En choisissant cette date, Martin Luther s'assurait une très large diffusion.
Si, contrairement à d’autres réformateurs qui l’ont précédé à l’instar de Jan Hus et John Wyclif, Martin Luther est aussi célèbre aujourd’hui, cela ne doit rien au hasard. En proclamant ses « 95 thèses » un 31 octobre, veille de la Toussaint, le moine allemand s’était assuré qu’elles rencontrent le plus large écho possible. Moine angoissé par la question du salut et grand lecteur de l’Apôtre Paul et de saint Augustin, Luther est loin d’être en accord total avec l’Église catholique. Cependant, s’il veut la réformer, il est loin de vouloir se séparer d’elle.
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La question de la vente des indulgences qui laisse penser que l’on peut acheter son salut met le feu aux poudres. En 1515, le pape Léon X relance leur vente afin de financer l’agrandissement de la basilique Saint-Pierre de Rome. Les abus du moine dominicain Johann Tetzel pour écouler un maximum d’indulgences poussent Martin Luther, comme Jan Hus avant lui, à dénoncer cette pratique. Le réformateur s’y prend cependant différemment de son prédécesseur, et rencontre plus de succès.
La veille de la Toussaint
Le 31 octobre, le moine de 34 ans affiche en latin sa Disputatio pro declaratione virtutis indulgentiarum (Dispute sur la puissance des indulgences) sur la porte de l’église de Wittenberg, en Saxe. En plus de critiquer le commerce des indulgences, le réformateur accuse alors la position de l’Église catholique sur le salut qui pour lui est lié à la foi et non aux oeuvres. Il s’oppose également au concept de « purgatoire ». Notez que la date choisie par Martin Luther et son geste ne doivent rien au hasard. En effet, le lendemain, les catholiques doivent fêter la Toussaint, date à laquelle des fidèles viennent vénérer des reliques.
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En se rendant à la messe, les fidèles, nombreux, prennent connaissance des 95 thèses de Luther publiées en latin. Elles sont ensuite rapidement traduites en allemand. Le bouche à oreille fonctionne très bien. Il faut deux semaines, pour que les thèses fassent le tour de l’Europe. Martin Luther provoque ainsi un électrochoc spirituel qui le dépasse et qui provoquera son excommunication quatre ans plus tard.
La réalité historique de l’affichage des« 95 thèses » aux portes de l’église de Wittemberg fait aujourd’hui débat. L’évènement est mentionné dans un seul récit de cette époque, celui de Philippe Mélanchthon, professeur de l’université de Wittemberg et proche de Martin Luther. Or, il est peu probable que cet homme fût présent à cette date pour pouvoir en témoigner honnêtement. Aussi, certains historiens estiment que le réformateur allemand s’est probablement contenté de faire parvenir ses 95 thèses à Albert de Brandebourg, archevêque de Mayence, afin de protester contre le commerce des indulgences. Celui-ci aurait alors condamné Luther et lancé la polémique. 500 ans après, c’est néanmoins la date du 31 octobre qui a été retenu par les protestants pour marquer le début de la Réforme.