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Le choc des photos, le feu des questions, la guerre des mots

FRANCE-ATTACK-MARSEILLE

AFP PHOTO I ANNE-CHRISTINE POUJOULAT

Hommage à Mauranne, le 2 octobre 2017, à Éguilles, village natal de la jeune fille assassinée à Marseille le 1er octobre.

Philippe Oswald - publié le 07/10/17

Endeuillée par le meurtre de Mauranne et de Laura à Marseille, la semaine a été ponctuée de questions brûlantes sur la prévention du terrorisme et par une nouvelle « sortie » d’Emmanuel Macron.

Leurs photos ont bouleversé la France : celles de Mauranne et Laura, deux cousines de 20 et 21 ans enlacées, rayonnantes. Leur meurtre sauvage le 1er octobre, sur le parvis de la gare de Marseille par un Tunisien en situation irrégulière, a une fois encore pétrifié le pays.

Émotion, douleur, recueillement, mais aussi colère

Jeudi 4 avaient lieu leurs obsèques en l’église d’Éguilles (Bouches-du-Rhône), en présence d’une « foule très importante » dont « de nombreux élus, des centaines d’habitants du village mais aussi énormément de camarades de la faculté de médecine » de Mauranne, rapporte La Provence. Émotion, douleur, recueillement, mais aussi colère d’un « village sous le choc », témoigne Sud Radio. Cependant la maman de Mauranne a eu la force de déclarer : « Puisons dans toute notre colère pour apporter un message d’amour et de paix à ce monde qui en a tant besoin » relève Nicole Ferroni dans son billet de France Inter. Elle conclut : « Bizarrement, chaque attentat nous montre à la fois le pire… et le meilleur de l’Humanité ».


MAURANNE FUNERAL

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Mauranne ? Une « très belle personne, équilibrée », résume son amie Amélie. Elle était « humble, saine et heureuse… » note Paris Match qui ajoute : « Une fille brillante. En primaire, au collège. Au lycée Georges-Duby, à Luynes, elle était presque toujours première. Elle a obtenu son baccalauréat scientifique avec mention. Mauranne avait choisi médecine. Une évidence pour elle “qui aimait les autres, voulait servir, être utile à la société”. Elle est, ou plutôt était, étudiante en troisième année au CHU de la Timone. Très douée mais aussi “gentille, discrète, polie et très drôle (…) Elle incarnait la joie de vivre !” raconte un voisin, les larmes aux yeux. » Et puis « Laura, dite “louloute”, la cousine, la confidente » qui avait pris le train depuis Rillieux-la-Pape, en banlieue lyonnaise, pour fêter l’anniversaire de sa cousine. Elle était en « formation d’infirmière à l’école Rockefeller, à Lyon. Les deux cousines sortent du même moule : des personnalités altruistes et engagées. Laura ? “Une fille bien”, dit un camarade de promotion. Depuis trois ans, elle a rejoint le mouvement des Scouts et guides de France. Elle est cheftaine louveteaux-jeannettes dans la Saône, au Léman et auprès d’une tribu de Drôme-Ardèche. Hervé, le responsable de sa troupe, se souvient : “Elle communiquait le bonheur.” »


MARSEILLE ATTACK

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« Signalé sept fois depuis 2005 »

L’homme qui les a poignardées en criant « Allahou akbar », Ahmed Hanachi, était un Tunisien de 29 ans en « situation irrégulière », consommateur de drogues, « signalé sept fois depuis 2005, sous sept identités différentes pour des délits de droit commun » mais « ni connu des services de renseignement ni fiché S », a révélé le procureur de la République, François Molins dans sa conférence de presse que résume Nice Matin(2 octobre). Arrêté une nouvelle fois pour un vol à Lyon, le vendredi précédent ce dimanche fatidique, il n’avait pas été expulsé faute de place dans le centre de rétention administrative. Un scénario qui s’était déjà produit avec le même individu en 2005.

Comment un tel échec a-t-il pu se reproduire douze ans après, en plein « état d’urgence » ? Et alors que « depuis la fin de 2014, 100% des attaques terroristes commises sur le territoire l’ont été par des gens issus de l’immigration » souligne l’avocat Thibault de Montbrial, spécialiste des questions de terrorisme, sur LCI (2 octobre). Pourquoi donc l’auteur de l’attaque de Marseille n’avait-il pas été expulsé après avoir été mis en garde à vue à Lyon deux jours plus tôt ? demande Le Parisien (2 octobre). Réponse : « Le centre de rétention administrative local était saturé. (…) Or il s’agit d’un passage obligé dans une procédure de reconduite à la frontière, un processus très codifié. » De plus, « la personne, en préfecture, chargée de signer l’obligation de quitter le territoire était absente. » « La remise en liberté du tueur pose question » écrit sobrement Ouest-France (3 octobre) : « Y a-t-il eu un manquement de la part des autorités ? Pour en avoir le cœur net, lundi soir, le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, a saisi l’inspection générale de l’Administration. Cette dernière devrait rendre ses conclusions d’ici à une semaine ».

