Dans un message paru sous forme de tribune en première page du quotidien italien, ce 9 février, le pape François invite La Stampa, qui fête ses 150 ans, et à travers elle tous les médias, à toujours « raconter » le monde « complexe » qui les entoure mais sans jamais omettre « tout le bien » qui s’y trouve et permet de « regarder l’avenir avec espérance ».
Un bien triste début d’année
Les causes de tant de maux sont manifestes en ce début d’année 2017. Le Pape cite les plus éclatantes : « Guerres, violences, haine, terrorisme, attaques armées imprévisibles, incapacité à trouver des solutions négociées et non violentes, intérêt économique souvent inavouables, trafic d’armes, voire par ceux-là mêmes qui proclament la paix, contrôle des sources d’énergie, pauvreté et sous-développement ». Ces causes forment une « guerre complexe » qui fait « d’innombrables victimes innocentes », provoque une « crise économique » aux conséquences terribles : « Pauvreté, de la faim, du sous-développement », jusqu’au « gouffre vers lequel nous courons en détruisant l’environnement », souligne le Pape dans son message aux journalistes de La Stampa.
Le bien existe
Mais, encourage-t-il, face à tout ce mal « menaçant, envahissant », reconnaît-il, il y a aussi « le bien » porteur d’espérance, qui agit sous les traits par exemple de « ceux qui portent secours aux victimes des bombardements en Syrie ; ceux qui accueillent les migrants sans céder à la tentation de la fermeture, ceux qui ne se résignent pas à voir dans l’autre, dans le différent, un « ennemi », ou dans les mains de ceux qui « s’échinent à garantir un futur à tant d’enfants sans avenir dans les pays pauvres », ou dans « le sourire des bénévoles rencontrés dans nos hôpitaux, de ceux qui consacrent un peu de leur temps aux personnes âgées, seules, dans nos villes ».
« Ne nous laissons pas voler l’espérance ! », exhorte le Pape. Comment ? En parlant de tout « ce bien qui œuvre » dans le monde, en luttant contre « la mondialisation de l’indifférence. Cette maladie corrosive qui pétrifie les cœurs, rend narcissique et capable de ne penser qu’à soi, à ses propres intérêts personnels, qui rend incapable de pleurer, d’éprouver de la compassion, de se laisser toucher par la souffrance d’autrui ». Cette pétrification, poursuit François, « nous habitue aux voitures piégées des terroristes (…) aux migrants qui se noient en Méditerranée (…) aux sans-abri qui meurent de froid dans nos rues sans faire la une de nos journaux ». Et à chaque fois, déplore le Pape, « nous nous dégradons un peu plus (…) alors que la vie nous a été donnée pour la partager dans cette maison commune, en nous intéressant les uns aux autres ».
Être réalistes et agir
Il faut être réaliste, a insisté le Pape, on ne peut plus l’ignorer : « Pauvreté, sous-développement, migrations, surexploitation de la terre et pollution sont des phénomènes étroitement liés entre eux ». Chercher « des solutions intégrales » pour « combattre la pauvreté, pour rendre la dignité aux exclus et aux rejetés » est fondamental ! Le monde est appelé à « une révolution de la tendresse », à l’image de Dieu qui « a renversé les puissants de leurs trônes et élevé les humbles ». La paix, la justice, recommande-t-il pour conclure, « se construisent jour après jour, en reconnaissant le dignité inaliénable de toute vie humaine, à commencer par la plus petite et la plus vulnérable, en reconnaissant notre frère dans chaque être humain ».