Le monde et la société paraissent souvent avoir mauvaise presse dans la pensée catholique qui admet volontiers, à la suite de l'Évangile, que le Prince de ce Monde est Satan. L'erreur que les catholiques commettent parfois est de se défier du monde, d'y porter un regard méfiant. Au contraire de ce que prétendait la vieille hérésie gnostique, le monde est fondamentalement bon dans son essence.
Mais en réalité, le monde et la société sont malades et les catholiques sont appelés à en être les guérisseurs.
Rappelons que de nombreuses blessures frappent l'humanité depuis la séparation collective d'avec Dieu, cet événement à l'aube de l'Histoire que l'on appelle communément la Chute.
Coupés de la Source de lumière, nos sens se sont opacifiés, notre compréhension du monde s'est obscurcie et notre esprit n'est plus structuré ni organisé comme il le devrait.
Coupés de la Source du sens, nous sommes habités par un vide existentiel que nous tentons d'oublier par diverses addictions ou réflexes egocentrés.
Coupé de la Source de vie, nous sommes désormais soumis à la mort, à la souffrance, à la maladie.
La mission bien précise du catholique
En tant que catholiques, nous avons reçu, lors de notre baptême, une grâce qui nous relie à nouveau au Créateur, nous faisant fils et fille de Dieu, prêtre, roi et prophète. Grâce gratuite qu'il nous appartient d'accepter comme don d'amour de Dieu et qu'il nous appartient sans cesse de cultiver.
En tant que catholiques, notre vocation est de nous ouvrir davantage aux forces surnaturelles dispensées par les sacrements et ainsi, portés par le souffle de l'Esprit, nous réorienter dans la voie des vertus et de notre guérison personnelle. Marchant vers la restructuration profonde de l'être qu'on appelle sainteté, nous devons agir sur et dans ce monde.
Car Dieu confie à chaque catholique une mission de vie bien précise pour contribuer à l'édification du monde de demain.
Loin de fuir le monde ou d'y porter un regard craintif et horrifié, le vrai catholique s'immerge dans le fleuve du temps et porte sur ses contemporains un regard empli de force et de bienveillance. Il a conscience que la société dans laquelle il vit sera, comme toutes les sociétés jusqu'à la fin des temps, une communauté un peu perdue qui, tel le fils prodigue, reviendra tôt ou tard vers le Dieu d'Amour sans qui rien n'existe.
Loin d'être une machine à condamner, le catholique est appelé à agir comme un médecin, discernant les symptômes de la maladie du temps afin de poser le bon diagnostic et de prescrire un remède efficace. Celui-ci pourra être artistique, scientifique, littéraire, théologique, ludique, philosophique ou technique, il sera de toute façon spirituel puisque la conception catholique du monde ne connaît pas cette distinction radicale entre le spirituel et le matériel, tous les aspects du monde étant appelés à être transfiguré quand Dieu le voudra.
Une ère atteinte par la maladie du nihilisme
Aujourd'hui, deux mille dix-sept ans après que le lien entre Dieu et le monde a été restauré, nous connaissons une ère particulièrement atteinte par la maladie du nihilisme. Car ce n'est pas une guerre de religion qui menace mais au contraire la volonté affirmée de certains de construire une société mondiale où Dieu et le sens de l'existence seraient relégués dans la sphère privée avant de disparaître pour de bon.
Face à cette menace de pandémie, les catholiques ne doivent ni perdre leur sérénité, ni leur joie, ni leur espoir. Au contraire, il est important de prendre conscience que notre joie de vivre, notre espérance dans l'issue positive du traitement, notre foi dans l'action efficace de Dieu et notre charité consistant à voir en l'autre un reflet de nous-mêmes et du Seigneur, font partie intégrantes du traitement.
Par cette prise de conscience, nous pourrons contribuer à la guérison du monde et être réellement le sel et la lumière de cette Terre.