L’administration de Donald Trump a invalidé mardi 21 février la décision autorisant les élèves transgenres à utiliser les toilettes ne correspondant pas à leur sexe d’origine.
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En mai 2016, Barack Obama avait, par le biais d’une lettre d’orientation, ordonné que les écoles publiques autorisent les élèves transgenres à utiliser les toilettes et les vestiaires correspondant à leur « identité de genre choisie », et non leur sexe de naissance. Treize États avaient alors protesté contre cette décision, avant d’être déboutés par le juge fédéral.
Aux États-Unis, cette « guerre des toilettes » une dimension inédite. Le titre IX de la loi fédérale interdit la discrimination fondée sur le sexe dans l’éducation. Mais un flou juridique ne permet pas d’établir clairement si les protections du titre IX s’étendent à l’identité de genre d’une personne ? Pour l’administration Obama, c’était le cas. Mais selon Jeff Sessions, le procureur général républicain nommé par Trump, les orientations fixées par Obama dans sa lettre « ne contenaient pas suffisamment d’analyse juridique expliquant comment l’interprétation [pro-transgenres] était compatible avec les dispositions du titre IX ».
Vive contestation dans les rangs LGBT
Les avocats des personnes transgenres ont estimé que la décision d’Obama, qui n’avait pourtant pas force exécutoire, était indispensable à la protection des étudiants concernés contre les discriminations. Mercredi 22 février au soir, plusieurs centaines de personnes ont ainsi manifesté devant la Maison Blanche, à Washington. Jeudi 23 février, une manifestation réunissant moins de mille personnes, parmi lesquels des élèves et étudiants transgenres, parfois accompagnés de leurs parents s’est également déroulée lieu à New York. Parmi les témoignages recueillis, celui de Betsy Von Hassel, mère d’un enfant transgenre de 10 ans : « Les élèves transgenres sont persécutées au plus haut niveau de l’État, par le gouvernement. Ce type d’autorisation ne devrait pas relever de l’État. C’est un droit civique, et chaque enfant devrait pouvoir en jouir » précise-t-elle.
Mara Keisling, responsable du Centre national pour l’égalité transgenre a jugé que la décision de l’administration Trump était « tout simplement et dangereusement, mauvaise et fausse ». « Révoquer les recommandations démontre que les promesses du président Trump de protéger les droits de la communauté LGBT (Lesbiennes, gays, bi et trans) étaient tout simplement de la rhétorique creuse », a déploré James Esseks, le responsable LGBT de l’American civil liberties union (ACLU, Union américaine pour les libertés civiques), la plus importante association de défense des droits civiques aux États-Unis.
La « guerre des toilettes » aura bien lieu
Autant d’arguments qui ne semblent guère porter dans les allées du nouveau pouvoir. Le porte-parole de la Maison-Blanche, Sean Spicer, a expliqué que la Maison Blanche avait rapidement réagi en raison d’un litige opposant l’adolescent transgenre Gavin Grimm à son école de Virginie, Gloucester County School Board, devant la Cour suprême des États-Unis. Ce contentieux avait été déclenché par l’interdiction faite à ce jeune homme, né femme, d’utiliser les vestiaires et toilettes pour hommes dans son lycée.
Nulle intention de rétropédaler : au-delà de ces explications circonstantielles, les milieux conservateurs ont salué la décision de Trump. Pour eux, la directive édictée par Obama était illégale et violait les droits des étudiants de « sexe fixe », en particulier ceux des jeunes filles, gênées ou inquiètes de la présence d’individus anatomiquement masculins dans des lieux d’intimité. « Nos filles ne devraient jamais être obligées de partager des espaces privés et intimes avec des camarades de classe, même si ces jeunes gens ont des difficultés avec ces questions », estime Vicki Wilson, membre de l’association Students and Parents for Privacy (Étudiants et Parents pour l’Intimité). « Cela viole leur droit à la vie privée et intente à leur dignité » précise-t-elle. Entre les deux camps, le clivage semble irréductible : nul doute que la décision de Donald Trump ne marquera pas la fin de la « guerre des toilettes ».