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Le renoncement de François Hollande : un président n’a jamais fait ça !

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© OLIVIER MORIN / AFP

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Philippe Oswald - publié le 02/12/16

Après l’élimination de Nicolas Sarkozy dans la primaire de la droite, le renoncement de François Hollande à la présidentielle est un nouveau coup de tonnerre dans un ciel tourmenté.

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Coïncidence : quelques heures après que sa majorité a voté le « délit d’entrave numérique à l’IVG » dénoncé à droite mais aussi parfois à gauche, comme une stupéfiante atteinte à la liberté d’expression, François Hollande annonce qu’il ne sera pas candidat à sa propre succession. C’était en direct de l’Elysée, jeudi soir, 1er décembre. « C’est un coup de tonnerre », commente Le Nouvel Obs : « La déclaration était courte, 12 minutes, mais sous tension. Depuis l’Elysée, le chef de l’État annonce d’une voix blanche : « Je suis conscient des risques que ferait courir une démarche, la mienne, qui ne rassemblerait pas largement autour d’elle. Aussi, j’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle. »

Une première sous la Ve République

C’est la première fois sous la Ve République qu’un président renonce à concourir pour un second mandat. Il est vrai qu’aucun autre n’a été aussi impopulaire, non seulement en raison de la loi Travail mais de la loi Taubira instituant mariage homosexuel, reconnaît Le Monde. Pourtant, dressant un rapide bilan de son quinquennat, le chef de l’État n’a exprimé qu’un seul regret : avoir proposé la déchéance de la nationalité. Tout le reste, à ses yeux, est positif. La rédaction de Causeur n’en revient pas : « J’ai réussi et donc je ne me représente pas : voilà finalement ce que vient de dire (…) François Hollande, dans une ultime tentative de transformer le plomb en or. En se retirant de la course, il choisit la voie de la moindre humiliation et ouvre en même temps une longue période d’inter-regnum. Le pouvoir, déjà très affaibli par Hollande, sera désormais encore plus faible. Le Premier ministre – dont on comprend mieux le petit jeu de ces derniers jours – démissionnera sûrement bientôt. Le sommet de l’État restera, lui, ce qu’il a été pendant cinq ans : impuissant, sans importance. »

« Une grande période d’incertitude à gauche »

« La décision du chef de l’État ouvre une grande période d’incertitude à gauche, où le premier ministre Manuel Valls est pressenti pour prendre la relève » analyse Le Monde. « François Hollande devait engager à la rentrée en septembre une nouvelle dynamique avec une série de discours marquants et de déplacements en France. Mais la sortie du livre de confessions, Un président ne devrait pas dire ça…, des journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, a marqué un coup d’arrêt. L’ouvrage a surtout provoqué une réaction de rejet au sein des troupes socialistes, qui n’ont pas compris les intentions présidentielles. Le divorce semblait dès lors prononcé. La pression exercée par Manuel Valls ainsi que le « lâchage » opéré par certains de ses proches – Michel Sapin ou encore Jean-Yves Le Drian – a fait le reste. »

«Personne n’a tué François Hollande » 

Vendredi matin, sur France Inter, l’économique Thomas Piketty (soutien de Jean-Luc Melanchon) estime que le renoncement de François Hollande est « la meilleure décision que François Hollande ait prise depuis très longtemps ». « Cela aurait dû arriver un peu plus tôt », ajoute-t-il, grinçant. De son côté, Benoît Hamon (candidat à la primaire de la gauche, ancien ministre de François Hollande devenu un opposant depuis la loi Travail), s’agace sur RTL quand on l’accuse d’avoir provoqué sa chute : « Il ne peut plus rassembler sa propre famille politique. Personne n’a tué François Hollande, arrêtez d’employer cette expression. Le président de la République, à raison de la politique qu’il a faite et de la façon dont les gens la perçoivent, a fait un choix ».

