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Apprenez à vos enfants à prendre des risques

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© Shutterstock

Calah Alexander - publié le 05/08/17

Vouloir protéger ses enfants à tout prix des difficultés ou des souffrances est une grosse erreur. C'est ce qu'a retenu notre collègue américaine de ses propres échecs...

Chercher à protéger nos enfants de toute souffrance est une grosse erreur. Lire une carte, voyager seul, échouer… Apprenons leur plutôt à se débrouiller tout seul, afin qu’ils soient le mieux équiper face aux étapes de la vie.

Savoir lire un plan ? Une compétence à ne pas négliger

A l’âge de 20 ans, j’ai participé à un programme de l’université de Dallas dont l’un des volets s’intitulait “10 jours” : l’objet était de partir en voyage en Europe vers la fin du semestre, muni d’un abonnement de train valable dans de nombreux pays, et de choisir ses destinations. La seule obligation, outre le fait de rentrer à l’université à temps pour la fin des cours, était de partir pour dix jours pleins, de sortir de sa zone de confort.

J’avais prévu de visiter Paris, Berlin et Copenhague avec l’une de mes colocataires avant de rejoindre notre autre colocataire à Amsterdam pour la fin du voyage. J’avais suffisamment étudié le système de trains pour que tout se déroule à merveille… avant de déchanter à la descente du train à Paris en me mettant en quête du métro : il est apparu de manière claire et évidente que je ne savais absolument pas lire une carte.

Heureusement, ma colocataire savait, elle. Elle est parvenue à nous guider à travers l’Europe, avec un seul gros raté au compteur. Mais avec le recul, je me demande avec effroi comment nous aurions fait si aucune de nous deux n’avait su se débrouiller avec un plan…

Savoir s’orienter : voici l’une des compétences de la vie courante que tout jeune de 18 ans devrait maîtriser, décrète Julie Lythcott-Haims, ancienne responsable des études à l’université de Standford, l’une des grandes universités américaines. Elle établit une liste de 8 compétences, et bien que le sens de l’orientation soit un sujet qui résonne en moi, voici celle que me parle le plus : savoir prendre des risques !

Un jeune de 18 ans doit pouvoir prendre des risques

Nous sommes comme une béquille pour nos enfants : nous leur traçons la route, nous déjouons tous les pièges et les embûches pour eux. De ce fait, les enfants n’intègrent pas que le succès ne vient qu’après avoir essayé, échoué, puis essayé encore (en faisant preuve de ténacité, en somme), ils n’ont pas le cuir épais (la capacité de résistance) qui s’acquiert quand on a à gérer des situations de crise.

Julie Lythcott-Haims est l’auteur du best-seller, How to raise an adult (Comment élever nos enfants en adultes), et à la lecture de sa liste, on comprend qu’elle maîtrise son sujet. Elle y compile des compétences essentielles, de la vie pratique, qui sont souvent négligées quand l’on réfléchit à la meilleure manière de préparer nos enfants pour l’entrée à l’université et pour la vie en général, comme savoir parler à des inconnus ou contribuer à la gestion d’un foyer.

Ceci dit, la dernière compétence m’a frappée parce qu’elle est tellement dure. Dure pour nous, je veux dire, pas pour eux. Nous ne voulons pas voir nos enfants souffrir, or l’échec est douloureux. Nous le savons tous par expérience. Laisser nos enfants ressentir la douleur de l’échec (surtout quand on le voit venir) peut être vécu comme une forme de trahison. Cela semble aller aux antipodes de notre rôle de parents, nous qui passons tant d’années à subvenir à leurs besoins et à les protéger.

J’ai toujours dit que je ne laisserais pas mes enfants participer au programme “10 jours” de l’université. Et si tous les malheurs qui auraient pu m’arriver leur arrivaient à eux ? Et s’ils se perdaient, se faisaient agresser ? S’ils faisaient un mauvais choix, descendaient au mauvais arrêt, et se retrouvaient pris dans une tempête de neige à l’extérieur d’un aéroport ? S’ils avaient besoin d’aide mais n’en trouvaient pas ?

Le gros loupé que nous avons subi lors de notre voyage a eu lieu vers la fin, quand nous avons raté notre vol pour Rome parce que nous étions descendues du train au mauvais arrêt. À l’aéroport de Bruxelles, on ne nous a pas donné l’autorisation de dormir à l’intérieur, si bien que nous nous sommes finalement calfeutrées contre le mur à l’extérieur du bâtiment, en essayant de nous protéger de la neige. La seule nourriture que nous avions consistait en un sac à dos rempli de biscuits de la marque Cadbury que ma colocataire avait achetés à Londres.

En tant que parent, cette histoire est terrifiante. Mais c’est l’un de mes souvenirs préférés. Nous sommes parvenues à rejoindre Rome, gelées, fatiguées et malades d’avoir mangé trop de gâteaux, mais vivantes, et nouvellement conscientes de notre capacité de résistance (et de l’importance de savoir s’orienter correctement).

Ironiquement, chercher à protéger nos enfants de l’échec est un échec en lui-même. C’est un échec dans le sens où nous ne les laissons pas faire l’expérience de la vie à laquelle ils seront de toute façon confrontés, la vie dont nous ne pourrons pas toujours les protéger. C’est un échec dans la mesure où nous ne leur donnons pas la possibilité d’apprendre qu’échouer à quelque chose ne fait pas d’eux des ratés, mais des humains. Et comme tout homme, ils n’ont que deux solutions : baisser les bras, ou réessayer.

S’ils n’apprennent pas cela à la maison, où ils ont le soutien et l’environnement nécessaires pour faire les bons choix, comment pouvons-nous attendre d’eux qu’ils prennent les bonnes décisions une fois qu’ils se retrouvent seuls ? Si nous ne les laissons pas échouer, ils ne sauront jamais de quoi ils sont réellement capables. Ils navigueront alors dans la vie en dépendant des autres, incapables de s’orienter, au sens propre comme au figuré.

Tout compte fait, l’idée que mes enfants ne sachent pas gérer toutes les aventures ou mésaventures qu’ils pourraient rencontrer pendant leur voyage de 10 jours en Europe m’effraie plus que les aventures ou mésaventures elles-mêmes. Si je fais ma part du travail en tant que mère, ils reviendront plus forts que jamais et avec quantité de récits saugrenus à raconter – tout comme moi à
leur âge…

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