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Dernier dimanche de l’Avent : faire de son cœur la petite crèche qui accueillera Dieu

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© Mazur/catholicnews.org.uk

Gaëtan de Bodard - publié le 24/12/17

Retrouvez chaque dimanche de l'Avent l'homélie de l'abbé Gaëtan de Bodard, curé des communautés paroissiales de Fresnay-sur-Sarthe, Oisseau-le-Petit et Sougé-le-Ganelon, dans la Sarthe.

Mes frères, j’ai hésité un instant à évoquer avec vous ce dimanche l’idée qui m’est venue quand j’ai lu et approfondi les lectures proposées en ce quatrième dimanche de l’Avent. Pourtant, pour moi, c’était une évidence, c’était flagrant… Sauf qu’en France aujourd’hui, plus encore en cette période qui nous préparer aux fêtes de fin d’année, c’est un sujet tabou, un sujet qui divise, un sujet clivant : vous avez compris que je veux vous parler de la crèche…

Elle est terrible cette crèche, cette grotte qui a accueilli la sainte famille un soir d’hiver aux portes de Bethléem, cet abri où un paysan local parquait le bœuf qu’il mettait à l’araire pendant la journée pour retourner quelques arpents de terre. Cette crèche, c’est un trou dans le rocher, avec peut-être quelques planches disjointes à l’entrée, où se reposent et se nourrissent des animaux. Eh bien, c’est là que va naître l’Enfant-Dieu, le Seigneur du ciel et de la terre. Parce que les hommes ont fermé la porte à Ses parents ! Parce qu’il n’y avait pas de place pour accueillir ce couple venu du nord du pays.


MAGES SANTONS

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Hier et aujourd’hui, la crèche, c’est le souvenir de l’humilité et de la pauvreté de notre Dieu qui S’est fait homme pour nous sauver. C’est à saint François d’Assise que nous devons cette idée : un bœuf, un âne, une mangeoire, quelques bergers et leurs moutons et le tour était joué. Le Poverello a d’ailleurs fait célébrer une messe de la Nativité dans la crèche grandeur nature qu’il avait imaginée. Eh bien, cette reproduction a tellement touché les cœurs et les imaginations, les gens de son époque se sont tellement retrouvés dans cette humble dévotion, que l’on a commencé à fabriquer des petites crèches pour les maisons, à déposer dans le salon ou le coin prière. Aujourd’hui, nous connaissons la crèche de style provençal avec ses petits santons en terre, ou celles qui vient de Naples avec ses personnages plus grands et habillés avec des vêtements en tissu. Aux bergers et aux mages sont venus s’ajouter le puisatier, la marchande de légumes, le meunier, puis Monsieur le curé avec sa soutane, sa barrette ecclésiastique et son parapluie rouge, le facteur et sa sacoche, le vitrier, le chasseur le fusil en bandoulière. Et dans ma crèche, j’ai quelques originaux : un aumônier militaire en uniforme, une Bécassine, un marchand de vin avec ses tonneaux et ses bouteilles (je n’ai pas trouvé encore de marchand de whisky, ni d’Ecossais en kilt) et, parce que nous sommes en Sarthe, pays des rillettes, un porcher et ses gros cochons dodus.

Pourquoi je vous raconte tout ce folklore ? Parce que Jésus est venu au milieu de Son peuple, le peuple hébreu choisi par Dieu depuis Abraham. Dieu S’est incarné au milieu des hommes de Son époque. Et ce soir, nous fêterons Son avènement au milieu des hommes de notre époque, ceux de Bourg-le-Roi, Ancinnes, Fresnay, Champfleur, Sougé-le-Ganelon ou Douillet-le-Joly. Mais aussi tous les autres, en France, en Europe, en Afrique, en Asie, en Amérique. D’où ces crèches multiples avec des petits Jésus noirs, des Marie aux yeux bridés, des bergers aux couvertures péruviennes, et des morses et des pingouins pour remplacer les moutons en Laponie !




