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Décryptage
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Jusqu’où une chrétienne doit-elle résister à un viol ?

SURVEY HOMICIDE TRANSPORT RER

FRANCOIS GUILLOT / AFP

La rédaction d'Aleteia - publié le 28/02/18

Dans une tribune mise en ligne le 15 février sur le site de l’hebdomadaire Le Point, Catherine Millet estime qu’Anne Lorraine Schmitt, assassinée dans une rame du RER D en 2007, aurait pu échapper à son sort si elle avait donné satisfaction aux exigences de celui qui voulait la violer. Un refus de céder que la femme de lettres attribue à un catholicisme primaire. Décryptage d’une obscénité absurde.

Qu’est-il passé par la tête du directeur de la rédaction du Point lorsqu’il a accepté un texte de Catherine Millet qui tient des propos incompréhensibles, sinon insupportables, au sujet d’Anne-Lorraine Schmitt, poignardée de 34 coups de couteau le 25 novembre 2007, après s’être défendue pour éviter d’être violée par Thierry Deve-Oglu, condamné à la prison à perpétuité en 2010 ?

La plus simple des manières de « gérer » un viol, explique-t-elle en substance, c’est de l’accepter. Et pour étayer son raisonnement, celle qui rappelle comme une évidence qu’elle ne « croi(t) plus en Dieu depuis longtemps » se fonde sur une lecture improbable de la philosophie chrétienne, convoquant au passage Saint Augustin. Il existe une distinction fondamentale, pense-t-elle, entre le corps et l’âme qui permet par conséquent de demeurer intègre, même quand le corps est profané. Et de citer une phrase extraite des Confessions de l’évêque d’Hippone : « Un tel attentat n’enlève pas à l’âme la chasteté qu’elle embrasse » dont elle omet la fin : « mais il soulève en elle la pudeur ». Si Anne-Lorraine, dont elle rappelle qu’elle était « profondément croyante » avait mieux lu le Père de l’Eglise, elle aurait « accepté la fellation que le violeur exigeait » (sic).

Une indécence révoltante

Catherine Millet sait-elle ce qui s’est exactement passé ? Non, personne ne le sait. Sait-elle alors ce qui se serait passé si Anne Lorraine avait agi autrement ? Encore moins. Peut-elle dire si la cause de la mort de cette jeune fille est sa résistance devant un acte particulièrement révoltant quand il est imposé ? 




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Catherine Millet laisse entendre que “si elle avait lu de plus près saint Augustin” la victime aurait eu la vie sauve. Toute personne simplement saine d’esprit pense que la victime aurait eu la vie sauve… si le meurtrier ne lui avait pas donné 34 coups de couteau.

Face à la mémoire d’Anne-Lorraine, face à la souffrance de ses parents et de ses amis, Catherine Millet n’avait qu’une alternative : celle de compatir avec tendresse ou se taire. Elle a choisi d’être odieuse. La famille d’Anne-Lorraine Schmitt, ne méritait certes pas ce nouvel assassinat moral. Son père, Philippe, qui avait déjà eu le privilège d’être cloué au « mur des cons » du syndicats de la magistrature, s’est contenté cette fois d’une sobre réponse : « Vis-à-vis de notre famille et de ce qu’Anne-Lorraine a souffert, l’attaque de cette dame est totalement répugnante (…). Qu’on laisse Anne-Lorraine en paix ».

Que dit vraiment l’Eglise catholique ?

En réalité, le propos de Saint Augustin récupéré par Catherine Millet vise surtout à expliquer que le viol subi ne peut, postérieurement, justifier le suicide de la victime. Mais passons sur les absurdités abracadabrantesques que Catherine Millet fait dire à saint Augustin, François Huguenin, dans La Vie, les relèvent très bien. Et évoquons succinctement les conseils de l’Eglise catholique sur la résistance à apporter à un viol. L’Eglise catholique considère que le droit au respect, à la liberté, à l’intégrité physique et morale d’une personne mérite d’être défendu, surtout pour faire échec à des atteintes aussi graves que le viol. Cette défense requiert une résistance manifeste, résolue et aussi dissuasive que possible compte tenu de la réalité de chaque situation.




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Cependant, la vie étant un bien encore plus précieux que les biens mis en cause par le viol, aussi précieux fussent-ils, la résistance peut et doit cesser quand la vie est immédiatement et clairement en jeu. Le sacrifice, uniquement physique, de sa pureté, de sa virginité ou encore de sa chasteté conjugale, aussi traumatisant soit-il, peut et doit être consenti pour la sauvegarde de sa vie. 

Que faire face à un psychopathe ?

Voilà pour les principes. Dans la réalité, personne assis dans son fauteuil ne peut se mettre à la place d’une personne qui subit le traumatisme d’une tentative de viol. Qui peut dire qu’il aurait mieux valu faire ceci et pas cela ? Comment savoir jusqu’où on peut résister à un psychopathe sans risquer sa vie ? Toute la question est là et personne ne peut y répondre. C’est pourquoi l’Eglise ne juge jamais les victimes parce qu’elles se seraient trop ou pas assez défendues. Elle ne se prononce jamais sur ce point. Elle est pleine de tendresse et de compassion pour toutes les personnes qui ont eu à subir un viol. Et elle honore celles qui ont été assassinées pour avoir résisté à leur violeur, à commencer par sainte Maria Goretti, poignardée à mort en 1902 à l’âge de 12 ans. Son meurtrier assista à son procès en béatification et mourut jardinier dans un monastère.

EDIT jeudi 1er mars – 13h00. Certains points contenus dans cet article ont été modifiés pour une meilleure clarté du propos.

Tags:
viol
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