« Navrante tentative d’autojustification » 

Dans Le Figaro, l’éditorial d’Alexis Brézet est un réquisitoire : « Il aurait pu, pour son dernier message politique, prendre un peu de hauteur. Adresser aux Français une exhortation solennelle. Laisser à la gauche un testament spirituel. Fouetter les énergies, transmettre le flambeau. Au lieu de cela, qu’avons-nous vu? La navrante tentative d’autojustification, prononcée d’une voix blanche, d’un homme comme absent de lui-même. Triste épilogue d’un quinquennat nul et non avenu : poussé vers la sortie par Manuel Valls, et plus encore par l’évidence d’un désastre, personnel et politique, qui n’a aucun précédent sous la Ve République, François Hollande n’a pas même cherché à sauver les apparences. Une fois encore, il ne décide rien : il s’incline. »

La presse étrangère n’est pas plus tendre. En Allemagne, relève Valeurs Actuelles , selon la Frankfurter Allgemeine Zeitung, François Hollande laisse derrière lui « Un champ de ruines ». « Bild pointe du doigt le bilan négatif du chef de l’État, notamment sur le plan du chômage et de la déchéance de nationalité. (…) »Les socialistes plongent dans le chaos » écrit Der Spiegel, ajoutant que « la gauche française n’a pas de successeur ».

Même tonalité en Grande-Bretagne, rapporte Les Echos : « En refusant de participer à l’élection, il évite l’humiliation d’une défaite quasi certaine au premier tour », écrit le Times of London  journal gratuit. The Times, pour sa part, rappelle que la décision du « très impopulaire » président français constitue « une première dans l’ère moderne du pays. »

Voie libre pour Valls…derrière Macron et Mélenchon

« Son renoncement rebat les cartes à gauche, commente Le Parisien. Manuel Valls a désormais la voie libre et pourrait annoncer dès samedi (…) qu’il est candidat à la primaire de la gauche. Il pourrait également quitter rapidement Matignon pour se lancer dans la campagne. » Mais, objecte La Dépêche, « il hérite d’une position guère plus enviable, à en croire les sondages réalisés avant l’abandon de M. Hollande : il est crédité de 9% à 11% seulement d’intentions de vote, selon de récents sondages. Lui aussi est derrière son ex-ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, et le candidat de la gauche de la gauche, Jean-Luc Mélenchon. »

La primaire de la gauche se trouve-t-elle clarifiée par la renonciation de Hollande, comme le suggère le Huffington Post ? « Puisqu’il n’y a plus un chef de l’État sortant, candidat naturel à sa succession, qui aurait attiré à lui des électeurs légitimistes pas forcément en phase avec sa ligne, la primaire va se résumer à cette question : faut-il continuer avec la gauche sociale-libérale de la deuxième partie du quinquennat qui sera incarnée par Manuel Valls ou aller vers la gauche des frondeurs qu’Arnaud Montebourg et Benoît Hamon vont défendre ? ».

Alors, que feront les proches de François Hollande ? « Ses amis hésitent sur le candidat à soutenir à la présidentielle » constate Paris Match : « Il y a d’abord les loyalistes. Comme Michel Sapin qui confiait il y a quelques jours qu’il serait légitimiste et que si François Hollande n’était pas candidat, il soutiendrait Manuel Valls. (…) Pas question pour lui de se rallier à Emmanuel Macron. Michel Sapin en est persuadé, l’ex-ministre a «atteint le plafond de sa popularité ». (…)D’autres risques d’avoir plus de mal à rallier le Premier ministre, responsable, selon eux, de « l’empêchement » du chef de l’État. « Valls, ça ne rassemble pas la gauche, lâchait il y a moins d’une semaine un fidèle. Et puis, il y en a trois qui ne voudront pas de lui : Martine Aubry, Christiane Taubira et Anne Hidalgo ».

Sur Europe 1, l’ami fidèle de François Hollande, l’avocat Jean-Pierre Mignard, se dit déjà prêt à « aider » Emmanuel Macron. En deux semaines, deux présidents de la République et un ancien premier ministre sont sortis de la course à la présidentielle. Une situation inouïe !

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François HollandePresse
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