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Comment rendre utiles les préparations au mariage ?

Couple de mariés au bord de l'eau

© Unsplash

Gelsomino Del Guercio - publié le 19/02/17

Aleteia rapporte quelques indications pour éviter les erreurs les plus communes.

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Qu’est-ce qui ne fonctionne pas dans les cours de préparation au mariage ? Comment les rendre effectivement utiles et concrets ? Le pape François a suggéré « deux remèdes » devant les juges, avocats et collaborateurs du Tribunal de la Rote Romaine, à l’occasion de leur nouvelle année judiciaire : un catéchuménat avant et après la célébration. Le premier pour préparer les couples au sacrement, le deuxième pour les accompagner et les soutenir « spirituellement ».

Face à l’augmentation croissante du nombre de divorces et séparations, l’avertissement « trop de mariages sacramentaux sont nuls et inconsistants » lancé à différentes reprises par le Pape ces derniers mois – une autre fois c’était en juin 2016 devant des milliers de congressistes diocésains, en la basilique Saint-Jean-de-Latran – sonne aux oreilles de ceux qui s’occupent de pastorale du mariage comme un appel urgent à donner un tournant à ces préparations. Comment ? En faisant avant tout « levier sur les idées que les jeunes se font du mariage et de la famille », dues essentiellement au contexte culturel « radicalement insuffisant » qui leur est aujourd’hui proposé. Non pas en vantant les qualités d’une époque révolue face au monde moderne, jugé « négativement », mais « la beauté et la fascination de la vocation chrétienne à l’amour conjugal », comme souligné par le théologien italien Nicolà Reali, dans son ouvrage Quale fede per sposarsi in Chiesa (Quelle foi pour se marier à l’Église).

Alors comment ne pas réduire un cours de préparation au mariage à la seule nécessité d’y être « présent » pour pouvoir ensuite se marier à l’Église ? Aleteia, après une petite enquête parmi ceux qui organisent des parcours pré-matrimoniaux déjà dans cet esprit, donne une série d’indications qui peuvent aider à éviter certaines erreurs les plus communes.

D’après le père Andrea Manto, directeur de la Pastorale familiale du vicariat de Rome, cela est nécessaire car « la réalité de la préparation au mariage a beaucoup changé au fil des ans ».

Les nouveaux couples

Aujourd’hui, souligne le père Andrea, « la période des fiançailles a complètement changé. Il arrive de plus en plus souvent de voir arriver dans la communauté paroissiale des personnes vivant déjà ensemble, ou bien issues d’un mariage civil uniquement, ou alors avec déjà des enfants après un mariage civil qui s’est conclu par un divorce. On compte également plus de mariages entre baptisés dont une des deux parties se déclare non croyante et de mariages mixtes ». Donc, la première erreur à éviter, dans la catéchèse pré-matrimoniale, c’est de « rester accroché à une réalité et une société qui n’existent plus. Il faut affronter ces nouvelles façons de partager la vie », souligne Andrea Manto.

Opportunités d’évangélisation

Le deuxième point mis en avant par le directeur de la pastorale familiale du vicariat de Rome c’est « de ne pas prendre pour argent comptant, comme un acquis, la question de la foi. Beaucoup de chrétiens non confirmés, par exemple, viennent demander le sacrement du mariage. Le cours de préparation doit devenir une occasion d’évangélisation, pour aider les personnes à comprendre la signification profonde du mariage chrétien à l’intérieur d’une réalité dont font partie le baptême, les relations avec le Christ, l’appartenance à son corps mystique et à la communauté ecclésiale ».

Tenir des propos concrets

Troisième point à ne pas sous-estimer : le langage. Transmettre de la même façon la joie de l’évangile, la perspective de vivre pleinement leur projet de vie et leur rencontre avec le Christ, que le couple soit un couple de fiancés classiques ou un couple de personnes vivant déjà ensemble. Pour susciter leur écoute, partir de faits concrets, de vécus et d’émotions que connaît le couple ».

Ne pas banaliser le sacrement

Quatrième conseil pour ceux qui organisent des cours de préparation au mariage, « ne pas banaliser le sacrement du mariage et la réalité matrimoniale. En partant de leur quotidien, montrer aux couples ce qu’il y a d’extraordinaire d’avoir été appelés par Dieu. S’être rencontrés n’est pas fruit du hasard, ni un fait purement fonctionnel ou de commodité (on vit ensemble, alors on se marie). Faire comprendre que le mariage implique tout notre être, toute notre raison, notre volonté ».

