Avec “La Question interdite”, le scénariste de bande dessinée Brunor ne craint pas de rouvrir le dossier, avec ses bonshommes et ses dialogues qui associent l’humour et la profondeur des questions soulevées.
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On reconnaît facilement les personnages de Brunor, avec leurs coupes improbables, qui prennent le vent et leur enthousiasme communicatif. Mais dans “La Question interdite”, le nouvel album de Brunor, ils se perdent dans la baie du Mont-Saint-Michel et tombent sur une fresque abîmée qui représente le visage de Jésus. Comme les premiers chrétiens, ils s’interrogent, est-il homme, Dieu, ou les deux à la fois ? Ces questions ont vu se déchirer de grands théologiens du début de l’histoire du christianisme…
À la recherche du visage du Christ
Mais pourquoi ces querelles incessantes, qu’on dirait “byzantines” si elles n’avaient pas débuté bien avant l’avènement de l’Empire byzantin ? Que gagne-t-on à les reposer ? “Ces questions n’ont rien d’anodin, elles ont justifié que des gens se sacrifient et aillent jusqu’au martyr”, s’insurge Brunor ! De fait, la théologie, et en particulier quand elle touche à la nature du Christ, change le visage de la religion. Influencés par la philosophie grecque, nombre de théologiens ont tenté des jonctions impossibles entre Platon et la Bible. Ils en venaient à conclure que Jésus était une émanation de Dieu le Père, tombant dans le polythéisme, ou à diviser Jésus-homme et Jésus-Dieu.
Amoindrir le scandale, raisonner la folie
Ces errements doctrinaux naissent d’une tendance très humaine à raisonner ce qui nous apparaît comme la folie de Dieu. Il est difficile d’imaginer qu’un Dieu parfait ait revêtu la condition humaine, qu’il a choisi une mort infamante. Saint Paul (Corinthiens 1, 23) rappelait que c’est un “scandale pour les juifs et une folie pour les Grecs”, et plutôt que de recevoir un message qui nous heurte, il est humain de vouloir l’édulcorer… Et de tomber dans l’hérésie. Mais les hérésies ont eu le mérite d’imposer à l’Église d’interroger la profondeur du message dont elle est dépositaire.
Une contemplation avec l’intelligence
Brunor s’est passionné pour ces débats, pas seulement pour leur aspect historique, mais aussi parce qu’ils donnent à explorer la foi. Ils dessinent les traits du visage du Christ, qui s’est associé à l’homme en une union. Dans une union, il ne faut pas que l’un étouffe ou engloutisse l’autre, et Dieu a respecté la nature de l’homme dans le Christ. “C’est une union entre l’homme créé et Dieu incréé, voilà ce qui est réalisé en Jésus-Christ”, s’émerveille Brunor. De même qu’un mathématicien peut tomber en contemplation devant la beauté d’une équation, un théologien, au terme d’une réflexion ardue, peut apprécier la beauté du mystère qu’il explore, c’est une contemplation de Dieu avec l’intelligence.
Invitation au voyage
Aussi l’auteur des “Indices pensables” est attristé de voir que la théologie est perçue comme trop compliquée pour le commun des chrétiens. Et espère que son petit album – qui sera suivi de deux autres – encouragera ses lecteurs à se risquer dans les sables, au côté de ses héros !