« Un geste éloquent » pour la Syrie et le monde.
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Le pape François a envoyé une lettre au président Bashar el-Assad pour promouvoir “une résolution pacifique” du conflit syrien. C’est en ces termes que le Saint-Siège a expliqué le geste du Saint-Père, rapporté le 12 décembre par l’agence de presse syrienne SANA qui publie quelques extraits de la missive. On y découvre “un appel” au président syrien et à la communauté internationale à “mettre fin aux violences” dans le pays et “une condamnation” contre toute forme d’extrémisme et de terrorisme, “d’où qu’elle vienne”.
Un émissaire nonce et cardinal
L’identité de l’émissaire de cette lettre éclaire d’un jour particulier la démarche du Saint-Père. En effet, le tout nouveau cardinal Mario Zenari est nonce apostolique en Syrie : “Cette nomination est très éloquente (…) créer cardinal un nonce qui reste à son poste c’est comme si le Pape disait “Je suis avec là avec lui”. Sa pourpre, il l’avait donc dédiée à la Syrie, “à tous ceux qui souffrent de ce terrible conflit (…) à tous ces gens, tous ces enfants qui souffrent et paient les conséquences de ce terrible conflit”, a-t-il confié dans un entretien à Radio Vatican. Encouragé par le soutien du Pape, le nonce espérait que ce “signe” de proximité du Saint-Père serait “le plus possible utilisé”. C’est chose faite : deux mois plus tard, le voilà déjà aux côtés du président syrien, pour lui remettre une missive. Selon l’agence Sana, ce dernier aurait apprécié le caractère “insolite” de cette nomination. Il voit également “un signe de la grande importance que le Pape attache à la Syrie et à son peuple” .
Pour ne pas s’habituer aux guerres
Depuis le début de son pontificat le pape François suit une logique de paix fondée sur le dialogue : faire dialoguer les États, les religions, les religions et les États entre eux. En envoyant une lettre au président el-Assad, il ne déroge pas à cette logique, révélant une vision très claire de ce qui se joue sur l’échiquier international et du rôle que lui-même, quelles que soient les circonstances, peut jouer en intervenant directement auprès des autorités internationales. Dans sa lettre au président syrien, Il réclame le plein respect du droit humanitaire international, notamment la protection des civils et l’accès à l’aide humanitaire. En réponse, toujours selon l’agence syrienne, le Bachar el-Assad aurait garanti au cardinal Zenari que “l’État et le peuple syrien ” sont déterminée à réstaurer la “sécurité et la stabilité” et à poursuivre “le chemin des réformes”, comme “chemin idéal pour atteindre cet objectif”.
Dimanche, à l’angélus, le souverain pontife a lancé un nouvel appel pour les habitants de Syrie, et pour la protection des habitants d’Alep. “Hélas, nous nous sommes habitués à la guerre, à la destruction, a-t-il déploré, “je fais appel aux efforts de tous, pour qu’un vrai choix de civilisation soit fait : non à la destruction, oui à la paix, oui aux habitants d’Alep et de Syrie”.
Une politique de paix “active et créative”
A l’appui, son 50ème message pour la Journée mondiale de la paix, consacré en 2017 à” la non-violence”, comme style d’une politique de paix “active et créative”. Celle-ci consiste à « obtenir la résolution des différends par la négociation, en évitant que ceux-ci dégénèrent en conflit armé », expliquait le Saint-Siège à sa parution en août dernier. Car, y réaffirme le Pape, “la violence n’est pas le remède pour notre monde en morceaux. Répondre à la violence par la violence conduit, dans la meilleure des hypothèses, à des migrations forcées et à d’effroyables souffrances”.
Le souverain pontife compte sur son nouveau dicastère – le Conseil pour le Service du Développement humain intégral – dès son entrée en fonction le 1 janvier prochain, pour entretenir des “relations avec les conférences épiscopales” et ainsi les aider à “promouvoir de manière toujours plus efficace” les moyens qui peuvent aider à libérer le monde de toute cette violence. Un défi que sont invités à appuyer tous “les leaders politiques et religieux, les responsables des institutions internationales et les dirigeants des entreprises et les media” du monde entier. En 2017, “engageons-nous, par la prière et par l’action, à devenir des personnes qui ont banni de leur cœur, de leurs paroles et de leurs gestes, la violence, et à construire des communautés non-violentes, qui prennent soin de la maison commune. Rien n’est impossible (…) Tous nous pouvons être des artisans de paix”, exhorte le Saint-Père à la fin de son message qu’il adresse aux peuples et aux nations du monde, aux Chefs d’État et de Gouvernement, ainsi qu’aux responsables des communautés religieuses et des diverses expressions de la société civile.
La Journée mondiale de la paix a été instituée par le pape Paul VI. Traditionnellement, elle marque aussi “la ligne diplomatique” du Saint-Siège pour l’année à venir.