Sexualité et indissolubilité

Cette prise de conscience, poursuit le père Andrea, détermine le cinquième point fondamental : faire en sorte qu’ils vivent leur choix, leur sexualité, dans une perspective de beauté, tout comme la question de l’indissolubilité, qui est le haut niveau de l’amour ».

Entretenir les liens après le cours

Mais attention, qu’ils ne s’illusionnent pas : la préparation au mariage ne résout pas tout. Chaque parcours doit montrer clairement qu’il faut ensuite se mesurer avec sa propre vie, ses propres valeurs. Ainsi, ceux qui préparent et ceux qui reçoivent la préparation « doivent entretenir des liens » entre eux. Tout ne finit pas avec le cours de préparation. « Le mariage n’est pas aujourd’hui, mais commence aujourd’hui », dit toujours Andrea Manto à ceux qui vont se marier. Il y a donc un avant et un après « célébration »  du mariage. Aujourd’hui, dit-il dans le sillage du Pape, les familles connaissent le prix de la solitude, des problèmes financiers, l’instrument de la famille patriarcale n’existe plus. Abandonner ces jeunes mariés à eux-mêmes serait un très gros risque ».


 Àne jamais faire


À partir d’un tel constat, il est clair que les enjeux de cette préparation sont élevés. Il en va de la responsabilité des époux mais aussi de ceux qui ont en charge de les accompagner. Le Pape encourage ces derniers à agir en faisant preuve d’un « dévouement aimable et compétent ». Certaines paroisses adoptent une sorte de vadémécum des risques à éviter pour ne pas saper cette expérience pré-matrimoniale. Comme Giovanni Capetta, responsable des cours de préparation à la paroisse Gregorio VII de Rome, interrogé par Aleteia, qui en voit cinq absolument rédhibitoires.

Mauvais accueil

La première erreur à ne pas faire : se montrer peu accueillant, manquer de chaleur et d’attention envers les personnes. Seule une valorisation sérieuse de la rencontre peut mettre les fiancés, qui viennent souvent après des années d’éloignement de la vie de l’Église, dans de bonnes conditions d’écoute, pour entendre ce que la Parole de Dieu et l’Église ont à dire sur le mariage.

Diminuer « la gravité » de leur engagement

La deuxième erreur à éviter : diminuer la gravité du pas que les fiancés s’apprêtent à franchir, aplanir les difficultés, édulcorer les vérités de la vie et de la foi, dans la crainte qu’un message exigeant soit mal perçu et qu’ils ne le reçoivent pas.

Croire que tout est acquis

Autre erreur : croire que tout est acquis. Car l’analphabétisme religieux est de retour et invite les personnes chargées de la pastorale des jeunes couples, à fournir tous les éléments nécessaires pour une bonne compréhension de tous les messages transmis.

Traiter à part les futurs époux

La quatrième erreur à éviter est d’être pressé de faire parler les futurs mariés. Au début, il est bien qu’ils écoutent et qu’on leur trouve ensuite des occasions de se confronter intensément et sincèrement à d’autres couples, avec le soutien de catéchistes. Ces occasions permettent de tisser des liens avec d’autres couples, lesquels se prolongent souvent, une fois mariés.

Séparer les cours de la vie paroissiale

La dernière erreur, selon cette sorte de vadémécum, est de croire que le cours n’est que la dernière plage avant d’arriver aux noces. Si le mariage n’est pas un point d’arrivée mais au contraire de départ, le cours aussi ne devrait pas refermer une période, mais ouvrir plutôt celle d’une possible fréquentation de la communauté paroissiale à travers les groupes de familles ou à travers des expériences d’agrégations nées, pourquoi pas, du cours lui-même.


Pour un bon déroulement des cours de préparation


Sur la base de ces erreurs à ne pas commettre, Aleteia s’est intéressé au bon déroulement des cours de préparation, mettant en évidence cinq temps forts, déclinés en 10 rencontres hebdomadaires consécutives. Premier geste d’accueil « affable » : une soirée spéciale offerte le premier jour aux jeunes couples, par exemple un dîner concert (offert et servi par la communauté paroissiale) pour célébrer la joie de l’amour conjugal.

La catéchèse du prêtre

Au cours des rencontres successives, un prêtre a la responsabilité des catéchèses « fondamentales ». Mais il est toujours épaulé par deux couples d’époux qui interagissent avec les fiancés, les écoutent, les accompagnent, résument à chaque fois les thèmes de « l’épisode précédent », proposent des petits devoirs à la maison et stimulent leurs réflexions.