« Mortes des renoncements de la République »

Quelle que soit la conclusion de cette enquête administrative, Ivan Rioufol éditorialiste du Figaro(5 octobre) en est convaincu : « Laura et Mauranne sont mortes des renoncements de la République et des belles âmes à protéger les citoyens de l’immigration de peuplement et de l’islam conquérant qu’elle amène. L’islam originel traîne avec lui l’intolérance, la brutalité, le sexisme, le rejet du juif, du chrétien. Le Coran pris à la lettre permet cette haine. Les nombreux musulmans qui se sont émancipés des sourates obscurantistes en sont aussi les victimes. (…) Un vieux prêtre a été égorgé dans son église, au nom d’Allah. Près de la moitié des Français juifs envisagent d’émigrer à cause de leur insécurité. (…). Le mépris des femmes est l’ordinaire des cités et quartiers islamisés. Une envie d’en découdre avec les “Français” habite des jeunes, désassimilés sous l’effet du repliement communautariste et embrigadés par le salafisme. (…) Mais ces observations se heurtent aux mensonges du “vivre ensemble”. Ni l’état d’urgence ni la loi antiterroriste, votée mardi, n’empêcheront d’autres tragédies si rien ne vient rompre avec ce que l’historien du droit, Jean-Louis Harouel, appelle “la religion des droits de l’homme” (…) Ce prêt-à-penser ignore les groupes humains et les nations pour ne reconnaître que des individus interchangeables, aux droits identiques. » Un avis partagé par le député LR Alain Marsaud, ancien chef du service central de lutte antiterroriste au parquet de Paris, qui dénonce dans un entretien à Atlantico « cette démission intellectuelle qui paralyse la France ».

Des mots percutants… pour qui ?

Alors que la cote de confiance d’Emmanuel Macron continue de baisser selon le baromètre Kantar pour Le Figaro Magazine (6 octobre) surtout chez les catégories modestes, celles-ci ont particulièrement peu apprécié la dernière « sortie » du président en visite en Corrèze, relate Le Parisien (4 octobre) : « En visite à Egletons en Corrèze mercredi, Emmanuel Macron a évité de rencontrer les salariés de l’équipementier automobile GM&S, repoussés par les policiers après quelques heurts. Puis, lors de sa visite de l’École d’Application aux métiers des Travaux Publics, le président a estimé qu’ “au lieu de foutre le bordel, certains feraient mieux d’aller regarder s’ils ne peuvent pas avoir des postes là-bas” (à Ussel) (…) Tenus dans le cadre d’un échange avec le président de la Région Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset, sur la situation du marché de l’emploi local, ces propos ont été rapidement interprétés sur les réseaux sociaux comme une marque de mépris. (…) Ce n’est pas la première fois qu’Emmanuel Macron est accusé de tenir des propos méprisants. En septembre, il s’en était pris aux “fainéants” qui s’opposeraient à la loi Travail. En juillet, le président de la République avait été épinglé pour sa phrase sur “les gens qui ne sont rien”. En 2014, lorsqu’il était ministre de l’Économie, il avait estimé qu’il “y avait beaucoup d’illettrées” à l’abattoir de porcs Gad. »

Des mots qui ne passent pas, résume Le Point : « Mais ce n’est plus seulement la classe politique ou le délégué syndical CGT de l’entreprise GM&S qui ressentent cette colère. Non, la nouvelle saillie du chef de l’État passe également mal auprès des éditorialistes, pour lesquels un président ne devrait pas employer de tels mots qui fâchent et laissent l’impression d’un “mépris de classe”. “Une fois le tour méprisant de la formule mis de côté (mais non absous), on peut discuter : formation et reconversion sont des moyens légitimes de lutter contre le chômage. S’il l’avait dit ainsi, point de polémique”, écrit Laurent Joffrin, dans Libération, avant d’asséner : “Mais la forme compte”. Nicolas Beytout, dans L’Opinion, comme plusieurs de ses confrères, pense que, sur le fond, Emmanuel Macron a “raison”. Mais, “pourquoi le dire ainsi, avec ces mots-là  ? Des mots qui fâchent, créent l’impression d’un mépris de classe”. (…)  “Quand Jupiter est en visite, il est prié de causer comme Jupiter et non comme un charretier”, s’exclame Dominique Jung, des Dernières Nouvelles d’Alsace. Pour ce dernier : “Le coup de gueule du chef de l’État brouille son message”. “Pire, il confirme cette image de banquier hors sol, déconnecté du terrain et des réalités sociales”, s’inquiète Hubert Coudurier, du Télégramme

Certes, il y a eu des précédents, rappelle Le Monde: « (…) Nicolas Sarkozy (…) en son temps, multipliait les déclarations provocatrices, depuis les cités qu’il fallait nettoyer au “Kärcher” jusqu’au “casse-toi, pauvre con”, lancé à un visiteur du Salon de l’agriculture qui avait refusé de lui serrer la main. La plupart du temps, ce parler franc présenté comme un parler vrai, était calculé de la part de l’ancien président, qui se targuait de dire tout haut ce que beaucoup de Français pensaient tout bas. (…) Chez Emmanuel Macron, en revanche, ce type de déclarations vient percuter l’image et le style que le chef de l’État tente d’imprimer depuis son arrivée à l’Élysée. »

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