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Véronique Lévy, petite sœur de BHL, évoque la place de la femme

Véronique Levy

Véronique Levy © Jean-Christophe Marmara Figarophoto, Hannah Assouline / Editions du Cerf et Yann Revol

Véronique Levy

Louise Alméras - publié le 07/02/17

L’embryon, la femme et l’intégrisme laïc sont au cœur de l’actualité.

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Lire la 1ère partie de l’interview : Véronique Lévy, petite sœur de BHL, témoigne de son amour pour le Christ


D’origine juive, Véronique Lévy s’est convertie au catholicisme il y a quelques années, de manière totale, en profondeur et sans compromis. Après le succès de son premier livre Montre-moi ton visage, l’auteur continue de nous faire partager son expérience intérieure hors du commun à travers sa plume aiguisée, révélée dans Adoration. Elle répond à nos questions sur sa rencontre avec l’amour du Christ, la féminité et la tiédeur.

Aleteia : Comment vous a-t-Il révélé Son amour ?
Véronique Levy : Par la Croix ; par l’Amour, justement ; et un amour humain par lequel le Christ m’a dépouillée de toutes mes certitudes. L’amour véritable exige la mort ; et cette mort est naissance : « Tu me donnes la mort, en vie elle est changée » écrivait St Jean de la Croix… Quand on aime vraiment, on ne peut pas faire l’impasse de la souffrance. Ce n’est ni du dolorisme, ni du masochisme, mais de l’empathie : quand on est vraiment relié à un être, on porte sa douleur aussi. Et elle devient joie car elle est d’amour. Cet homme que j’appelle Indar dans Montre-moi ton visage, m’ouvrit à une passion définitive ; absolue. Il me mena à l’église Saint-Gervais qui deviendra mon berceau, le lieu de mon baptême. Avant de m’avoir guidée jusqu’au seuil de l’église, cet homme me fit le plus beau cadeau : il m’inspira l’amour.

Aujourd’hui on est dans une société qui divise ; qui sépare la sexualité de l’amour, le corps de l’âme. Quand Nietszche ou Michel Onfray parlent de la chair évoquée par saint Paul, ont-ils compris qu’il parle de l’esprit mondain ? Ces blessures d’amour, je ne les regrette pas : elles sont le lit de l’alliance avec Dieu, sur lequel s’est posé Son Regard et Sa Miséricorde, au-delà des caresses de cet homme le Seigneur était là. Jésus est un grand amoureux ; patient, passionné. Quand il parle à la Samaritaine, il lui fait prendre conscience tout doucement de la soif qui dort en elle et qu’Il va raviver.

Quand vous dites que l’amour humain doit être en Dieu sous peine d’être soumis à la destruction, à la passion, selon vous comment met-on Dieu au cœur d’une relation humaine ?
On me pose souvent cette question. On essaie d’ouvrir sa volonté à la Grâce qui est donnée. Quand j’ai rencontré Indar, je n’étais pas baptisée. Née et élevée dans une famille juive non pratiquante, je n’avais ni expérience, ni culture religieuse mais il y avait cette soif de Dieu. Je pense qu’il y a beaucoup de personnes qui, sans connaître Dieu, ou sans s’être engagés dans une religion, ont déjà, chevillée au corps et à l’âme, cette soif de Lui, inscrite au cœur même de leur ADN. Le drame est que la société contemporaine est utilitariste, matérialiste, anti-religieuse, dans le déni total de Dieu et de toute transcendance, elle refuse de reconnaître cette soif dans l’homme. Pire, en créant des manques imaginaires, illusoires dans leur substance originelle même, on enferme la conscience dans une quête hermétique. Coupée de sa source par l’orgueil d’un système mortifère, elle va se laisser gaver par les idoles de la consommation ou de la haine.

Oui, mais il y a la tiédeur aussi. Et ce qui m’a donné envie de lire votre dernier livre est cette référence : « Dieu vomit les tièdes » sur la couverture. Parce que l’intégrisme est une cible facilement identifiable alors que la tiédeur…
Aujourd’hui, on parle peu de cet intégrisme athée, laïc, qui n’est pas une vraie laïcité, mais plutôt à la carte et à double face. Moqueries, humiliations en tous genre, prenant pour cible la fragilité à découvert. Je pense aux tweets blasphématoires de certains journalistes ou élus d’extrême gauche, après l’égorgement du père Hamel : propos qui sont une atteinte à la dignité même de l’homme et cautionnent la barbarie à peu de frais et à l’abri du moindre risque. On pointe surtout l’intégrisme religieux, mais il est souvent le symptôme d’une culture de mort qui a trop longtemps évacué la dimension divine et dénie le droit de vivre à l’être le plus démuni. Quel paradoxe ! On parle du droit à la vie, même pour celui qui a tué, et c’est d’ailleurs le fruit d’une civilisation imprégnée par les valeurs des Évangiles, mais on fait de l’avortement un droit absolu. C’est douloureux pour les femmes qui, souvent en dernier recours, sont acculées à cette solution comme à un point final. Pourtant, aux yeux de Dieu, interrompre une vie ne pourra jamais être un droit.

