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“Je me retrouve à Alep à faire le pompier, l’infirmier, l’aide-soignant et, en dernier, le prêtre”

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©YouTube/Tempi

Marinella Bandini - publié le 29/11/16

Le père Ibrahim Alsabagh, frère franciscain à Alep, raconte sa mission de prêtre en Syrie.

Un proverbe arabe dit : « Plus un tapis reçoit de coups, plus il est propre et resplendit. » De la même manière : « Sous les coups de la guerre en Syrie, la communauté chrétienne est purifiée. » Ces mots ont été prononcés par le père Ibrahim Alsabagh, un frère franciscain, curé de l’église de Saint-François à Alep.

Le père Ibrahim a récemment présenté en Italie son livre Un istante prima dell’alba (Un instant avant l’aube, en français) : un recueil de lettres, d’articles et de conférences sur la situation actuelle en Syrie. C’est une sorte de journal couvrant la période de janvier 2015 à juin 2016 : deux cents pages d’épisodes, de questionnements (de la population comme du prêtre), de témoignages et de réflexions ; mais surtout d’espérance cette lumière qui, même au milieu des nuages, annonce l’aube d’un nouveau jour. « Telle est la logique de la foi : nous sommes pleinement conscients de ce qui se passe autour de nous. Mais dans notre cœur règne la certitude que, grâce à la foi, nous aurons la force de résister et de rêver à un monde meilleur, et commencer à le construire dès maintenant avec nos mains. »

On manque de tout 

L’église de Saint-François se trouve à 60 mètres des positions des rebelles. Il y a quelques semaines, un missile est tombé sur un terrain de la paroisse. La situation peut vraiment exploser d’un moment à l’autre. Dans la ville, on manque de tout : d’eau, de nourriture, d’électricité, d’essence et de travail. La situation actuelle est confuse, on ne peut imaginer l’avenir. Mais c’est ici que l’espérance et la charité naissent de la foi. À l’église Saint-François, en plus des bombes et des missiles, pleuvent les miracles. Le miracle de la vie, la possibilité de distribuer de la nourriture à 600 familles chaque mois, de fournir de l’eau et des médicaments, de réparer des maisons, de payer des prêts immobiliers, de permettre aux jeunes d’étudier, d’organiser un camp d’été pour plus de 200 enfants. Ces sont là des signes d’espérance, même s’ils ne signifient pas la fin des combats. Ce sont là des exemples de l’église qui devient « bras, mains, pieds, esprits et cœurs. » Mais « le vrai miracle est la conversion des cœurs. Et ce que Dieu accomplit ici dans les cœurs est un véritable miracle. »

« C’est le Seigneur qui écrit l’histoire », a déclaré le père Ibrahim. Lui, simple être humain, il y a certaines choses qu’il n’aurait même pas entreprises, ou bien qu’il aurait faites différemment. Mais il a suffi de répondre par l’affirmative à Dieu pour que la providence commence à agir. Toute la journée, de 7h30 à 23h, le père Ibrahim est au service des autres, quels qu’ils soient. « La force de répandre cette charité ne vient pas de moi. Si je ne puisais pas ma force en Dieu, je ne pourrais rien faire. Pour moi, la prière est essentielle » raconte le père Ibrahim. Qu’est-ce que cela signifie de semer l’espérance quand un enfant meurt ou quand une maison est détruite ? Quand les enfants perdent le sommeil, et deviennent des experts en missiles au lieu de l’être en jeux et en chocolats ? « Nous ne sommes pas à même de faire face à la crise humanitaire, mais nous nous penchons sur les plaies de l’humanité et sur l’homme privé de sa dignité, des milliers de fois par jour. »

“Je ne suis pas inquiet à l’idée de mourir demain”

C’est une gratitude contagieuse : « Nous ne voulons pas que la souffrance mène à l’égoïsme et au repli sur soi. Elle doit nous purifier, nous faire sortir de nous-mêmes pour aller aider notre prochain qui souffre. Elle doit nous encourager à prier pour les autres, même pour ceux qui nous lancent des missiles. » La charité, dit-il, « aura toujours le premier et le dernier mot sur tout ». « Parfois, je ris de moi-même, car j’aime les livres et les études théologiques, et je me retrouve à Alep à faire le pompier, l’infirmier, l’aide-soignant et, en dernier, le prêtre. »

Le père Ibrahim est arrivé il y a deux ans, en disant oui à ce qu’il savait être le plan de Dieu pour sa vie. Depuis lors, vingt projets humanitaires sont nés, en plus de son service pastoral qui implique les messes, les confessions, les visites aux personnes dans leurs foyers et les initiatives paroissiales. L’année dernière, à la fin du mois d’octobre, une bombe a touché la coupole de l’église pendant la messe du soir à laquelle il y a le plus grand nombre de fidèles. Miraculeusement, il n’y a pas eu de victimes. Depuis lors, les structures paroissiales ont été touchées à plusieurs reprises. Le 12 décembre 2015, la Porte Sainte a été ouverte : « Depuis que je suis arrivé – confie le père Ibrahim – j’ai compris que mon service est d’ouvrir la porte de la miséricorde de Dieu à tous ceux qui souffrent. » Il dit : « Je ne suis pas inquiet à l’idée de mourir demain (…). L’idée qui me fait le plus peur est de ne pas avoir pu donner tout ce que je pouvais aux personnes qui frappent à nos portes. »

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AlepChrétiens en SyrieÉgliseGuerrePrêtre
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