

Le corps c’est pas une chose

Le respect de la dignité du corps qui vient de ce qu’il est partie intégrante de la personne, entraîne l’impossibilité de toute commercialisation. Le corps c’est pas une chose. Ni le corps humain, ni une partie du corps humain ne peut être vendu ou acheté. Ceci a toujours été reconnu par le droit français pour lequel le corps à un caractère sacré, et s’applique aussi au cadavre en tant que mémoire de la valeur du corps humain. Les différentes formes de marché du corps sont donc moralement inacceptables : esclavage, prostitution, vente d’enfants, trafic d’organes pour les transplantations, vente d’ovocytes ou de sperme, location d’utérus, vente d’embryons ou de fœtus…

Si le corps humain n’est pas commercialisable, l’unique possibilité d’échange est le don (de sang, d’organe, de moelle osseuse, …), l’Église est claire sur ce sujet : les greffes et transplantations d’organes sont légitimes si “les dangers et les risques physiques et psychologiques encourus par le donneur sont proportionnés au bien recherché chez le destinataire”. Le don d’organes est alors une des plus belles expressions de la charité, “une nouvelle manière de servir la famille humaine”, dit Jean Paul II.

Mais on ne peut jamais faire don d’organes indispensables : “Il est moralement inadmissible de provoquer directement la mutilation invalidante ou la mort d’un être humain fût pour retarder le décès d’autres personnes.” Les dons d’organes fœtaux sont inadmissibles parce qu’ils provoquent la mort du fœtus. Cette pratique s’inscrit dans le cadre de la thérapie cellulaire : technique visant à reconstituer des organes défaillants par greffe de tissus jeunes : le fœtus avorté est apparu comme un donneur potentiel d’organes. Mais c’est dépouiller le fœtus de sa dignité d’être humain pour devenir un objet utile.

Enfin les mutilations ou amputations volontaires de personnes innocentes, sauf en cas de nécessités strictement thérapeutiques en vertu du principe de totalité (la partie est toujours ordonnée au tout), sont moralement inadmissibles. Il en est de même pour la stérilisation qui agit sur le principe ou sur les conditions de la fécondité. La pratique de la stérilisation remonte à l’Antiquité avec les eunuques, ou les castra en musique. Elle a été fermement condamnée par le pape Benoît XIV comme étant un acte immoral. Aujourd’hui la stérilisation est devenue une réalité bien plus accessible avec les avancées de la médecine et elle revêt également une dimension politique comme en Chine ou en Inde où sont lancées des campagnes de stérilisation. La stérilisation est proscrite par l’Église parce qu’il s’agit d’une mutilation particulièrement grave : la fonction génératrice qu’elle empêche est une fonction fondamentale qui touche de très près la vie, dont Dieu seul a le domaine. En effet la personne humaine doit se comporter selon sa dignité ontologique.

En ce sens l’Église ne s’oppose pas à la volonté humaine, elle n’impose pas des interdits arbitraires mais invite chaque chrétien à agir selon sa nature, selon la loi naturelle et selon sa dignité héritée du Christ.

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Bioéthique
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