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Chronique du temps qui passe. Le temps des minorités

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©AHMAD AL-RUBAYE / AFP

Iraqi Christians attend a Christmas mass at the Catholic Church of Our Lady of Deliverance/Salvation (Sayidat al-Nejat), in central Baghdad, on December 25, 2015. AFP PHOTO / AHMAD AL-RUBAYE / AFP PHOTO / AHMAD AL-RUBAYE

Antoine-Joseph Assaf - publié le 03/03/17

Analyse de la situation des chrétiens d'Orient à travers les trois paradoxes de leur existence : théologique, politique et prophétique.

Il fut un temps où l’on parlait des minorités opprimées comme d’un problème douloureux et insoluble, mais depuis le début de ce que l’on a appelé d’une façon trop hâtive « le printemps arabe » l’on ne cesse de revenir sur le sort des minorités chrétiennes existantes au Proche-Orient et sur leurs destinées dans toutes ces guerres terribles et sanglantes. Celles-ci se déploient sous nos yeux ébahis mais surtout dans l’ignorance complète de la cause et de la légitimité sur ces terres ravagées, de ces chrétiens qui furent les premiers à recevoir le choc fort et lumineux à la fois de la Révélation évangélique. Ils l’ont reçu à l’endroit même où Jésus de Nazareth, reconnu comme étant le Messie attendu et le Fils de Dieu, a commencé sous le regard du Père, la tâche si difficile et si douloureuse de sauver l’homme et de le racheter au sein de sa création.

Noyés dans les guerres du Proche-Orient, on entend prononcer les noms de ces chrétiens d’une façon générique de « chrétiens d’Orient » alors que derrière ces minorités opprimées, il y des Églises qui furent fondées pour éduquer le peuple de Dieu dans l’espérance de la foi et l’exactitude de la raison humaine, sans oublier l’époque historique dans laquelle ils vivaient guidés par leurs nobles patriarches. Des Églises comme l’Église arménienne, l’Église copte, l’Église éthiopienne, l’Église géorgienne, l’Église melkite, l’Église syriaque maronite ; qu’elles soient orthodoxes ou catholiques elles ont souffert le martyre, mais sans perdre cet esprit de résistance qui les caractérise, et leur condition de martyre de la foi qui les distingue et les honore.

Il s’agit donc d’approcher la situation des chrétiens à travers les paradoxes même de leur existence dans cette région si convoitée par l’Occident et le monde libre, qui s’est toujours présenté comme leur protecteur et qui peine à les sauver tant dans leur vie quotidienne et leur foyer, que dans leurs églises où ils essayent de pratiquer une foi et une liturgie faites pour sauver, non pas seulement leur communauté propre, mais le monde entier sous le signe de nouvelle loi universelle de la paix et l’amour.

Les trois paradoxes

Le premier paradoxe est théologique. Dans le vaste monde libre où le relativisme s’est érigé en dogme absolu, et où chacun construit sa vie selon sa vision du monde subjectif, les chrétiens d’Orient continuent à vivre fidèles aux conciles œcuméniques des premiers siècles sans les mettre en cause ni en dévier. Dans un monde où l’examen libre de toute chose est poussé jusqu’à l’annulation de la nature comme repère pour la vie humaine et son remplacement par toutes les lois possibles et imaginables, qui transforment la vie de la famille et l’union de l’homme et de femme, les chrétiens d’Orient restent solidement attachés, dans un esprit de pauvreté tenace et inébranlable, à l’antique histoire de premier jardin et de du premier couple où Adam reste Adam et Ève reste Ève jusqu’au rachat de leur vie et jusqu’à achever ce pèlerinage qui les ramène de nouveau dans leur paradis perdu !

Le deuxième paradoxe est politique. Car depuis la chute de l’empire de Byzance et les ravages de la conquête islamique, dont la violence nous touche jusqu’à nos jours par les attaques terroristes réitérées, les chrétiens d’Orient sont sous la protection des puissances occidentales et ont toujours attendu que les rois, les empereurs, et de nos jours les présidents des régimes démocratiques, envoient leurs forces armées pour les sauver des massacres et de la destruction totale. Or ces démocraties n’arrivent plus à concilier leurs exigences de liberté avec leurs besoins matériels qui exigent d’eux les négociations commerciales et les ventes d’armes à ceux qui sont les ennemis déclarés ou cachés de leurs anciens et prestigieux protégés.


Lire aussi : Chronique du temps qui passe. Le temps de la calomnie 


Le troisième paradoxe est prophétique. Car dans cet abandon, les évidences se révèlent et s’imposent au monde libre et de la manière la plus violente en couleurs de sang. Par leurs sacrifices et par leur martyre les chrétiens d’Orient deviennent pour le monde entier un signe de contradiction, qui le réveille comme d’un cauchemar terrible qui les menace sur tous les fronts dangereux : avant tout le front de son identité quand plus d’un million de réfugiés débarquent sur son sol sans pouvoir contrôler leur présence et leur avenir ni savoir comment les intégrer, ni les assimiler dans le désordre générale de ceux qui passent par la mer, les îles ou la terre ferme. Il y aussi le front de son existence quand le problème de la vérité se pose à lui, en face du relativisme nihiliste qui emporte tout avec lui. Puis enfin le front qui menace par sa chute les vieilles racines qui ont fait du vieux continent européen, et du Nouveau monde des continents de foi, d’art et de spiritualité où se miroitent les avenirs des empires glorieux des civilisations mortelles.

C’est pour résoudre ces paradoxes, qui risquent d’être mortels et fatales, que le monde libre et fort de ses inventions doit se tourner pour sauver les reflets de sa gloire ancienne dans le miroir des souffrances des chrétiens d’Orient, et c’est ainsi en les aidant à résister et à survivre, il renaîtra lui-même de ses cendres, tel le phénix pour faire profiter au monde des fruits de sa science et de son génie.

Des voix se lèvent de la Russie et d’Amérique pour lancer une telle « croisade ». Reste l’Europe, endormi dans la lourdeur et la complexité de ses institutions, mais que le feu ardent de ses racines risque de se ranimer et de la réveiller dans un sursaut qui ne peut provenir que la proximité de la mort et du martyre. Mais que voulez-vous, il y a un temps pour la résistance et un temps pour la libération, il y a un temps pour tout, comme le dit la vieille sagesse.

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