Forte de son expérience sur le terrain, auprès de 1,5 million de personnes, dont 700 000 enfants, le Secours catholique aide à mieux cerner la pauvreté en France. Celle-ci concerne les personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec moins de 1 015 euros par mois (seuil à 60 % du revenu médian). Pour rédiger son dernier rapport, ainsi qu’un dossier intitulé « Pauvreté : les préjugés face à la réalité », l’association a travaillé avec le sociologue Serge Paugam, connu pour avoir élaboré le concept de « disqualification sociale ». L’étude rapporte les cas de 85 000 situations distinctes.
Les enfants très touchés
« Les enfants sont désormais majoritaires dans nos accueils », souligne le secrétaire général du Secours catholique, Bernard Thibaud. Il signale une « précarisation croissante des familles ». La majorité de ces enfants (55%) vivent au sein de familles monoparentales, et 44% d’entre eux sont sous la responsabilité d’un adulte d’origine étrangère. Le rapport relève néanmoins que les enfants vivant avec leurs deux parents n’ont pas non plus été épargnés : en 2016, 24,2% des ménages accueillis étaient des couples avec enfants, soit une augmentation de deux points depuis 2011.
Mais le Secours catholique tord également le cou à trois préjugés — chiffres et témoignages à l’appui —, qui « sont autant de poids chargés sur les épaules » sur les personnes pauvres. Ainsi, le rapport prouve que les pauvres ne sont pas des « fainéants ». D’après le rapport, 62,5% d’entre eux ne sont pas au chômage. Si seulement 17,1% travaillent, c’est parce que 48,1% des pauvres sans activité professionnelle sont retraités, étudiants, à la rue, malades ou handicapés, au foyer ou en congé maternité, ou sans papier et sans droit de travailler. Parmi les 37,5% qui sont au chômage, la grande majorité (trois sur quatre) sont en recherche d’emploi et sans indemnité.
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Les pauvres ne sont pas non plus des « profiteurs » selon l’étude du Secours catholique. Ainsi, le taux de non-recours aux droits est particulièrement élevé : 40% de ceux qui ont droit au RSA et 31% de ceux qui ont le droit aux allocations familiales. Ces taux sont particulièrement élevés chez les étrangers (59,5% et 43%). Pour finir, le rapport s’attaque à l’idée que « les pauvres sont des incapables : ils ne savent pas gérer leur argent ». Or, leur revenu médian est de 548 euros, soit trois fois moins que le revenu médian des Français, alors que les prix à la consommation augmentent. Les loyers, l’alimentation — dont les prix ont augmenté de sept points depuis 2010 —, l’eau et l’enlèvement des ordures ménagères sont les quatre premiers postes de dépenses budgétaires.