Cyprien Mycinski, normalien de 28 ans, professeur de français en Seine-et-Marne, a traversé l’Italie à pied du nord au sud. De son périple, il a sorti un livre : « Via Francigena, traverser l’Italie à pied ».« Qui n’a pas vu la route, à l’aube, entre deux rangées d’arbres, toute fraîche, toute vivante, ne sait pas ce que c’est que l’espérance. » Ces mots de Georges Bernanos, Cyprien Mycinski les a inscrits en première page de son dernier livre, Via Francigena, traverser l’Italie à pied. Parce qu’ils résonnent particulièrement aux oreilles de celui qui marche, mais aussi sans doute parce que l’espérance est à l’image de la route : vivante.
Cyprien emmène le lecteur à sa suite à travers son périple. Pas de grandes phrases pompeuses ou de leçons de morale. L’auteur confie avoir abordé ce livre avec l’humilité qui l’a accompagné durant sa marche. « Le jour du départ, on ne fait pas le malin, on commence déjà à se demander qu’est-ce qui a pu nous passer par la tête », confesse t-il dans un café du XIXe arrondissement de Paris. Pourtant, l’époque ne manque pas de ces jeunes « pas encore trentenaires » qui à la fin de leurs études ou au début de leur vie professionnelle plaquent tout pour partir à l’aventure, fuyant le quotidien consumériste. Cyprien est formel : il ne fait pas partie de cette catégorie. « Je ne voulais surtout pas que ce voyage soit une fuite, j’avais simplement du temps devant moi et plutôt que de le perdre, j’ai préféré l’employer à cela ».
317 pages plus tard, on ne peut que le reconnaître : Cyprien n’a pas perdu son temps et ne s’est pas perdu en chemin. À défaut de s’égarer parfois sur la route : « Quand on se perd, mieux vaut prendre ses pertes et rebrousser chemin », juge-il dès le début de son périple après avoir manqué un embranchement.
Aoste, Pavie, Plaisance, Sienne, Rome, Mont Cassin, Brindisi, Otrante… À travers la Vallée d’Aoste, la Lombardie, la Toscane, le Latium… Cyprien Mycinski relève les anecdotes, dissèque la vie et raconte ses rencontres avec une authenticité rafraîchissante qui donne envie d’emmener son livre comme un guide de voyage.
“Ce livre est une joie”
On entend malgré tous les sceptiques : encore un livre sur le voyage ? C’est vrai, cette catégorie littéraire est à la page. Et puis, quel intérêt, nos retraités des aéroports et nos jeunes Erasmus pourraient trouver dans un livre qui, au fond, ne les emmène pas très loin géographiquement ? C’est justement là que Cyprien Mycinski fait la différence : rencontres, anecdotes de marche, récits historiques, lutte spirituelle… Tout est abordé. Comme si le jeune pèlerin s’était refusé à favoriser tel aspect au détriment d’un autre.
En résumé, les gens, la route, la fatigue, la joie, la peine… Tout passe sous la plume légère, parfois acide, mais toujours bienveillante de Cyprien. Un livre audacieux par sa simplicité, qui a cette force de parvenir à faire réfléchir alors même qu’il donne l’impression de ne pas en avoir l’ambition. Un ouvrage efficace, tout simplement.
Jean-Claude Guillebaud, journaliste et voyageur chevronné, a préfacé ce récit en soulignant que « ce livre est une joie ». Une joie simple. De celles qui naissent de petits moments de grâce, comme voir la route, à l’aube, entre deux rangées d’arbre.
Via Francigena, traverser l’Italie à pied de Cyprien Mycinski. Éditions Salvatore, mars 2017. 20,90 euros.