Au Sud Soudan, John Malow Bedit est sorti de la spirale de la violence grâce à une énergie indomptable, mise au service de Dieu.
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John Malow Bedit ne connaît pas sa date de naissance. Elle est estimée au 1er janvier 1987. Enfant, il a grandi dans une hutte de bois et de feuilles avec sa mère et ses sœurs. Basptisé par un prêtre catholique, il a cultivé la terre et gardé des vaches, comme ses frères avant lui.
Kidnappé pour devenir enfant soldat
Il a à peu près onze ans lorsque des soldats de la rébellion sudiste de la SPLA (Sudan People’s Liberation Army) l’enlèvent pour le “recruter”. Les mains attachées dans le dos, il rejoint une colonne de prisonniers, qui sont amenés, jusqu’à un camp militaire. Après une semaine d’entrainement intensif, ont leur remet à chacun un fusil d’assaut soviétique, une KalachnikovAK47. Les soldats qui encadrent leurs jeunes recrues préviennent toute tentative de fuite.
Peu de temps après son arrivée, John voit le vrai visage de la guerre, car son camp est attaqué. Les pertes sont lourdes dans les deux camps, et le garçon voit une roquette frapper la tête du commandant des assaillants. Il prie sous les balles et se sort de cette journée physiquement indemne.
Tentative de fuite
“Malgré mon horreur, se souvient-il, je priais chaque jour pour que Dieu me donne l’opportunité de m’échapper”. Celle-ci se présente lors d’une mission, alors qu’il officie comme garde du corps d’un général qui rend visite à sa famille. Il parvient à fausser compagnie à ses ravisseurs et à ses camarades de combat. Il revient dans sa famille, mais malgré de joyeuses retrouvailles, il doit repartir car il sait que ses kidnappeurs risquent de le chercher chez lui.
Cette précaution ne suffira pas. Il est reconnu quelques mois plus tard, battu et ramené. Alors qu’il pleure au fond de sa cellule, sans eau ni nourriture, il entend un officier crier : “Sa fenêtre n’est pas verrouillée”. Un autre répond : “C’est un petit garçon, il ne pourra pas l’atteindre !” Il y voit un signe de Dieu et attend la nuit pour se hisser jusqu’à l’ouverture et s’échapper. Il rejoint cette fois l’un de ses frères en ville qui lui donne assez d’argent pour qu’il se rende jusqu’à la capitale, Khartoum.
La volonté farouche d’un rescapé
Il trouve un travail de domestique dans une famille arabe et parvient à mettre de l’argent de côté. Avec cet argent, il entre à l’école et commence des études qui l’emmènent jusqu’à l’obtention du diplôme de l’université de Djouba en 2014. À cette époque, il se nourrit de la lecture de la Bible : “Je t’instruirai et te montrerai la voie que tu dois suivre ; Je te conseillerai, je ne te perdrais pas des yeux” (Psaume 32, 8). Dans le même temps, il a rejoint l’Église épiscopale, protestante, du Soudan. Là, il y prêche ce qu’il appelle : “La Bonne nouvelle qui m’a sauvé”.
“Dieu se soucie de chacun d’entre nous”
“Lorsque je regarde mon passé, je prends la mesure de l’importance de la patience, du courage et de la confiance en soi”, témoigne-t-il. Il dit à tous ceux qui souffrent que Dieu se soucie de chaque personne, quelle que soit sa situation, et l’appelle à une mission. Il participe à la Fraternité des universités chrétiennes au Sud-soudan et est devenu le coordinateur local de CMS Africa pour Church Mission Society. Cet organisme œcuménique rassemble des groupes de chrétiens évangéliques anglicans, orthodoxes et protestants.
Son optimisme, nourri de l’Évangile, lui fait espérer un meilleur avenir pour ses compatriotes : “Avant l’accord de paix, personne n’aurait rêvé d’un Sud-soudan autonome. Mais c’est arrivé. De la même manière (…) malgré les violences et les misères que connaissent notre pays, je sais que le changement viendra ; peu importe combien de temps cela prendra”.