Soixante ans après la signature des traités de Rome, les deux textes fondateurs d’une Europe actuellement en crise, l’Église a décidé d’ouvrir très rapidement un dialogue entre ses représentants (évêques et laïcs) et les responsables politiques. Un dialogue « de grande envergure » est prévu, a annoncé la COMECE — la Commission des Épiscopats de la Communauté européenne – venue présenter au pape François, le programme d’une grande rencontre internationale à laquelle seront conviés de nombreux leaders européens.
Co-organisé avec la Secrétairerie d’État, cette rencontre internationale aura lieu à Rome du 27 au 29 octobre prochains sur le thème : « Repenser l’Europe » pour discuter « des principaux défis à relever » et « des moyens que l’Église peut mettre en œuvre pour soutenir le projet européen à un moment où l’Europe, elle-même, doute et se trouve à la croisée des chemins », a souligné le cardinal Reinhard Marx, un des quatre vice-présidents du comité permanent de la COMECE, qui a pour mission de créer des liens avec les instances européennes.
L’Europe est « fatiguée, malade, en mal d’espérance », avait souligné, le 25 novembre 2014, en adressant à tous les citoyens européens un message d’encouragement devant le parlement de Strasbourg. Encouragement à revenir à la ferme conviction des Pères fondateurs de l’Union européenne, qu’un « avenir fondé sur la capacité de travailler ensemble, en dépassant les divisions et favorisant la paix parmi tous les peuples européens » est possible. Le Saint-Siège et la COMECE souhaitent entretenir l’enthousiasme que le Saint-Père avait suscité ce jour-là, et deux ans plus tard en recevant le prix Charlemagne d’Aix-La-Chapelle qu’il avait dédié à toute l’Europe, voyant ce moment « non pas comme un geste de célébration », mais comme « une belle occasion pour souhaiter ensemble un nouvel élan à ce cher continent ».
Retrouver les valeurs de base
La conférence d’octobre prochain marquera « le début d’un processus de dialogue » qui, a espéré le cardinal Marx, contribuera à « remettre l’Homme au cœur de la politique ». En juillet 2016, dans un message vidéo à plus de 300 mouvements et communautés oecuméniques rassemblés à Munich (Allemagne), le Pape avait appelé mouvements et communautés chrétiennes d’Europe à faire de leurs maisons, de leurs communautés et de leurs villes des « laboratoires de communion, d’amitié et de fraternité », capables de « traduire les valeurs de base du christianisme en réponses concrètes aux défis d’un continent en crise ». Cette conférence est une des réponses à cet appel que le souverain pontife avait également lancé aux 28 États européens, les encourageant à « se donner un nouveau départ », à « actualiser » l’idée de l’Europe. Et pour le Pape « actualiser », ce n’est pas « se contenter de petites retouches esthétiques ou de compromis bancals pour corriger quelques traités », mais avoir le courage de « poser de nouvelles bases ».
Les Églises aiment profondément l’Europe
Que les chrétiens ont un rôle à jouer dans cette relance de l’Europe, cela sonne comme une évidence aux oreilles également du conseil des conférences épiscopales européennes (CCEE). « Les Eglises en Europe aiment profondément l’Europe et regardent, avec l’œil des pasteurs et non de politiciens, son évolution », a déclaré le cardinal Angelo Bagnasco, président de la conférence Episcopale italienne et du CCEE, dans des propos rapportés par Radio Vatican, mais ces pasteurs « sont inquiets et doivent promouvoir le bien intégral des personnes et de chaque peuple ». Ils doivent avoir un rôle de « levain » et « affirmer ces vérités fondamentales qui brillent sur le Visage du Christ et sont à la base d’un humanisme authentique qui trouve en Europe son berceau ». Le président du CCEE s’exprimait à l’issue d’une audience, le 18 mai, avec le Pape, après trois jours de travaux réunissant la nouvelle présidence du conseil des évêques d’Europe. « Tous les autres continents, pratiquement, ont des liens avec l’Europe, son sort influe donc en quelque sorte sur les leurs, a souligné pour sa part le vice-président du CCEE, Mgr Stanislaw Gadecki, donc si l’Europe se convertit, les autres continents se convertiront ».