Portrait d’une femme qui partage sa vie entre l’hôpital et son atelier d’enluminure. Très vite jugé inutile à l’apparition de l’imprimerie au XVe siècle, le métier d’artisan enlumineur a bien failli disparaitre. De cet art, nous connaissons peu de chose sur les techniques et les méthodes d’apprentissage. Madeleine Leroux, une jeune infirmière de 29 ans, fait partie de ces professionnels passionnés qui redorent le blason d’artisanat d’art de l’enluminure. Elle reconnaît de sa voix douce y « être arrivée un peu par hasard ».
Le besoin de retourner vers le beau
Madeleine a toujours travaillé comme infirmière dans des unités de soins palliatifs. « J’aime beaucoup mon métier. Accompagner des personnes en fin vie est très beau. Cependant, la réalité du terrain est particulièrement rude avec parfois quatre à cinq décès par semaine. » La jeune femme a senti le besoin de se ressourcer afin de retrouver une réalité plus simple dans un métier manuel : « L’enluminure m’a semblé être un artisanat d’art plein de vie, porteur de fruits par sa beauté pour les autres et pour moi-même. »
Cessant temporairement son activité pour suivre une scolarité de deux ans à Institut Supérieur Européen de l’Enluminure et du Manuscrit (ISEEM), seule école en Europe à délivrer des diplômes reconnus par l’État, Madeleine est à présent enlumineur de France autoentrepreneur. Elle n’a pas abandonné son métier de soignante pour autant. « Je ne suis pas une artiste détachée de la réalité, bien au contraire ! Ma profession d’infirmière nourrit ma création. J’irai même jusqu’à dire que ce sont deux métiers complémentaires. » En effet, être enlumineur de France c’est accepter de travailler dans une silencieuse solitude au cœur de son atelier. Le manque de contact humain peut alors sembler aride. En enfilant sa blouse d’infirmière, elle retrouve son inspiration dans l’accompagnement de ses patients en fin de vie.
La recherche de l’excellence
Ce qui frappe dans les œuvres de Madeleine, c’est la finesse des détails. Les couleurs chatoyantes délicatement peintes sur le parchemin vous plongent dans un univers apaisant. L’aspect très structuré de ses dessins témoigne d’une artiste perfectionniste. « Je fais attention à ne pas tomber dans le loisir créatif. Il fait préserver cet artisanat d’art en cherchant sans relâche l’excellence. Je garde un œil très critique sur mes productions. » Elle ajoute en souriant : « Il ne faut pas oublier que seul ce que Dieu créé est parfait. Je Lui laisse toute la place dans mon travail pour qu’il touche les cœurs par la beauté. »
Madeleine s’inspire également d’une très grande artiste : Bradi Barth. Cette dernière a consacré la majeure partie de sa carrière à l’art religieux estimant avoir reçu ce don pour la peinture des mains de Dieu. Une exposition sera consacrée à Bradi Barth du 8 au 22 janvier à Versailles. Madeleine Leroux sera présente les dimanches et lundis après-midi pour présenter ses productions mais également réaliser des démonstrations de cet art méconnu du grand public.