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Mgr Michel Dubost : « Les JMJ de Paris ont été la fierté de toute une génération »

PARIS WYD

Franck PREVEL/CIRIC

PARIS : JOURNEES MONDIALES DE LA JEUNESSE : MESSE AU CHAMP DE MARS.

Kévin Boucaud-Victoire - publié le 19/08/17

Il y a 20 ans, le 19 août 1997, démarrait les JMJ. L’occasion pour nous de revenir sur cet événement avec Mgr Michel Dubost, organisateur de l’événement.

Huitième édition, sur le thème « Maître, où demeures-tu ? – Venez et voyez » (Jean 1, 38-39), les Journées mondiales de la jeunesse de Paris ont attiré 1 200 000 de jeunes. Ce succès relatif est notamment dû au travail de Monseigneur Michel Dubost, alors évêque aux Armées françaises. Celui qui était en charge du diocèse, qui comporte le plus grand nombre de jeunes, a alors été en charge de l’organisation des JMJ. Nous avons souhaité discuté avec celui qui prendra bientôt sa retraite, après 17 ans passés comme évêque d’Évry-Corbeil-Essonne, des JMJ qu’il a organisé et que fêtent leurs 20 ans.

Aleteia : En 1997, lorsque vous devez organiser les JMJ de Paris, le contexte est difficile. Les évêques sont divisés sur ce genre de rassemblements. De plus, la France change de gouvernement : le PS succède au RPR et Lionel Jospin à Alain Juppé, en tant que Premier ministre. Comment s’est déroulé l’organisation ?
Mgr Michel Dubost : Elle s’est déroulée de manière souple. Le président de la République de l’époque, Jacques Chirac, était favorable à l’événement. Avant, j’avais fait le tour de tous les syndicats et des grands partis politiques. Seul Jospin m’avait alors mal reçu. À l’arrivée du nouveau gouvernement socialiste, je leur ai proposé que le général Philippe Morillon, qui bénéficiait d’une bonne réputation, coordonne l’événement, ce qui a facilité les choses. Nous n’avons pas communiqué pendant la période électorale [les élections législatives se déroulent le 25 mai et le 1er juin] afin de consacrer nos efforts sur la fin de la campagne. L’agence de publicité Publicis nous a efficacement aidé.

350 000 Français âgés de 18 à 35 ans, soit 2,5 % de cette classe d’âge, sont présents au Champ-de-Mars afin d’accueillir le pape Jean Paul II. Seulement 200 000 étaient attendus. Pouvons-nous parler de réussite ?
Je n’ai jamais douté du fait que cela serait une réussite. Faire venir du monde quand le Pape doit venir, ce n’est pas si difficile.  Ce qui est plus compliqué, c’est l’événement d’évangélisation. Pour que les JMJ soient un succès, nous avons utilisé plusieurs armes et n’avons pas hésité à innover. D’abord, nous avons fait appel à de nombreux jeunes bénévoles. J’ai dû me bagarrer pour l’obtenir. Avoir des bénévoles impliqués est mieux que de n’avoir que de simples spectateurs. Nous avons aussi organisé 500 spectacles dans Paris. Pour finir, nous avons mis en place des moments d’enseignements des évêques.

Vous avez déjà un peu anticipé la question, mais durant les JMJ de Paris, trois nouveautés, qui sont gardées par la suite, sont mises en place. Il y a ainsi : les journées des églises locales, temps de rencontre et d’accueil des jeunes dans les diocèses du pays organisateur, le Festival de la jeunesse, lieu de promotion de la culture chrétienne, et le développement du volontariat dans l’organisation des JMJ, que le cardinal Lustiger veut éviter de « professionnaliser ». Quelles importances ont-elles eu selon vous ?
Si ces trois éléments ont par la suite été conservées par les autres éditions, c’est qu’ils ont bien marché. J’avais déjà l’habitude d’organiser de grands rassemblements avec des jeunes, à Lourdes ou à Versailles. Cela m’a permis de comprendre qu’il fallait que ce genre d’événement permette de vivre l’unité dans la diversité. Ensuite, je pensais que les rencontres avec les églises locales étaient plus fondamentales pour la cohésion que de voir le Pape. Les festivals, organisés par les jeunes, sans grands chanteurs, ont également permis d’impliquer du monde et de rassembler.

Quel impact a pu avoir cet événement sur le catholicisme français ?
Cela n’a bien entendu par arrêté la sécularisation. Ce mouvement est séculaire pour le coup, et nous n’y pouvons pas grand-chose. Avant, l’Église était une institution à laquelle nous appartenions d’office : à la naissance, nous étions alors Français et catholique. Maintenant, il faut choisir d’appartenir à l’Église. Cela exige un acte de foi personnel. Il s’agit d’un changement positif, car cela demande une appropriation de l’individu. Les JMJ sont un moment de libre appropriation par les jeunes de la foi de leurs parents. Certes, ce grand rassemblement n’a pas enrayé le déclin numérique du catholicisme. Mais je retiens quand même deux choses fortes. D’abord, toutes les organisations de jeunes y ont participé. Il n’y a pas eu de séparations ou de divisions. La deuxième, c’est le nombre de jeunes présents. Quand je disais sur France Inter que nous attendions plus de 300 000 personnes pour accueillir le Pape, on m’a ri au nez. Depuis personne ne s’est excusé alors que j’avais raison. Peut-être aussi qu’à l’époque, nous nous fondions trop sur la pratique dominicale, en oubliant la foi personnelle.

Que reste-t-il des JMJ de Paris, 20 ans plus tard ?
Beaucoup de gens se sont mariés grâce à elles. On retiendra aussi beaucoup de séminaires. Elles ont été la fierté de toute une génération. Mais nous ne devons pas nous transformer en d’anciens combattants. Jean Paul II avait donné une bonne direction à cet événement qu’il a créé. Maintenant, il faut peut-être les réinventer.

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