La rencontre avec Jésus

Ce type de méthode doit illustrer l’affirmation fondamentale que Dieu est amour, expliquer aux fiancés ce que veut dire « construire sa maison sur le roc » comme il est dit dans l’évangile de Jésus-Christ selon Matthieu (Mt 7, 24-27). Leur donner une première idée de ce que signifie fonder son mariage en Dieu.

Comme ôter le péché

Ensuite, le cours prévoit une rencontre consacrée au péché de David dans le second livre de Samuel et on fait explorer aux fiancés les différentes façons d’enlever le péché à travers les sacrements et la prière. Moment qui sera suivi d’une rencontre, centrale, consacrée à l’annonce du Kérygme, auquel s’ajoute un espace d’adoration eucharistique.

Chasteté, interférences, bioéthique

Après un épisode sur la signification du terme « vocation » à travers les figures de Marie et Joseph, commencent alors les rencontres sur la chasteté avant le mariage, et dans le mariage ; sur comment gérer les « interférences » extérieures au couple, spécialement celles des parents ; et sur la mission dont chaque couple chrétien doit se sentir investi, dans ses rapports aussi avec la communauté ecclésiale.

Pour finir, une dernière rencontre est consacrée aux divers rites du mariage, en explicitant la valeur de chaque geste liturgique. Sont également fournies des indications utiles en bioéthique et morale sexuelle et juridiques.

Andrea Manto, en livrant ces indications et prévenant des erreurs à ne pas commettre, est conscient que ce parcours n’est qu’un « petit bout de chemin » comparé à une vie entière, mais les fruits, assure-t-il, peuvent durer à jamais.

Expérience des Focolaris

Toutes ces indications pour un bon parcours de préparation au mariage reviennent ponctuellement dans les congrès qu’organise le Mouvement des Focolari pour permettre aux couples qui veulent se marier à l’Église de « quitter leur environnement » 4 ou 5 jours pour se concentrer sur leur relation de couple et en approfondir les divers aspects. Selon Stefano Serratore, chargé de promouvoir ces «  cours-congrès », proposés annuellement depuis les années 70, ces sortes de « retraites » sont très appréciées en Italie et rassemblent beaucoup de couples. Tant de thèmes sont abordés, dans les domaines les plus divers (psychologique, théologique, médical), donnant la possibilité également aux couples d’interagir et de s’exprimer, de dialoguer entre eux et avec les autres, et ainsi se confronter à la réalité personnelle de chaque couple.


Autres erreurs à éviter


Pour les Focolaris, d’autres erreurs concrètes sont à éviter dans l’organisation de ces cours, en plus de celles déjà énoncées plus haut :

Partir de sujets « trop moralistes »: Il vaut mieux partir de « loin », en soulevant des questions propédeutiques liées à la vie chrétienne et à la vie familiale ; en partant de vérités fondamentales et «  positives » comme : Dieu nous aime, nous aide, on peut recommencer etc.

Intervenir trop frontalement, en faisant la leçon ou une sorte d’homélie, sans laisser les couples s’exprimer et échanger leurs impressions.

Manquer de simplicité et chaleur avec les jeunes fiancés, le cours devenant alors « froid, aseptique, formel, et forcément moins efficace ».

Mal utiliser la possibilité de confronter les futurs mariés à des histoires de vie difficiles, ponctuées d’erreurs et de conquêtes, et de leur permettre d’échanger dessus.

Faire des cours avec trop peu de rendez-vous, qui ne favorisent pas les relations durables.

Craindre de faire « une annonce » et une proposition évangéliquement radicale sur des questions concernant la vie familiale ; les cacher parce qu’elles seraient à « contre-courant » ; ne parler que de choses « plus simples » comme bien dialoguer au sein  du couple.

Donc, pour résumer, les six bonnes attitudes à avoir durant ces cours de préparations sont : une grande ouverture et disponibilité, pas de jugements ou désir de convertir ; être en symbiose et patient, offrir son point de vue humblement et avec délicatesse, comme une proposition, comme une annonce délicate même si celle-ci n’admet pas de concession ; chercher des occasions de rencontre, de dialogue, en dehors des cours, pour se connaître ; montrer les bonnes relations qui unissent les couples et entre ceux qui gèrent le programme.

Article traduit et adapté de l’italien par Isabelle Cousturié.

Tags:
AmourÉgliseMariageSéparation
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