Au cours de la messe célébrée sur la place Saint-Pierre, le 15 octobre 2017, le pape François a canonisé 35 nouveaux saints. Parmi eux figurent les 30 premiers martyrs pour le Brésil, dont un Français.
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Béatifiés en 2000 par Jean Paul II à l’occasion des 500 ans de l’évangélisation du Brésil, ces 30 martyrs sont considérés comme des exemples de dévotion eucharistique, de fidélité à l’Église et d’engagement missionnaire. Ensemble ces 30 martyrs représentent les centaines d’autres fidèles de l’Église catholique torturés et tués le 16 juillet 1645 dans deux paroisses du Rio Grande do Norte, Notre-Dame-aux-Cierges à Cunhau et Notre-Dame-de-la-Présentation à Natal.
Là, des missionnaires jésuites et des prêtres diocésains venus du Portugal avaient entrepris au début du XVIIe siècle une authentique évangélisation auprès des indiens. Selon plusieurs sources historiques, les soldats hollandais auraient offert aux fidèles catholiques la possibilité de se convertir au calvinisme mais tous auraient refusé préférant le martyre plutôt que de renoncer à leur foi.
André de Soveral et Ambrosio Francisco Ferro
Les curés des deux paroisses, le père jésuite brésilien André de Soveral à Cunhau, et le prêtre portugais Ambrosio Francisco Ferro à Natal, se distinguent plus particulièrement dans ce groupe de martyrs. Mais parmi les victimes du massacre de 1645 se trouvaient des vieillards, des familles entières et beaucoup d’enfants en bas âge. On raconte que le P. Soveral (1572-1645), était en train de célébrer la messe dominicale, le 16 juillet 1645, lors de l’irruption des soldats hollandais dans son église. Prévoyant ce qui allait se passer, il a exhorté ses fidèles à se préparer à mourir en priant et demandant pardon à Dieu pour leurs péchés. Aux soldats, il a demandé de ne pas profaner les vases sacrés et de ne pas toucher le ministre, mais il a été frappé aussitôt, comme les autres, d’un coup de sabre. Seul un laïc victime du massacre a été identifié, Domenico Carvalho, un notable de la ville, qui fait partie des futurs saints.
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Quant au père Ambrosio Francisco Ferro et ses paroissiens, ils furent attaqués dans des circonstances identiques. Emmenés à 20 kilomètres de Natal, sur les bords de la rivière Uruaçu, ils furent abattus après avoir subi de graves mutilations. L’extraordinaire profession de foi d’un des compagnons martyrs, Matias Moreira, est resté célèbre. Alors qu’on lui arrachait le cœur, il s’est exclamé : « Loué soit le Très Saint Sacrement ». En 2000, Jean Paul II citait son exemple de “foi héroïque”.
Un laïc français
Dans cette longue liste des martyrs figure également un laïc français, Jean Lostau Navarro. Originaire de Basse Navarre, région du Pays basque — aujourd’hui les Pyrénées-Atlantiques, on ignore des pans entiers de sa vie. Selon un rapport officiel, confirmé par des jésuites, et rapporté par l’agence I-Media, Joao Lostau habite dans l’Etat du Rio Grande, sur une plage, dans une maison fortifiée où il vit de la pêche. Les registres de l’Etat font mention de titres de propriété. Mais on trouve aussi sa trace dans les documents d’Eglise : à l’occasion du mariage d’une de ses filles, il aurait fait célébrer 24 messes par an pour son âme. Ce qui dit quelque chose de sa foi. Il a de bons rapports avec les Hollandais, car une de ses filles a épousé le lieutenant-colonel Joris Garstman, commandant du fort Ceulen, qui gouverne la place forte de 1633 à 1637. Mais ces bons rapports de voisinage ne lui éviteront pas la prison et la mort violente.
Joao Lostau figure parmi les laïcs massacrés, dont seuls 30 noms ont été proposés pour leur béatification et canonisation. Les autres victimes de ce massacre sont restés anonymes. Comme a dit Jean Paul II lors de leur béatification à tous, son sang répandu “comme prémices pour Dieu et l’Agneau » (Ap 14,4), a rendu fertile la terre du Brésil pour donner une génération de nouveaux chrétiens”. Ce que les Brésiliens sont aujourd’hui, ils le doivent à ce dévouement généreux et à celui de nombreux chrétiens qui “servirent la cause de la foi avec un courage qui les conduisit parfois à donner leur vie” avait souligné le cardinal Sodano en l’an 2000 à l’occasion des célébrations du Ve centenaire de l’évangélisation du pays.
La mémoire liturgique des 30 proto-martyrs du Brésil tombe le 3 octobre. Cette année, au Brésil, en vue de la canonisation des 30 martyrs, de nombreuses manifestations et célébrations ont été organisées dans tout l’État de Rio Grande do Norte : messes, spectacles musicaux, une foire gastronomique et une exposition culturelle racontant l’histoire des nouveaux saints. Place Saint-Pierre, ce dimanche, de nombreuses délégations de l’Église brésilienne et d’Amérique Latine sont attendues. La France sera représentée par la ministre française des affaires européennes, Nathalie Loiseau.