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L’autorité, à quoi ça sert ?

MAMAN AVEC SA PETITE FILLE

© Shutterstock

Marie-Laure Castelnau - publié le 03/12/17

Des caprices des plus jeunes enfants aux crises de l’adolescent, des règles de vie en famille, à celles de la vie en société... Pour faire face à toutes ces situations du quotidien, les parents doivent réussir à se faire obéir, entendre et respecter. Pas toujours facile ! Quelques témoignages de parents et de psychologues nous éclairent.

« Ne suce pas ton pouce, range ta chambre, sois gentil avec tes camarades, ne mets pas ton coude sur la table, dis bonjour à la dame, fais tes devoirs, ne rentre pas trop tard ce soir, attention en traversant la rue, ne me parle pas sur ce ton, pas de téléphone à table ! ». Chaque jour, les parents demandent à leurs enfants, jeunes ou moins  jeunes, de leur obéir. Que ce soit un ordre, un conseil, une mise en garde ou une interdiction, pas simple de se faire entendre …

« Comment fait-on pour avoir de l’autorité ? », demande cette maman désespérée qui court après son fils de 4 ans reparti, malgré son interdiction, vers le toboggan. « Encore faut-il avoir envie d’exercer son autorité ! » commente avec ironie Patrice B., père de trois bambins.  « Nous sommes dans une société où l’on veut donner tellement de liberté à nos gamins, qu’on se pose parfois tout un tas de questions que nos parents ne se sont jamais posés », poursuit-il. Alors, doit-on les laisser décider ou doit-on leur imposer ?

C’est quoi l’autorité ?

D’après la définition du petit Robert l’autorité c’est « le droit de commander, le pouvoir d’imposer l’obéissance ». Mais c’est aussi « la supériorité de mérite et de séduction qui impose l’obéissance : le respect et la confiance ».

« Avec le petit enfant, il est question d’imposer certaines règles et d’obtenir obéissance, ne serait-ce que pour protéger l’enfant, » précise en tant que psychologue Pascaline Poupinel. « Puis l’enfant grandissant, il doit pouvoir évoluer avec une certaine liberté d’action ayant intégré les limites », ajoute-t-elle. Il n’y aura plus de contraintes mais plutôt des discussions, des explications sur le sens des limites. « Pour cela, le parent doit mettre l’accent sur le respect de l’enfant et la confiance mutuelle qui en découle», conclut notre spécialiste.

Autrement dit l’autorité c’est :

– dire à l’enfant qu’il est un enfant et pas encore un adulte

– lui expliquer que nous aussi nous avons été enfant et que nous avons respecté l’autorité de nos parents

– lui dire que quand il sera adulte il décidera lui aussi des règles de sa maison

– ne jamais l’humilier car  c’est ce moquer de son statut d’enfant.


MAMAN AU BORD DU BURN OUT

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L’autorité n’est pas synonyme de force ou de pouvoir

A la question « Avez-vous de l’autorité ? », certains parents ou grands parents répondent : « Oui, je crois que je suis autoritaire ». Il ne faut pourtant pas confondre les deux. Une personne autoritaire use de l’autorité qu’elle possède sans s’imposer de limite et ne supporte pas la contradiction. Avoir de  l’autorité  suppose de posséder un ensemble de qualités qui permettent d’avoir un ascendant sur ses enfants grâce auquel le parent se fait respecter, obéir et écouter… Sans crier, bien sûr !

« Le pouvoir sans autorité, c’est l’autoritarisme du petit chef. L’autorité sans pouvoir, c’est la sérénité du vieux sage », disait le professeur Pierre Henri Tavoillot. Dans tous les cas, l’autorité n’est pas l’exercice d’un pouvoir tyrannique ni celui de la contrainte par la force. Elle relève du modèle et de l’exemplarité. Et elle est avant tout un acte de reconnaissance de la part de celui qui a à obéir.  Dans son ouvrage « A quoi sert l’autorité ? » paru en 2013, Véronique Guérin, éducateur spécialisé, propose sa vision d’une autorité éducative évitant justement les impasses de l’autoritarisme.

L’autorité, à quoi ça sert ?

L’autorité est le guide en qui l’enfant sait qu’il peut avoir confiance. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’autorité ne contredit pas la liberté, « au contraire, elle aide l’enfant dans l’acquisition d’une vraie liberté », commente Pascaline Poupinel.

Cela les sécurise : les limites reçues rassurent bien plus qu’elles ne briment. Aussi faut-il garder le cap et ne pas céder devant sa colère. La frustration est une expérience indispensable au développement de l’enfant. Il doit apprendre à renoncer à la satisfaction immédiate de ses désirs. Cela l’aide à se construire, à se structurer à devenir responsable indépendant et autonome. Les enfants ont besoin de sentir autour d’eux des résistances, de sentir en leurs parents une force, un modèle.

Tout le monde a-t-il de l’autorité ?

« Non… malheureusement !», avoue cette jeune maman de 40 ans, l’air découragée. L’autorité n’est pas innée. Elle se mérite, elle se gagne. C’est un apprentissage pour l’adulte comme pour l’enfant. « Je pense vraiment avoir davantage d’autorité aujourd’hui qu’il y a quelques années », confie Marie, mère de 4 enfants. « J’ai notamment compris que crier et punir à tout prix était contre productif. Mes enfants avait fini par me comparer en plaisantant à Hitler !».

Pourquoi ce n’est pas si simple ?

Parvenir à se faire obéir, ce n’est pas toujours facile. Plusieurs raisons peuvent intervenir  :

  • la peur du conflit
  • le manque de confiance en soi
  • la peur que notre enfant ne nous aime plus
  • le poids de notre éducation
  • la projection de ce que nous aurions aimé recevoir
  • l’admiration des parents pour leurs enfants

 Comment posez des limites ?

Notre spécialiste, Pascaline Poupinel, donne quelques conseils :

Commencez par bien distinguer les interdits sociaux et les règles de vie propres à chaque famille.

Restez inflexible sur les interdits sociaux.  Rappelez les souvent et pas seulement au moment des crises en les précédant de la formule toute simple : c’est comme ça et pas autrement et « c’est pareil pour tout le monde ».

Répétez inlassablement « je te l’ai déjà dit », une formule qui permet d’ériger ces interdits en véritables repères.

Édictez des règles en famille que vous êtes sûrs de tenir sur la durée. Faites les évoluer en fonction de l’âge, de la personnalité, et des besoins de l’enfant.

Respectez la place de chacun au sein de la famille et la différence de génération parents enfants. N’essayez pas d’être le copain de votre enfant. Contentez-vous d’être complices.

Instaurez des règles qui assurent la possibilité de vivre ensemble et le respect de ces règles par tous les membres de la famille.

Définissez des punitions raisonnables, pas humiliantes, réalisables.

Ne doutez pas de vos capacités, ni de ce que vous exigez. C’est à vous de transmettre la loi.  Vous montrer inflexible ne fait pas de vous un parent psychorigide.

Soyez constant et clair.

Adoptez une ligne de conduite commune avec votre conjoint.

Ne commencez pas à négocier.

Ne tentez pas de vous faire obéir par séduction.

Ne soyez pas agressif.

S’il n’y avait qu’une seule phrase à retenir pour nous guider après tous ces bons ce serait celle de Michel Serres, membre de l’Académie française : « La seule autorité est celle qui grandit l’autre ».

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