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Pensée complexe à l’Elysée, zizanie au Palais Bourbon

EMMANUEL MACRON

© Soazig de la MOISSONNIERE

Photo official du président de la République, Emmanuel Macron.

Philippe Oswald - publié le 30/06/17

Tandis qu’un président en majesté faisait savoir qu’il s’exprimerait à Versailles le 3 juillet devant le Congrès mais pas le 14 juillet devant les journalistes, une tempête secouait l’Assemblée nationale.

La formule a fait florès dans les médias et les réseaux sociaux : le président Macron ne donnera pas d’interview le 14 juillet parce que, selon l’entourage du président, sa « pensée complexe (…) se prête mal au jeu des questions-réponses avec des journalistes », rapporte Le Monde (29 juin). Mais « il s’exprimera devant le Parlement réuni en Congrès, lundi 3 juillet, pour fixer une feuille de route pour les cinq ans à venir », « seul à une tribune et en majesté », sans la contrainte de questions intempestives « notamment sur les affaires qui ont entaché son début de quinquennat ».   

« Nous pas comprendre le président Macron »

« Pensée complexe »… Les journalistes ont modérément apprécié la formule : « Mais qu’a bien pu vouloir dire l’entourage du chef de l’État ? Que les journalistes sont un peu idiots ? Ou, pire, que ce sont les Français qui le sont ? », s’irrite Le Point. «  Le président fera donc l’impasse, tout comme Nicolas Sarkozy au début de son quinquennat, sur cet exercice traditionnel de la Ve République. Un revirement puisque le président avait affirmé le 20 juin dernier à Quotidien qu’il répondrait à des questions d’actualité le 14 juillet. » « Nous pas comprendre le président Macron » raille Marianne. « Avec une telle justification, le cabinet de l’Elysée ne fait pas un cadeau au maître des lieux : après “Jupiter” et “Bonaparte”, voici donc le président Melon ! » Quant au site BuzzFeed News, il s’amuse à recenser « 10 phrases de Macron qui sont trop complexes pour vous, désolé les nazes »… Exemple : « Une start-up nation, c’est une nation où chacun peut se dire qu’il pourra créer une start-up. Je veux que la France en soit une. »    

Du coup, cette « pensée complexe » est mise à toutes les sauces, par exemple pour commenter la photo officielle du chef de l’État dévoilée le 29 juin. Longuement retouchée sur Photoshop, elle manque de naturel… parce que « chaque détail compte » analyse Le Monde : « À la fois décontracté et solennel, le jeune président au visage de cire esquisse un léger sourire et regarde droit devant lui, avec une détermination appuyée. D’acier, son regard clair a quelque chose d’hypnotique. Plusieurs fois retouchée, la photo respecte une symétrie parfaite. Tiré à quatre épingles, le modèle est encadré par deux drapeaux, français et européen, et la fenêtre derrière lui est ouverte sur le parc, ajoutant une touche de douceur et de sérénité. Même si c’est davantage la maîtrise et le contrôle qui ressortent du cliché. » Une photo qui tranche avec celle de son prédécesseur qui « refusant d’être représenté “enfermé” à l’Elysée, (…) s’était positionné au fond du jardin, dans l’ombre des arbres, comme fuyant son nouveau statut, refusant de l’incarner. »

« Il en fait toujours un peu trop »

Emmanuel Macron tomberait plutôt dans l’excès inverse, objecte RTL : « Que raconte la photo officielle d’Emmanuel Macron ? Sans surprise, qu’il en fait toujours un peu trop. Ce n’est pas un symbole, mais une ribambelle de symboles qu’Emmanuel Macron nous inflige. La fenêtre est ouverte parce que c’est un air nouveau qui souffle sur l’Élysée. Les smartphones sont posés sur la table parce qu’il est moderne, tourné vers l’avenir. L’horloge du Conseil des ministres est là, parce que c’est lui le maître du temps. Il y a les livres : le général de Gaulle pour la filiation, Le rouge et le noir pour l’histoire d’un jeune ambitieux qui monte à Paris, et Les nourritures terrestres de Gide que chacun pourra interpréter. Torse en avant, son regard fixe l’objectif : preuve de sa détermination. La photo est très verticale, à l’image du pouvoir. Il ne faut plus en rajouter. Nous sommes à la limite de l’overdose. »

« Ce n’est pas à la majorité de choisir son opposition »