Pensez-vous que la société ne supporte pas la petitesse et la fragilité ?
Oui… les mères sont souvent elles-mêmes très fragiles, dans une grande détresse. En supprimant les sept jours de réflexion, on les expose au risque d’une culpabilité plus grande encore, au remord d’un acte irréversible, qui, peut-être aurait pu ne pas être posé. Car il s’agit d’une vie fauchée à la racine. Les sites prévenant les femmes du danger sanitaire de l’avortement, des blessures psychologiques qu’il induit, sont aujourd’hui bâillonnés. Condamnés sous le fallacieux prétexte du « délit d’entrave numérique à l’avortement», à verser 30 000 euros d’amende et à une peine de deux ans d’emprisonnement ! Quelle est leur faute ? Tenter de faire prendre conscience aux mères que la vie de l’embryon est infiniment précieuse, voulue de Dieu.

Cette loi est le symptôme d’une société devenue folle, folle de sa propre destruction, dans la déconstruction de ce qui fait l’homme : le tout premier sanctuaire, la cellule familiale originelle, qu’est l’apparition du génome au cœur de la première cellule embryonnaire.

L’homme ne peut pas être à l’origine de sa vie, il la reçoit de Dieu comme l’affirme saint Jean-Paul II quand il dit que « l’âme est insufflée dès l’apparition du génome ». Avec le clonage thérapeutique, avec la GPA qui se profile à l’horizon, la dignité de l’homme et sa diversité sont menacées. La vie ne peut pas être monnayable et réifiable à merci. Elle est un don inaliénable. On assiste à une inversion du bien et du mal. J’espère qu’un jour, malgré nos divergences, nous pourrons nous unir avec les musulmans sur des valeurs communes : ils ont le respect de la loi naturelle. L’avortement, à leurs yeux, est un crime. L’embryon dans le sein de sa mère est l’innocent par excellence. L’arracher à son nid est pour moi d’une barbarie absolue, surtout si l’on en fait un droit.

Quelle est votre vision de la féminité et quelle est la place de la femme dans l’Église selon vous ? Comment vous positionnez-vous par rapport aux féministes ? 
Ma mère adorait Simone de Beauvoir et me citait toujours : « On ne naît pas femme, on le devient ». Enfant, cette phrase m’agaçait… Je voyais que j’avais un sexe de petite fille, j’aimais jouer à la poupée, j’avais un instinct maternel très développé en protégeant déjà les plus fragiles. Pour moi, la féminité n’était pas une prédestination dont il fallait s’affranchir : la femme n’était pas prisonnière de son corps, soumise à la loi d’une nature maudite, et qu’il fallait nier jusqu’à en faire une pure abstraction. Mais il y avait une harmonie entre ce corps et cette âme, une façon de pleinement les habiter l’un l’autre, dans la communion et non dans la division. J’ai très vite pris conscience que ce corps de femme n’est pas un conditionnement mais une grâce. J’avais la liberté de l’accueillir ou de le rejeter, je m’en suis émerveillée. Les féministes considéraient certains attributs féminins liés à la maternité, comme une faiblesse : l’accueil, la réceptivité, la sensibilité. J’y voyais une force d’amour et une puissance du don.

La théologie catholique m’attirait car elle ne s’enracine pas dans le mépris ou la haine du féminin, au contraire, elle l’exalte ! Elle proclame que Dieu est né d’une femme, qu’Il l’a comblée de Sa Grâce, l’a visitée au cœur de ses entrailles.

Je suis blessée des propos qui perpétuent le mensonge d’une Église misogyne : le christianisme s’inscrit profondément dans la féminité. Protéger les petits, les fragiles ; exalter les vertus de Foi, d’Espérance et de Charité, c’est renverser les valeurs de civilisations construites exclusivement sur les rapports de force, la violence et la guerre.

Beaucoup de féministes, et parfois sans le savoir, fragilisent la femme, sous prétexte de défendre ses droits. À l’aune de l’égalité, elles veulent uniformiser les rapports entre les sexes. Or, gommer les différences est dangereux car c’est prendre le risque d’en créer d’autres, caricaturées, perverties et terreau de violence, de haine, d’incompréhension, provoquant à terme des murs au lieu de ponts ; des impasses au lieu de routes ; la guerre au lieu de la communion.

On ne peut dénier le réel et la nature : la diversité, l’altérité ne sont pas l’inégalité ; au contraire, elles témoignent d’une unité profonde à laquelle l’homme et la femme sont appelés dans l’offrande d’eux-même, et dans la liberté de se recevoir l’un l’autre.

Le Christ rend la femme à sa vocation : être la gardienne du précieux et à la liberté du don, qu’elle soit vierge, mère, guerrière, courtisane ou sainte. Marie-Madeleine est devenue apôtre des apôtres… Sainte Jeanne d’Arc a rendu le royaume de France à Dieu ! Ce qui est génial dans le christianisme ce sont toutes ces courtisanes devenues des saintes. La Samaritaine, qui a eu six maris, est la seule personne à qui Jésus a dit : « Je suis le Messie moi qui te parle ». Je n’en connais pas beaucoup des religions comme ça.

Je n’ai jamais été aussi femme que sous le regard de Jésus, parce que pleinement acceptée par Celui qui m’a créée.

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FemmesFoiLivresReligions
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