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Moines de Tibhirine : ce que disent les dernières expertises

MONKS TIBHIRINE
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Caroline Becker - publié le 30/03/18
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Des experts ont analysé les échantillons des crânes des sept moines de Tibhirine. Ils auraient été tués un mois avant l’annonce officielle et auraient été décapités après leur mort. Assassinés en 1996, les moines de Tibhirine continuent de susciter un vif intérêt en raison du mystère qui demeure autour de leur assassinat. Les dernières conclusions des experts révèlent deux nouvelles tragiques : les moines auraient été assassinés vraisemblablement un mois avant l’annonce officielle et leurs têtes auraient été décapitées après leur mort.

Installés dans leur monastère de Tibhirine en Algérie, les moines avaient refusé de quitter les lieux malgré la guerre civile qui faisait rage. Dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, les sept ont été enlevés par des hommes armés. Le groupe armé islamique (GIA) avait alors revendiqué l’enlèvement des moines. Leur mort sera officiellement annoncée le 23 mai, et les islamistes les auraient tués deux jours avant. Le 30 mai 1996, sept têtes sont retrouvées sur une route mais les corps n’ont jamais été retrouvés. Si les réponses restent floues sur les réels commanditaires de cet assassinat, les expertises des têtes retrouvées ont permis d’éclairer sur les vraies circonstances de leur mort.

Que disent les nouvelles expertises ?

Le rapport d’autopsie fouillé révèle quatre points clés : les moines auraient sans doute été assassinés plusieurs semaines avant la découverte officielle des têtes ; les têtes ne portaient pas de trace de balles ; les corps ont été décapités après la mort ; les têtes auraient été inhumées une première fois avant leur découverte.

Ces nouvelles révélations ébranlent considérablement la version officielle des autorités algériennes qui défendent la thèse d’un enlèvement et d’une exécution par le GIA. Pour l’avocat des familles des moines, Patrick Baudouin, “la version officielle ne tient pas”. “Il y a trop d’éléments remis en cause par ce rapport, en particulier le fait que la mort des moines est très vraisemblablement bien antérieure à ce qui a été avalisé par les autorités algériennes”, a-t-il confié à Franceinfo.

À la lumière de la médecine légale

En 2014, les juges français s’étaient rendus en Algérie avec des experts pour effectuer des prélèvements sur les têtes des moines, mais les autorités algériennes s’étaient opposées à leur transfert en France, avant d’être restituées dix-huit mois plus tard. Grâce à des moyens technologique de pointe, la médecine légale a enfin pu révéler des zones d’ombres. Les crânes ont, premièrement, bien été authentifiés mais l’identité de six d’entre eux avaient été interverties ! Les moines n’avaient donc pas leur nom correspondant sur leur cercueil.

Les experts ont également révélé l’absence de particules métalliques dans les crânes. Ils n’auraient ainsi pas été tués par balles avant d’être décapités. Pour Patrick Baudouin, “l’absence des corps, jamais retrouvés, conforte l’idée que l’on nous cache des choses”, a révélé la Croix. L’expertise confirme également que les moines n’ont pas été égorgés mais décapités après leur mort. Selon le rapport : ““L’absence de lésions identifiables de grignotage par des prédateurs”, rend peu crédible l’hypothèse selon laquelle les têtes seraient restées en plein air pendant les neuf jours séparant leur mort de la date de leur découverte”, révèle la Croix. Les têtes auraient ainsi été inhumées une première fois avant d’être découvertes. Enfin, concernant la date de la mort, les experts jugent impossible que les moines soient morts avant le 21 mai comme l’a prétendu le GIA. L’état de décomposition des têtes suggère un laps de temps inférieur à neuf jours. Les données ne permettent cependant pas de fournir une date précise pour le moment. Ils estiment cependant que le décès a pu avoir lieu cinq semaines avant la découverte, soit entre le 25 et le 27 avril 1996. Si ce nouveau rapport offre des réponses concrètes, de nombreuses questions restent cependant encore en suspens.

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