Loin de la sérénité jupitérienne, l’Assemblée a joué « règlement de compte à Ok Coral », mercredi soir, 28 juin, rapporte Paris-Match : « Premier test de la domination de La République en marche dans une Assemblée recomposée, la répartition des postes clés a donné lieu mercredi à une bataille entre “groupes d’opposition” virant à un psychodrame “digne de la IVème République” (…). Entamée à 15 heures, la séance a été levée à 00H35. En 2012 la même séance, où on entérine le partage des postes préalablement convenu, avait duré cinq minutes… (…) C’était la première séance de François de Rugy au perchoir (…) À l’ordre du jour, la nomination des membres du bureau, plus haute instance collégiale, dont six vice-présidents. La zizanie va venir du choix des trois questeurs, ces députés qui sont chargés de tenir les cordons de la bourse et de veiller à la bonne utilisation du budget de l’Assemblée. » La questure constitue donc un lieu stratégique… Traditionnellement, deux de ces postes de questeurs reviennent à la majorité, un à l’opposition. « Plus important groupe d’opposition (100 députés), LR annonce comme candidat, au terme d’une primaire interne, Eric Ciotti (…) Mais M. Ciotti se fait battre dans l’hémicycle, lors d’un scrutin à bulletins secrets, par Thierry Solère, du groupe des “constructifs” LR-UDI (35 élus), qui est inscrit dans l’opposition mais entend accompagner les “bonnes” réformes d’Emmanuel Macron. » Il a donc été élu grâce à un apport de voix REM… qui auraient dû s’abstenir de participer au scrutin pour respecter la tradition. « Ulcéré, le patron du groupe LR Christian Jacob dénonce une première depuis “plus de 50 ans”, “des droits de l’opposition jamais autant piétinés”. “Ce n’est pas à la majorité de choisir son opposition”, martèle-t-il en rappelant que Thiery Solère comptait voter la confiance au gouvernement. » Finalement, après deux suspensions de séance, le résultat est annoncé à 00H30: 5 REM et 1 Modem sont désignés vice-présidents, tous les postes de questeurs revenant à des députés votant la confiance au gouvernement…

Le lendemain matin, 29 juin, sur CNEWS Christian Jacob n’avait pas décoléré : « J’en appelle clairement aujourd’hui au président de la République, garant de nos institutions, pour que les droits de l’opposition soient respectés », a-t-il tonné. « Cette élection est une supercherie avec un individu qui a menti à son propre groupe (…) M. Solère a trompé et menti (…) Interrogez les UDI qui sont avec lui, ils ont découvert cette manœuvre, composée avec Richard Ferrand, président du groupe En Marche, pour truster tous les postes ! » « Thierry Solère est un professionnel de la trahison. Hier soir, il a touché les dividendes de sa trahison » dénonçait pour sa part Eric Ciotti, député des Alpes-Maritimes, au micro de

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« Deuxième jour de la législature, première crise parlementaire »

« Christian Jacob a piqué une belle colère hier », commente le blogueur et romancier  David Desgouilles sur Causeur. « Et on ne peut pas franchement donner tort au président du groupe LR à l’Assemblée. Une tradition, vieille de plusieurs décennies, accordait au plus important groupe d’opposition un poste de questeur sur les trois que compte l’Assemblée nationale. (…) Mais hier, rien ne s’est passé comme d’habitude. (…) Il est peu imaginable que les députés LREM aient pris seuls l’initiative de piétiner une si ancienne tradition parlementaire. Les sergents Ferrand et Castaner ont bien dû mobiliser quelques troupes pour dégager l’épouvantail Ciotti et promouvoir le moderne Solère, à qui on devait renvoyer l’ascenseur après avoir amorcé la déflagration de l’opposition de droite. Et à qui obéissent donc Ferrand et Castaner sinon à celui qu’une presse en pâmoison surnomme “Jupiter”? (…) Deuxième jour de la législature, première crise parlementaire. Jupiter fait très fort ! » « Quel spectacle ! » s’exclame Guillaume Tabard dans Le Figaro. « Si l’entrée dans l’ère macronienne était censée réconcilier les Français avec la politique, montrer que le temps des vieilles pratiques et des petites combines était révolu, c’est raté ! La mise en place des équipes de la nouvelle Assemblée nationale a donné lieu à des petites combines bien étrangères à la “bienveillance” qu’Emmanuel Macron veut incarner. »

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