Quand l’électricité n’existait pas, les villageois se retrouvaient le soir chez les uns ou chez les autres pour colporter les nouvelles ou s’amuser, tout en faisant des travaux manuels. Retour sur cette belle tradition régionale qui entretenait les relations de voisinage et les liens intergénérationnels.
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La lumière électrique a tué les veillées. Avec ce progrès technique, plus besoin de passer ses soirées chez les voisins pour faire des économies de chauffage et d’éclairage ! Pour se faire une idée de ces veillées d’autrefois, il faut aller dans le Haut-Rhin, non loin de Mulhouse. On y découvre l’Écomusée d’Alsace, un véritable conservatoire des traditions, usages, coutumes et habitat locaux installé dans un village de maisons traditionnelles.
Les soirs d’hiver, jusqu’au 7 janvier, les « veillées paysannes » y reprennent vie. Une partie de la communauté villageoise de retrouve dans la « stub » (la pièce chauffée) d’une maison traditionnelle. Jetons un œil sur l’une de ces veillées, mise en scène par l’Écomusée.
Dès la tombée de la nuit, sitôt la soupe avalée, les femmes empoignent leur ouvrage et se glissent dans la maison voisine, la seule éclairée. Les hommes les rejoindront un peu plus tard avec les jeunes gens pressés de faire la cour aux jeunes filles du village. Jusqu’à la fin de l’automne, le travail des champs est tellement prenant que les occasions sont rares d’aller conter fleurette. Mais l’hiver est là. Depuis la Toussaint et au plus tard la Saint-Martin, les travaux d’extérieur sont terminés. Il est temps de se reposer et de faire des projets pour la prochaine saison.
Dans la pièce chauffée au poêle, tous sont maintenant réunis autour d’une grande table. Les hommes cassent les noix ou les nèfles, réparent un outil, les jeunes égrainent le maïs, des femmes raccommodent des vêtements ou des sacs. Aucune d’elle n’oserait toucher son rouet pour filer le chanvre ou le lin : à partir de minuit le 24 décembre jusqu’au 12 janvier, il est interdit de filer. Au moment du solstice, faire tourner la roue pourrait perturber le mouvement de l’astre solaire et, qui sait, laisser la terre à jamais plongée dans la nuit ?
Un joyeux brouhaha s’élève. Jeunes et vieux échangent les nouvelles du village. Tel garçon sera conscrit cette année, la mère de tel autre est malade, le colporteur va bientôt passer avec ses mouchoirs et ses pacotilles. L’un revient de la ville et raconte : « Je suis entré dans une maison, quelqu’un a tourné un bouton et il y a eu de la lumière ! ». Sur les visages qui l’entourent, éclairés à la bougie, la stupeur ou l’émerveillement se lisent. Comment simplement imaginer le principe de l’électricité ?
Derrière les volets clos, un chant soudain s’élève. C’est le veilleur de nuit. Il annonce qu’il est temps d’aller se coucher. Chacun réunit ses affaires et rentre chez soi. Demain, la veillée sera chez d’autres voisins. Il faut en profiter : à la Chandeleur le 2 février et au plus tard à la Sainte-Gertrude le 17 mars, chacun restera chez soi. Jusqu’à la Toussaint prochaine.
Noël à l’Ecomusée d’Alsace, jusqu’au 7 janvier 2018. Ouverture du mardi au dimanche de 10 h 30 à 18 h 30.