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Bande de pharisiens !

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Mahault de Seze - publié le 14/01/17
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Aujourd’hui, le catholique français appartient nécessairement à une catégorie : il est observant, conciliaire ou festif culturel, selon les critères définis par La Croix. Quel Calvaire !

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Les catholiques ont-ils un problème d’identité ? Deux approches en débat


Depuis quelques jours, la toile est agitée par une analyse sociologique des catholiques français issue des travaux de Yann Raison du Cleuziou et par l’actuelle polémique à propos des livres de Laurent Dandrieu (Église et immigration, le grand malaise) et d’Erwan Le Morhedec (Identitaire, le mauvais génie du christianisme) récemment parus. Au fil des articles, de plus en plus échauffés et partisans qui fleurissent, une question surgit : le Christ est-Il venu nous coller des étiquettes ou simplement nous sauver ?

Ces querelles intestines, qui s’éloignent autant que faire se peut de la correction fraternelle, illustrent, une fois encore l’incroyable manière dont les catholiques français envisagent ou définissent leur foi : pratiquant/pas pratiquant, PAM (Pas Avant le Mariage)/libérée, soutane/col roulé, à genoux/debout, sur la langue/dans les mains, hospitalité/sécurité, justice/miséricorde… Ils se rendent capables au quotidien de pirouettes intellectuelles fascinantes pour justifier leurs choix de vie, ils demeurent désespérément binaires quand il s’agit du Christ et de l’Église.

Le catho n’est pas qu’un simple catholique

Ainsi, aujourd’hui, le catholique français appartient nécessairement à une catégorie : il est émancipé, inspiré, observant, conciliaire, saisonnier fraternel ou encore festif culturel selon les critères rapportés et analysés par La Croix. Quel Calvaire ! Il ne peut pas simplement être catholique, il se doit d’être plus que cela. Comme s’il y avait une valeur ajoutée à sa foi. « Je suis moins bigot car plus festif », « je suis plus catholique car plus fraternel » : je suis surtout un pharisien.

Les nouveaux grands inquisiteurs de la foi chrétienne rappellent à notre doux souvenir les cathares du Moyen-âge. Ces hommes qui instauraient une dichotomie entre le corps et l’esprit et désiraient créer une religion de purs, de parfaits. Mais être chrétien, ce n’est pas être un pur et un dur. C’est se convertir chaque jour un peu plus, c’est laisser son cœur se transformer. Comme le dit si bien Martin Steffens, dans « Rien que l’amour, repères pour le martyre qui vient » : « Si Jésus a tant aimé les prostituées, si la tradition poétique, romanesque, picturale chrétienne en a fait de si profonds portraits, c’est en tant que nous ne serons en ce monde jamais mieux que des prostituées : nous tirons notre substance d’un monde qui ne peut nous donner un véritable amour. Nous nous y compromettons, comme l’a voulu Jésus. Car sans cette compromission, qu’il faut nommer comme telle, nous nous croirions supérieurs aux autres hommes : des purs, et finalement des durs ; des anges, et finalement des bêtes. »

Les purs veulent-ils aboutir à une conclusion simpliste : l’Église, tu l’aimes ou tu la quittes ? Le Christ n’est pas venu pour des Hommes à la foi parfaite, sans crainte, sans doute et déjà saints. Le Christ est venu pour chacun d’entre nous, même pour le publicain, même pour le pharisien. Avant de se reconnaitre dans une sensibilité, dans une communauté, dans une tendance, nous sommes d’abord – et surtout – des chrétiens en chemin vers la sainteté. Le Christ ne choisit pas de se passer de l’un de ses enfants, en fonction de son bulletin de vote ou de sa maitrise de la « Somme théologique ». Le Christ nous veut tous.


Pour aller plus loin : 

La tribune de l’abbé Fabrice Loiseau : “Le christianisme ne sera jamais culturellement ou politiquement neutre”

La tribune de Falk van Gaver sur Charles Péguy : “Toute détestation du temporel est une abomination”

Entretien avec Laurent Dandrieu : « C’est l’engagement des catholiques au service de l’idée patriotique qui est visé »

La tribune d’Arnaud Bouthéon : “Identitaires catholiques : la menace fantôme”


 

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