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« Je n’ai pas le temps » : voilà une phrase que nous prononçons tous au moins une fois par jour

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© Facebook/Tout s'accélère Le Film

Pierre Chouant - publié le 06/01/17

Découvrez un film passionnant qui nous interroge sur l’accélération vertigineuse de notre monde.

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« Je n’ai pas le temps ». Voilà une phrase que nous prononçons tous au moins une fois par jour, en particulier les habitants des grandes métropoles. Intrigué par ce phénomène notre culture moderne, un instituteur décide de s’interroger avec ses élèves de CM2 sur l’accélération vertigineuse de notre monde. Ainsi va naître un documentaire intitulé

Une scène résume à merveille ce film simple mais prophétique : les enfants arrêtent des parisiens pressés (sans doute le pléonasme par excellence) pour excès de vitesse, et les invitent à refaire leur parcours avec une tortue. Cette innocente petite expérience met en lumière un paradoxe repris par les experts intervenant dans le documentaire. Malgré une réduction de la vitesse des communications, des transports et des flux, nous nous plaignons sans cesse d’un manque de temps.

Un itinéraire guidé par les « tous petits »

« Je te bénis Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela à des sages et à des intelligents et de l’avoir révélé à des tous petits. » (Matt, 11, 25). Les « tous petits » évoqués par le Christ dans ce magnifique passage des Écritures vont être les muses de l’histoire de Gilles Vernet et de la réalisation du film.

Confronté à la maladie de sa mère, le réalisateur décide de l’accompagner dans les dernières années de sa vie. Il abandonne donc son métier de trader et devient instituteur dans le XIXe arrondissement de Paris. Habitué à un rythme de vie effréné dont il ne nie pas l’aspect grisant, Gilles Vernet opère donc une véritable révolution personnelle. Mais malgré ce changement complet de vie, Gilles Vernet ne se libère pas d’une impression de submersion face à l’accélération du temps. Il constate que ce phénomène semble toucher la société tout entière, et non le simple cercle d’initiés auquel il appartenait.

À nouveau les « tous petits » vont jouer un rôle prépondérant dans le parcours de Gilles Vernet. Fasciné par les remarques de ses élèves sur notre mode de vie et notre rapport au temps, leur professeur décide de les filmer puis d’aller à la rencontre d’experts du sujet. À quel impératif obéit en effet cette logique dont ces enfants de 10 ans soulignent les limites ? À quoi rime un modèle de société fondé sur la croissance économique ? Pourquoi ce besoin de « remplir » sans cesse le sablier de notre temps ? Les nouveaux philosophes de du temps, en particulier Hartmut Rosa et Etienne Klein, donnent une réponse toute pascalienne [1] : échapper à l’angoisse existentielle qui habite chacun d’entre nous.

Une accélération synonyme de disparition du temps ?

Né en 1965, Hartmut Rosa est un sociologue et philosophe allemand qui a entrepris de centrer ses travaux sous l’angle de la temporalité. Il constate une accélération à la fois une accélération de la technique, du rythme de vie, et de la modification des structures sociales. L’auteur de L’accélération estime que la culture de la modernité, habitée par une vision protestante, se base sur le primat que le temps DOIT être occupé, car il est don de Dieu. Mais puisque nous avons tué Dieu comme l’écrit Nietzsche, il ne reste que deux moyens d’utiliser ce temps : le travail et le divertissement. Professeur à Centrale Paris, Etienne Klein souligne la conséquence paradoxale de ce phénomène : l’impression d’une « détemporalisation » subie par l’homme moderne.

L’écologiste Nicolas Hulot et les différents intervenants soulignent que la multiplication des burn out et des dépressions sont les symptômes de cette maladie du temps et du sens. Ce sont bien évidemment les plus faibles qui paient le prix de la logique d’une société qui commence à broyer les êtres après avoir abîmé la nature. Les « tous petits » de Jésus, encore eux…

L’espérance d’un retour du temps de la personne humaine

Tout s’accélère souligne à la fois la perte du sens et du temps dans notre société. S’il pointe les failles béantes de notre monde moderne, le film n’en reste pas moins rempli de joie et d’espérance. Lucide sur les dérives d’un système économique actuel qu’il connaît de l’intérieur, Gille Vernet reste calme et souriant lors de son intervention à l’issue de la projection. Ses réponses pondérées et néanmoins critiques sont délivrées sans ressentiment à l’encontre de son ancien milieu professionnel. Il n’a pas rompu avec ses anciens collègues [2], qui ont d’ailleurs, ironie de l’histoire et illustration de la dualité de chacun d’entre nous, en partie financé son projet !  Tout s’accélère résonne donc à la fois comme un avertissement et une invitation à la réflexion pour repenser notre monde. En lui redonnant un sens et une temporalité respectueuse de la création et des êtres qui la composent.


[1] « […] Quand je m’y suis mis quelquefois à considérer les diverses agitations des hommes et les périls et les peines où ils s’exposent dans la Cour, dans la guerre, d’où naissent tant de querelles, de passions, d’entreprises hardies et souvent mauvaises, etc.., j’ai dit souvent que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. […] » Blaise Pascal, Pensées, Éditions de Port-Royal : chap XXVI.

[2] La réponse de l’un d’entre eux sur l’échec certain du modèle actuel constitue d’ailleurs une anecdote croustillante. Gilles Vernet souligne que beaucoup des acteurs de ce milieu sont dotés d’une intelligence certaine, et comprennent donc les tenants et les aboutissants de la crise. La réponse d‘un de ses collègues sur le pourquoi continuer à œuvrer dans les rouages d’un tel système est édifiante, et pourrait être celle de chacun d’entre nous : « Il faut bien que je termine de payer ma maison à Neuilly ».

Tags:
CinémaSociété
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