À l’occasion de son assemblée plénière, la conférence épiscopale de Côte d’Ivoire a rappelé avec vigueur l’impossibilité pour un catholique d’appartenir à la franc-maçonnerie.À l’issue de leur 107e assemblée plénière, qui s’est tenue du 16 au 21 mai à Bonoua dans le diocèse de Grand-Bassam, les évêques de Côte d’Ivoire ont publié une prise de position très ferme quant à la franc-maçonnerie. Ce texte fait écho à la vive polémique qui avait éclaté en février dernier, lorsque Mgr Jean-Pierre Kutwa, l’archevêque d’Abdijan, avait refusé de célébrer des obsèques religieuses pour Magloire Clotaire Coffie, haut-dignitaire franc-maçon, grand maître et fondateur de la Grande loge de Côte d’Ivoire (GLCI, émanation de la Grande loge nationale française), décédé accidentellement le 29 janvier. Un véritable bras de fer avait alors opposé l’Église ivoirienne à la famille du défunt, qui assistait régulièrement à la messe, et même au pouvoir politique, puisque Alassane Ouattara, le président ivoirien, Denis Sassou Nguesso, le président congolais et Ali Bongo Odimba, le président gabonais, étaient cosignataires du faire-part de décès, signe de la grande influence du défunt. Mais Mgr Kutwa n’a pas cédé et c’est finalement un prêtre de l’église grecque orthodoxe qui a assuré un service funéraire en présence d’une assemblée en grande partie composée de “frères”.
L’incompatibilité en trois points
C’est donc pour préciser de manière très claire les raisons de l’incompatibilité entre la profession de la foi catholique et l’appartenance aux loges maçonniques que l’épiscopat ivoirien a publié ce premier texte, en attendant une lettre pastorale qui sera diffusée en janvier 2018, à l’issue de la 108e assemblée plénière. C’est dire l’importance de la question pour l’église de Côte d’Ivoire, exprimée dans l’introduction du document diffusé ce 21 mai. “La problématique des mouvements ésotériques est une question théologique et pastorale qui préoccupe au plus haut niveau l’Église en Côte d’Ivoire” est-il ainsi précisé. La déclaration rappelle ensuite les trois raisons principales pour lesquelles l’Église refuse la double-appartenance, telles qu’elles furent rappelées par la Congrégation pour la doctrine de la foi en 1983 : 1) Le relativisme maçonnique, 2) Le refus de la divinité du Christ, 3) L’indifférence à la Grâce miséricordieuse.
Recommandations concrètes
Loin de demeurer dans la seule sphère des considérations théologiques et morales, les évêques formulent une série de recommandations très précises qui dessinent en creux la pression que fait peser la franc-maçonnerie sur l’Église locale. Les jeunes et les étudiants sont invités à faire barrage à l’entrisme des frères dans les universités et à se méfier des bourses généreusement proposées. Les “cadres et hommes de culture” sont incités à ne pas considérer la maçonnerie comme un ascenseur social, au risque d’être amenés à commettre parfois des “actes ignobles” dont la nature n’est pas précisée dans le texte de la conférence épiscopale. Les “responsables de paroisses et de communautés nouvelles”, quant à eux, doivent demeurer vigilants et refuser les subventions très conséquentes que peuvent proposer des individus aux accointances maçonniques connues. Enfin, les prêtres et séminaristes, cibles prioritaires des loges, doivent défendre sans relâche leur sacerdoce au prix de sacrifices sociaux ou matériels parfois lourds.