À la veille d’une grande rencontre internationale à Rome, le 28 septembre, sur le retour des chrétiens en Irak, une sœur dominicaine témoigne du fort désir des chrétiens de revenir sur la terre de leurs aïeux.
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Le rêve de sœur Silvia, dominicaine, est de repartir définitivement à son couvent de Qaraqosh, pris d’assaut et presque entièrement détruit par les miliciens de l’État islamique (EI) le 6 août 2014. “Quand je pense à ce jour-là, j’ai mal à l’estomac, ce sont des souvenirs douloureux”. Comme elle, 120 000 chrétiens attendent à Erbil, dans le Kurdistan irakien, de pouvoir rentrer dans leurs villages, la plupart détruits par l’EI et aujourd’hui libérés par l’armée irakienne.
Dans la plaine de Ninive, les religieuses étaient plus d’une soixantaine. Comme sœur Silvia et trente-cinq de ses consœurs, elles ont dû fuir, sans rien emporter avec elle, si ce n’est la peur et la souffrance vécues qui auront raison de la santé et du mental d’une vingtaine d’entre elles. “Depuis ce jour-là jusqu’à nos jours, beaucoup sont allées se coucher et ne se sont plus réveillées. Leurs cœurs, trop éprouvés, ont lâché…”, témoigne sœur Silvia sur les ondes de Radio Vatican. Dans ses oreilles, et celles de tous ces chrétiens, résonnent toujours les échanges de tirs entre les miliciens et l’armée, les hurlements des jihadistes les sommant de quitter leurs terres ou de se convertir à l’islam sous peine de mort.
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En novembre 2016, dès la libération de leur village, sœur Silvia et une petite poignée de religieuses se sont rendues sur place pour constater les dégâts. Leur couvent et leur église attenante de l’Immaculée-Conception, datant de 1883, ne sont plus que ruines.
“Tous un même peuple”
La fondation internationale Aide à l’Église en détresse (AED) leur a offert son aide, tout comme elle a promis d’aider à la reconstruction de 13 000 maisons détruites par Daesh dans la plaine de Ninive, pour un coût estimé à 250 millions de dollars. Ce vaste projet de l’AED sera présenté à la conférence internationale sur le retour des chrétiens en Irak qui se tiendra le 28 septembre à Rome, et sera ouvert par le cardinal secrétaire d’État du Saint-Siège, Pietro Parolin. « Pour les chrétiens d’Irak rentrer dans leurs villages signifie revenir à la vie, recommencer à pratiquer leur foi sur la terre de leurs aïeux », a souligné sœur Silvia dans un autre témoignage rapporté par l’agence d’information catholique italienne SIR.
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Depuis mars dernier, après la libération de leurs villes et villages, des centaines de familles chrétiennes ont regagné leurs maisons — 500 à Qaraqosh depuis novembre, selon sœur Silvia. De petites écoles et cliniques, ainsi que des maison de fortune, ont vu le jour, avec le soutien des Églises du monde entier. Néanmoins, l’ampleur des destructions et le manque de sécurité ralentissent le rythme de ces retours tant convoités par ces 120 000 chrétiens. Sœur Silvia compte beaucoup sur la fraternité des communautés musulmanes locales qui ont fait preuve d’une grande solidarité, durant ces terribles épreuves subies, pour montrer qu’ils “forment tous un même peuple”, que les chrétiens font partie à part entière de l’Irak. Les soldats, aussitôt après avoir libéré les villages, “ont voulu remettre les crucifix sur les églises, et faire la fête aux prêtres qu’ils voyaient revenir”, témoigne la religieuse. Et là où c’était possible, ils n’hésitaient à faire sonner les cloches, certains allant même jusqu’à demander de prier avec nos prêtres”, a-t-elle ajouté.
Accrochés à l’espérance de Dieu
Et sœur Silvia de conclure en élevant le même cri d’espoir que tous les chrétiens en souffrance dans la région : “Soutenir l’espérance du peuple irakien n’est pas facile, car il n’y a pas d’espérance, pas de liberté, là où il y a la guerre. Nous avons besoin de l’espérance de Dieu, elle seule est capable de nous la donner. Si nous croyons en Lui nous aurons la force et l’espérance de reconstruire et d’aller de l’avant. Notre foi ne fera jamais défaut car Jésus est avec nous”.
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