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Pourquoi la fête de Yom Kippour concerne aussi (un peu) les chrétiens ?

Visite du mémorial de Yad Vashem

© ServizioFotograficoOR/CPP/CIRIC

Le pape François embrassant la main d'un homme juif dans la Chambre de la Mémoire, au Mémorial Yad Vashem, le 26 mai 2014, à Jérusalem, Israël.

Isabelle Cousturié ✝ - publié le 28/09/17

À partir de ce vendredi 29 septembre, les juifs fêtent Yom Kippour, ou Jour du Grand Pardon. Partons aux origines de cette célébration qui a permis aux chrétiens de comprendre la mort de Jésus sur la croix.

Le Jour (Yom)  du Grand Pardon (Kippour) est considéré comme la fête la plus sainte de l’année juive. Il consiste en 25 heures de jeûne et de prières, scandées par cinq offices à la synagogue. Mais pour les chrétiens aussi, ce jour — qui a lieu quelques jours après le nouvel an juif (Shana Tova) — est un jour d’une très profonde signification, car le Nouveau testament comprend la mort et la résurrection de Jésus comme le Kippour définitif et l’ultime “Sabbat des sabbats”.

À son propos, Benoît XVI, rappelait lors d’une audience générale, en 2012 que « ce jour-là, le Grand Prêtre accomplit l’expiation d’abord pour lui-même, puis pour la classe sacerdotale et enfin pour toute la communauté du peuple. Le but est de redonner au peuple d’Israël, après les transgressions d’une année, la conscience de la réconciliation avec Dieu, la conscience d’être un peuple élu, un “peuple saint” au milieu des autres peuples. La prière de Jésus, présentée dans le chapitre 17 de l’Évangile selon saint Jean, reprend la structure de cette fête. Jésus, cette nuit-là, s’adresse au Père au moment où il s’offre lui-même. Lui, prêtre et victime, prie pour lui-même, pour les apôtres et pour tous ceux qui croient en Lui, pour l’Église de tous les temps (Jn 17, 20) », expliquait le pape émérite.

Comprendre le mot “kippour”

En hébreu, le mot “kippour” est composé de quatre consonnes caf, , rech et vav. Les lettres hébraïques ne sont pas seulement des signes, mais elles portent aussi un sens. Ainsi caf signifie la paume de la main ; signifie la bouche ; rech signifie la tête et vav le crochet, mais aussi l’homme qui fait le lien entre la Terre et Dieu.

Ainsi, par sa composition scripturaire, le mot “kippour” donne des indications pour ce temps de contrition qui invite chaque homme (vav) à ré-interroger dans sa vie ses gestes (caf), ce qu’il a dit () et ce qu’il a pensé (rech). Autrefois pour les catholiques, l’acte de contrition invitait chacun à confesser ses fautes : en pensées, par action, et par omission. On n’est donc pas loin du sens de kippour ! Au début de chaque eucharistie les croyants sont aussi appelés à un acte de contrition.

Du “bouc émissaire” au Jésus crucifié

Il faut savoir que jusqu’au Ier siècle après Jésus Christ, la liturgie de Yom Kippour se déroulait au temple de Jérusalem. Et celle-ci suivait les nombreuses prescriptions du Lévitique. Au chapitre 16, il est fait mention d’un « bouc émissaire » sur lequel poser symboliquement tous les péchés du peuple, puis envoyer celui-ci dans un lieu solitaire pour l’expulser de l’espace où vivent les croyants. Pour les chrétiens, cette figure sera assumée par Dieu lui-même en la personne de Jésus crucifié.

Comme explique Prixm, la newsletter hebdomadaire vouée à redonner goût à la Bible, plusieurs passages du Nouveau testament montrent effectivement que les premiers chrétiens — c’est-à-dire les premiers juifs qui reconnurent le messie en Jésus — utilisèrent le récit et la liturgie de Yom Kippour pour comprendre sa mort sur la croix. L’expression “bouc émissaire” viendrait précisément des sacrifices de Yom Kippour.

Les “dix jours redoutables”

Mais si pour les catholiques le texte du Lévitique peut effectivement évoquer le sacrement de réconciliation, temps de contrition et de demande de pardon, le pardon sera obtenu de Dieu par l’intermédiaire du prêtre, alors que dans le judaïsme, lors du jugement annuel, Dieu ne pardonne que les fautes qui le concernent directement comme, par exemple, s’opposer volontairement à ses commandements. Par contre, les fautes commises à l’égard d’autrui doivent être pardonnées par la personne qui a été offensée. Pendant les “dix jours redoutables” – période entre Roch Hachana, le début de l’année juive, et Yom Kippour — chacun est appelé à demander le pardon directement à celui qu’il a, ou pense, avoir offensé et il doit l’obtenir.

Et si l’offensé refuse de donner son pardon, l’offenseur doit insister au moins trois fois avant d’être libéré de son obligation. Une démarche très forte qui engage chacun directement avec toutes les personnes qu’il côtoie. Pardonnés par Dieu, les uns et les autres se féliciteront et ce sera la fin de Kippour marqué, à la tombée de la nuit, par une belle collation composée essentiellement de douceurs et pâtisseries, et plus tard un grand repas.

20 ans après la « techouvah » de l’Église de France

Enfin, cette année, ce temps de repentir pour les juifs est d’autant plus significatif pour les chrétiens qu’il tombe 20 ans jour pour jour, en France, après un acte de repentance qui fera entrer leurs relations dans une nouvelle ère : “La déclaration de repentance des évêques de France” à propos de la Shoah, lue par Mgr Olivier de Berranger, évêque de Saint-Denis, devant le mémorial de Drancy, le 30 septembre 1997.

Un acte qui prend le véritable sens d’une techouvah, une des grandes étapes du processus durant ces dix jours avant la célébration du Yom Kippour, qui veut dire “retourner vers Dieu, et repartir dans la bonne direction par des gestes envers les autres, ou par un repentir sincère de ses erreurs envers Dieu”.

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juifs
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