separateurCreated with Sketch.

Présidentielle 2017 : En déprime et décliniste, la France vue par un sondeur

whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Sylvain Dorient - publié le 25/03/17
whatsappfacebooktwitter-xemailnative

Rencontre avec Matthieu Chaigne, spécialiste des sondages qui signe un livre en noir et gris du moral des Français : “La France en face”, présenté au 37e salon du livre de Paris.“Je ne donne pas mon opinion personnelle, mais je prends le pouls du pays”, assure Matthieu Chaigne auteur de La France en face — actuellement présenté au 37e salon du livre de Paris et cofondateur de l’observatoire des sondages et tendances émergentes, Délits d’Opinion. Le diagnostic du docteur n’en est pas moins critique.

Les études accumulées par Matthieu Chaigne démontrent que les Français ont le sentiment d’un déclassement économique de leur pays dans la compétition mondiale. Ce sentiment diffus ne correspond pas forcément à une réalité, du moins pas pour tous, mais il est très prégnant : les Français que Matthieu Chaigne interroge aujourd’hui ont le sentiment que leur pays décline. À cette angoisse économique s’ajoutent les inquiétudes identitaires, liées notamment à la perception d’une part croissante de nos concitoyens d’une islamisation rampante de la société.

Un pays impossible à réformer

Dans ce contexte où le déclin du pays est assumé par une majorité de citoyens, les mêmes se montrent pourtant réticents à accepter des efforts, trop incertains d’en voir un jour les effets. Une réticence étayée par trente années de réformes qui n’ont pas été menées jusqu’à leur terme, explique l’auteur : “Le Français, c’est le patient qui a une seringue dans le bras depuis trente ans, avec au mieux un bout d’antidote et au pire un placebo… Il a donc l’impression d’avoir fait énormément de sacrifices et que ces sacrifices n’ont mené à rien.” Par conséquent, le président élu en 2017 devra déployer des trésors de pédagogie pour tenter quelque action que ce soit. Enfin, l’idée même d’un avenir commun est mise à mal par une division du pays en communautés, sans le moindre intérêt commun, qui se fait jour pas à pas et que tous déplorent, selon Matthieu Chaigne. La critique des élites, disqualifiées aux yeux des Français, s’ajoute à celle des médias : “Il y a 20 % des Français qui sont convaincus que les attentats de 2015 n’ont pas eu lieu comme les médias les décrivent aujourd’hui”.

Emmanuel Macron ou Marine Le Pen

La plus large part des Français sondés se révèlent déprimés et déclinistes, partagés entre deux tentations contraires : ouvrir le pays à la mondialisation ou se replier sur leur identité. Les plus “mondialistes” grossissent les rangs des partisans d’Emmanuel Macron, les autres ceux de Marine le Pen. Une division entre gagnants et perdants du libre-échange qui transcende le clivage traditionnel droite gauche, et joue un rôle décisif dans l’élection qui vient. Le FN présente, dans le cadre de cette élection, un atout : il est mentalement associé par la majorité des sondés à l’idée qu’ils se font de l’identité française. “Si on lui laisse le monopole des questions identitaires, le FN va gagner”, assure Matthieu Chaigne. Peut-être pas dès 2017, mais “à moyen terme”.

En dépit d’un diagnostic bien sombre, Matthieu Chaigne relève que l’idée même de crise donne aux Français l’espoir de voir le bain tiède dans lequel ils sont plongés se réchauffer un peu : “François Hollande a été le dernier président du statu quo et les Français ont acquis la conviction que ne rien faire, c’était se laisser mourir”. L’auteur voit donc dans les initiatives individuelles telles que les associations locales ou les nouvelles habitudes de consommation des réponses positives à ce sentiment de marasme. À ses yeux, nos compatriotes admettent désormais que les élites politiques ne les sortiront pas de la crise, mais que les individus eux-mêmes ont le pouvoir de changer leur société localement.

La France en face – Matthieu Chaigne

La France en face de Matthieu Chaigne. Éditions du Rocher, 2017, 18,50 euros.

Tags:
Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)