Découvrez ces expressions que nous utilisons depuis notre plus jeune âge. Certaines ont tellement imprégné notre culture qu'on ne soupçonne pas qu'elles puissent avoir une origine biblique.
« Arrête de faire des jérémiades !».
Voilà une phrase que l’on est souvent tenté de lancer, avec une certaine exaspération, à un enfant qui pleurniche ou à une personne qui se plaint sans cesse et se lamente sur son sort. L’expression « faire des jérémiades » (se lamenter sans fin) dérive de « Jérémie », nom de l’un des quatre grands prophètes de la Bible. Faut-il en déduire que Jérémie avait une personnalité particulièrement plaintive ? Pas si simple ! Il faut dire que la vie de prophète n’était pas de tout repos.
Jérémie, né au VIe siècle av. J.-C., est très vite appelé par Dieu pour devenir prophète et parler en son nom :
« Ah ! Seigneur mon Dieu ! Je ne sais pas parler, je suis un enfant ! » (Jérémie 1, 6).
Les Écritures le présentent comme un homme seul et solitaire qui vit dans le royaume de Juda entre 627 et 587 av. J.-C. À cette époque, Israël se retrouve coincé entre deux grandes puissances : l’Égypte et Babylone.
Un prophète courageux
Contrairement aux prophètes mensongers qui garantissent une fausse paix au peuple, Jérémie n’hésite pas à crier la vérité. Et il le fait quoi qu’il arrive et quoi qu’il lui en coûte. Tâche ingrate et difficile ! Car les hommes n’aiment pas recevoir de mauvaises nouvelles et ont la fâcheuse tendance à en rendre responsable celui qui les annonce. Et lorsqu’il prédit la chute de Jérusalem, chute qui pourrait être évitée avec le repentir du peuple juif et l’urgence de revenir à Dieu et à son alliance, il n’est pas spécialement bien accueilli.
Incompris, haï de tous, persécuté, emprisonné, condamné à l’exil, Jérémie reste malgré tout fidèle à sa tâche car :
« Elle (la parole de Dieu) était comme un feu brûlant dans mon cœur, elle était enfermée dans mes os » (Jérémie 20, 9).
Mais il n’hésite pas à se plaindre à Dieu des malheurs du peuple d’Israël et de la difficulté de sa mission, exprimant parfois violemment son désarroi, voire son désespoir :
« Maudit soit le jour où je suis né ! » (Jérémie 20, 14).
D’où l’amalgame avec la personnalité soi-disant plaintive du prophète. L’Histoire donna finalement raison à Jérémie puisque Jérusalem fut détruite par le roi de Babylone en 586 av. J.-C. et sa population déportée.