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Comment les présidents de la République vivent-ils les 100 derniers jours à l’Élysée ?

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Jean Muller - publié le 15/02/17
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Ces derniers jours sont révélateurs de la personnalité du président de la République.

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La chute du pouvoir, ou tout simplement la fin du mandat suprême qui est celui de la présidence de la République, rime souvent avec la fin de l’aura et de la transcendance qui accompagnait la fonction. C’est dans les dernières semaines, les dernières heures et les derniers instants que se révèlent le tragique inhérent à la fonction mais également la personnalité profonde de celui qui l’exerce. Souvent raillé, abandonné par ses fidèles, le souverain déchu se trouve dans un face à face vertigineux avec lui-même. « Dans ces terribles leçons de Ténèbres, une lumière malgré tout : l’accumulation de petitesses rehausse le personnage central en l’obligeant – parfois – à se hausser à la hauteur de son destin », écrit Alexis Brézet.

L’analyse politique étant plus crédible enracinée dans l’histoire, Alexis Brézet (directeur des rédactions du Figaro) et Solenn de Royer (journaliste politique au Figaro), qui ont dirigé un ouvrage collectif (Le deuil du pouvoir, Les cent derniers jours à l’Elysée, janvier 2017) , sont remontés à Mac-Mahon, président entre 1873 et 1879, dont les soutiens ont longtemps pensé qu’il rétablirait la monarchie. Deux chapitres sont consacrés à Albert Lebrun et René Coty qui contemplèrent la tragédie de la mort des IIIe et IVe République. S’ils soulignent l’incapacité de ces deux personnages à éviter la fin du régime, ils n’ont pas la saveur des chapitres suivants dans la mesure où, systèmes parlementaires, les IIIe et IVe République consacraient la prépondérance des partis et n’accordaient que peu de pouvoir à leur président.

La Ve République, révélatrice de l’homme

Avec le passage à l’élection du président de la République au suffrage universel, le Général de Gaulle conférait au chef de l’État deux caractéristiques. Il supprimait tout intermédiaire entre un homme et les partis, d’une part, et lui conférait une aura quasi monarchique, d’autre part. Si les partis ont rapidement repris en main l’élection présidentielle, il reste que la personne du Président de la République jouit toujours d’une forme de sacralité populaire. Une sacralité à double tranchant tant la chute peut être brutale. C’est ce que montrent par exemple Guillaume Tabard et Charles Jaigu dans les chapitres consacrés à Valéry Giscard d’Estaing et Nicolas Sarkozy. Les adieux du premier, son terrible « au revoir » en direct à la télévision, restent en mémoire et témoignent du lien déchiré entre le président et le peuple. Le départ du second, dont le souvenir est toujours vif, est l’aboutissement d’une campagne sans cœur, mal maitrisée par des collaborateurs parfois malveillants.

Cependant, la chute agit parfois comme une grâce, le président prenant conscience de la grandeur de sa tâche. Solenn de Royer nous fait revivre les derniers mois du mandat de François Mitterrand, très affaibli par la maladie, comptant les jours qu’il lui restait à tenir pour ne pas faire défaut. Ainsi, ce livre constitue une leçon d’histoire plaisante qui nous fait vivre de l’intérieur la crise politique française, qui est aussi la crise d’une fonction qui n’est, depuis trop longtemps, plus assumée.


9782262032227

Sous la direction d’Alexis Brézet et Solenn de Royer, Le deuil du pouvoir, Les cent derniers jours à l’Elysée, Perrin, Le Figaro, 280 pages, 17,90 euros.

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