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Le prêtre “rigide et mondain” ? Un fonctionnaire “ridicule” qui fait fuir tout le monde

Pope Francis during a special audience with priests and seminarists – fr

© MASSIMILIANO MIGLIORATO/CPP

Isabelle Cousturié ✝ - publié le 18/12/16

Pour Noël, le Saint-Père presse le clergé sur le chemin du changement, sans mâcher ses mots !

Le cléricalisme ? Un mal dominé par “l’arrogance et la tyrannie”… Un prêtre “rigide et mondain” ? Un fonctionnaire “ridicule” qui fait fuir tout le monde. Le pape François, par deux fois cette semaine, a choisi des mots forts pour encourager les prêtres à un examen de conscience avant Noël. Les deux fois pendant ses messes matinales, à la Maison Sainte-Marthe, où il réside : tout d’abord le 9 décembre – jour de la sortie d’un nouveau document du Vatican sur la formation sacerdotale – puis le 13 décembre, jour de son ordination sacerdotale, il y a 47 ans.

Pour couronner le tout, le 15 décembre, il a invité les pasteurs à prendre exemple sur saint Jean Baptiste, qui avait le verbe haut et direct durant ses prédications, mais “comprenait la situation des gens, les aidait à grandir dans la foi”, passant lui aussi par “des doutes”, mais toujours fidèle à sa vocation et à la vérité.

Les prêtres, des médiateurs pas des intermédiaires

Pour transmettre l’amour de Dieu, les prêtres sont appelés à être des “médiateurs” et non des “intermédiaires” a souligné le pape François, lors de la messe du 9 décembre. Dans son homélie, centrée sur les tentations qui “peuvent mettre en danger” leur service, le Saint-Père a cité “la rigidité” et la “mondanité qui relèvent d’un état “schizophrénique”, toxique pour le peuple de Dieu, qui s’éloignera de lui, mais aussi pour le prêtre qui vivra au fond de lui “un vrai drame”. Un prêtre mondain, rigide, est “un insatisfait parce qu’il a pris la mauvaise route”.

Les prêtres insatisfaits sont “loin de la logique de Jésus”, a insisté le Pape. Au lieu de “s’annuler “, de “donner leur vie”, de “payer de leur vie” pour “rassembler le troupeau et le conduire à Jésus”, ils passent leur vie “à se plaindre, à être triste”, ou alors “à chercher continuellement de nouveaux projets ou initiatives” pour se “faire voir” ou “faire sentir leur autorité”. Ces deux situations, a souligné le Pape “transforment le prêtre en fonctionnaire et finissent par le rendre ridicule” . Pas comme les vrais prêtres qui n’ont pas peur de se “salir les mains”, de “jouer avec les enfants”, qui “gardent le sourire et ont le sens de l’accueil”.


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Avant Noël, le souverain pontife a alors invité les prêtres à un examen de conscience, à se demander dorénavant chaque jour : “Aujourd’hui ai-je été un fonctionnaire ou un médiateur ? Ai-je cherché mon propre confort ou suis-je allé au service des autres ? Comment je veux finir ma vie de prêtre ? Comme fonctionnaire, comme intermédiaire, ou comme médiateur, c’est-à-dire en croix ?”.

Ces “intellectuels de la religion”

Et puis il y a le cléricalisme qui “instrumentalise la loi et tyrannise le peuple de Dieu”, lequel se sent “abusé, écarté”. Un mal qui « était présent au temps de Jésus et l’est encore aujourd’hui », a déclaré le Pape, l’air visiblement contrarié, le 13 décembre dernier, jour de son ordination sacerdotale.  Pour le Saint-Père,  ce “mal” est  “un des fléaux les plus sérieux” qui affligent l’Église, comme il le disait encore tout récemment devant ses frères jésuites.

A tous ces «  intellectuels de la religion », comme il appelle ceux ceux qui se laissent “séduire par le cléricalisme”, le souverain pontife a rappelé que “leurs victimes” les précèderont au royaume des cieux. Leurs victimes, selon le Saint-Père, ce sont “les exclus, ce peuple pauvre et humble qui a foi en Dieu” qu’ils regardent “avec orgueil et suffisance” et refusent de considérer parce qu’ils n’ont pas suivi la loi à la lettre, “même lorsqu’ils se repentent”.

Ces victimes, a insisté le Pape, “souffrent de ces injustices”, se sentent “condamnées”, “abusées”. Le cléricalisme est un mal “très laid”  qui “efface les lois du Seigneur”. Ces “intellectuels de la religion”   enseignent unemorale sortie de leur propre intelligence et non de la révélation de Dieu”. Le Pape a cité l’exemple du traitement fait à Judas, un “traître” qui a “beaucoup péché” mais s’est “repenti”. Il a voulu rendre l’argent de sa trahison, mais n’a pas été accueilli par les prêtres, oublieux de ce que doit être un pasteur. Ces “intellectuels de la religion (l’ont) rejeté, laissé seul”.


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La « grâce du doute »

“Les pasteurs doivent dire la vérité mais être toujours compréhensifs”, a ensuite exhorté le Pape, le 15 décembre dernier, toujours à Sainte-Marthe. En ce temps de l’Avent, les prêtres, comme tout un chacun, sont appelés à “un changement de vie”. Pour cela, ils ont pour modèle le “grand” saint Jean Baptiste, qui incarne “un beau programme de vie chrétienne”, leur a-t-il rappelé. Ce “géant de la foi” prêchait la conversion et “n’y allait pas à demi-mot pour condamner les orgueilleux”. Mais à la fin de sa vie, il s’est permis “de douter” : Jésus n’était pas un Sauveur “comme il se l’était imaginé”. Les “grands”, a commenté le Pape, “sont sûrs de leur vocation mais à chaque fois que le Seigneur leur montre une nouvelle route (…), il doutent. (…) Le diable est à l’œuvre et il ne manque pas d’amis qui l’aident”. Mais les “grands” doutent  par fidélité “à ce que le Seigneur leur a demandé”, précisément comme Jean le Baptiste, “fidèle à sa vocation et à la Révélation”.

François a encouragé les prêtres à demander “la grâce du doute”. Car, tant de fois, a-t-il conclu, à la fin de sa vie, est-il arrivé qu’un prêtre se demande : “mais tout ce à quoi j’ai cru est-il vrai ou ne sont-ce que des fantasmes ?”.

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