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Vous avez peut-être sursauté au début de l’homélie quand j’ai parlé – sciemment – des « fêtes de fin d’année ». C’est le terme à la mode ! Là où nous, catholiques, parlons de LA fête de Noël, dans les grands magasins, les hôtesses de caisse nous souhaitent de « bonnes fêtes (au pluriel) de fin d’année ! » Et je ne vous cache pas que j’ai été glacé quand un enfant du caté que j’interrogeais sur Noël ne m’a parlé que des cadeaux et du sacro-saint « réveillon » qui empêchera sa famille de venir à la messe de la nuit…

En interdisant les crèches, c’est Jésus que l’on écarte, que l’on efface, que l’on gomme du paysage. Oh, il n’y a pas de persécution, pas de police ou de gendarmerie qui vient détruire une crèche extérieure et nous jeter en prison. Nous ne sommes pas sous dictature communiste ou islamiste. N’empêche… Ces décisions prises au plus haut niveau, abondamment relayées par les médias, commentées jusqu’à plus soif tant par les éditorialistes qu’au bar du commerce ou aux dîners en ville font qu’aujourd’hui – et, à mon avis, cette année plus encore – Noël n’est plus qu’une fête commerciale. Pour beaucoup, Noël n’est plus Noël… Jésus ne fait plus partie de la fête de Noël. Il est même, en tous cas en France, un hôte gênant, indésirable ! Alors qu’Il fait partie de notre histoire ! Alors que l’Église a façonné le visage de la France ! Alors que l’Avent, Noël, l’Épiphanie, le Carême, Pâques, l’Ascension, la Pentecôte, l’Assomption, ce sont nos racines, notre histoire, notre calendrier, nos jours de fériés… Si nous nous chantons avec le psalmiste « L’amour du Seigneur, sans fin je le chante ; ta fidélité, je l’annonce d’âge en âge », je ne suis pas sûr qu’au Ciel on puisse dire la même chose de notre amour à nous et de notre fidélité…


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Le roi David, lui, connaît ses racines : il sait d’où il vient ! Dernier de sa fratrie dans un des petits clans d’Israël, simple berger à Bethléem derrière son troupeau, il a été choisi par Dieu. Soutenu par la grâce de Dieu, il va tuer Goliath et va entrer au service du roi Saül. Toujours avec le soutien de Dieu, devenu chef militaire puis sacré roi d’Israël à Hébron, il va faire reculer les Philistins et s’emparer de Jérusalem dont il va faire sa capitale. Éperdu de reconnaissance envers la bonté du Seigneur à son égard, il veut Lui rendre hommage et Lui construire une demeure digne de Lui. Peine perdue : c’est Dieu qui, une fois encore, va prendre la main. Oui, Il va habiter au milieu de Son peuple, mais ce qu’Il veut, ce n’est pas une maison de pierres, une maison en dur, ornée de marbre et de stuc : ce qu’Il veut, c’est un cœur prêt à L’accueillir, à faire Sa volonté. D’ailleurs, huit siècles plus tard, Dieu Se choisira une jeune vierge d’Israël, Marie de Nazareth, pour porter en elle Dieu fait homme, pour offrir comme première demeure au Roi des rois son sein très pur où Il va se développer neuf mois durant, comme tous les petits des hommes.

Mes frères, à quelques heures de Noël, faisons de nos âmes, de nos cœurs, la petite crèche qui accueillera Dieu. Ce qu’Il a fait avec David, ce qu’Il a fait avec Israël, ce qu’Il a accompli avec marie et Joseph, Dieu veut le reproduire avec nous ce soir et demain et tous les jours de notre vie : habiter chez nous, dans nos maisons, mais plus encore, dans la crèche de notre cœur, de notre âme. Notre société ne veut plus de crèches, elle les bannit des places de nos villages, de l’entrée des mairies ou des conseils généraux ? Mais elle ne pourra jamais enlever celles qui se trouvent là, en nous. Gardons-la soigneusement, comme notre cadeau le plus attendu, le plus cher, le plus précieux. La communion de tout à l’heure lui permettra de s’ancrer plus profondément encore en notre intimité et de vivre cette fête de la Nativité de façon authentique ! C’est la grâce que je souhaite pour chacun d’entre nous. Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen !

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