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À quoi ressemblera l’homme de demain ?

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La rédaction d'Aleteia - publié le 28/11/16

Analyse de la pensée transhumaniste et esquisse des conséquences qu'elle pourrait avoir sur l'humanité.

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Qu’est-ce que le transhumanisme ? Si le terme apparaît pour la première fois en 1957 sous la plume de Julian Huxley, c’est surtout à partir de 1980 qu’il sera utilisé pour désigner la double réalité technique et philosophique naissante suite au développement de quatre sciences majeures : la nanotechnologie, la biotechnologie, la technologie de l’information et la technologie du cerveau (NBIC).

Dans la perspective transhumaniste, ces sciences peuvent être utilisées pour ceux qui désirent se servir de la technologie pour accroître leurs capacités physique, mentales ou reproductives et d’être davantage maîtres de leur propre vie, quitte à s’épanouir en transcendant nos limites biologiques actuelles. [1]

Les progrès exponentiels de ces sciences combinées sont tels que les responsables du mouvement transhumaniste, comme Raymond Kurtzweil, affirme que l’être humain en tant qu’espèce sera dépassé à l’horizon de l’année 2030.

C’est surtout la convergence des quatre sciences qui permettent cet extraordinaire bon technologique. Or, ces découvertes scientifiques et les applications qui en découlent transformeront tellement la société et surtout l’homme que la vie quotidienne et le rapport au monde en sera bouleversé.

À titre d’exemple de ces applications prévues, on peut citer pêle-mêle : des greffes d’organes artificiels, la mise au point de cornées construites à partir de polymères, des yeux bioniques affichant des informations à la demande, des puces greffées dans le cerveau capables d’augmenter la mémoire ou les capacités de raisonnement, une intervention illimitée sur le développement de l’embryon, etc. Le transhumanisme touche tous les aspects de la vie et s’appuie sur une philosophie et une certaine vision de la vie.

L’être humain 2.0

Car c’est bien à une nouvelle vision d’ensemble de l’existence et à une nouvelle définition de la vie qu’appelle le transhumanisme. Ainsi le corps de « l’être humain 2.0 » devrait voir le jour à partir de 2030. Sa nouveauté ? Être saturé de nano-robots qui détruiront les agents pathogènes, corrigeront les erreurs de notre ADN, élimineront les toxines et effectueront toutes sortes d’autres tâches pour améliorer notre bien-être physique [2]. C’est bien d’une fusion entre l’homme et la machine qu’il s’agit. Comme le signale Jean-Michel Truong : les ordinateurs étaient à l’origine des machines très grossières et distantes, dans des pièces climatisées où travaillent des techniciens en blouse blanche. Ils sont ensuite arrivés sur nos bureaux, puis sous nos bras et maintenant dans nos poches. Bientôt, nous n’hésiterons pas à les mettre dans notre corps et notre cerveau [3] et le scientifique Joël de Rosnay de surenchérir : l’homme du futur sera le résultat d’une complémentarité, et il faut l’espérer, d’une symbiose, entre un être vivant biologique et ce micro-organisme hybride (électronique, mécanique, biologique) qui se développe à une vitesse extraordinaire sur la terre et qui va déterminer, en partie, son avenir [4].

Selon Jean-Guilhem Xerri, trois étapes sont à envisager dans ce développement de l’être humain :

1) L’homme réparé qui pourra remplacer de plus en plus facilement ses membres ou ses organes abîmés par des prothèses ou des nouveaux organes.

2) L’homme transformé qui sera implanté de puces bioélectroniques capables de détecter toutes les anomalies et de les corriger. Il sera aussi capable de coupler son cerveau à des cerveaux informatiques et à s’interfacer à des machines. Ce faisant, il s’ouvre à des perceptions encore inconnues jusqu’ici (qui peut imaginer ce que c’est que d’avoir sa conscience projetée dans Internet, de voir par l’œil de sa caméra de surveillance, de sentir une couleur, de goûter un son ?)

3) L’homme augmenté qui sera l’ultime phase de développement. Ici, on peut réellement parler de cyborgs tel que la littérature de science-fiction nous en montre depuis un siècle : puces installées dans le cerveau décuplant les capacités cognitives ou régulant les réactions émotionnelles, robustesse physique décuplée, réflexes époustouflants, capacité de se reproduire sans relation sexuelle au moyen de matrice artificielle et surtout une santé qui vacille de moins en moins et s’auto-répare avec de plus en plus d’efficacité jusqu’à rallonger drastiquement l’espérance de vie… voire de vaincre la mort [5].

À nouveau, on peut difficilement imaginer ce que serait ce monde d’interconnectés transformés et immortels reprogrammés pour la félicité perpétuelle. On peut légitimement se demander s’il s’agit encore de l’humanité. Les transhumanistes répondent, sans hésiter et en le revendiquant, par la négative. Jean-Michel Truong, dans ses écrits, crée la figure du Successeur, appelé à remplacer l’espèce humaine à court terme : cette forme de vie nouvelle susceptible de prendre la suite de l’Homme comme habitacle de la conscience. [6]

Comme nous le verrons, tout l’enjeu philosophique est là. Ceux qui s’opposent au transhumanisme le font au nom d’une « humanité » qu’il faudrait conserver [7]. Les transhumanistes, loin d’atténuer cette disparition prochaine de l’humanité, l’appellent au contraire de leurs vœux avec parfois des accents proches du messianisme : non seulement le transhumanisme est, comme le marxisme ou le consumérisme, ce que les sociologues appellent une « religion analogique » (une idéologie qui ne se reconnaît pas elle-même comme une religion mais qui fonctionne rigoureusement comme telle), mais il est, plus que les autres « religions analogiques », une technicisation du Salut : le Salut y est acquis par les œuvres techniques humaines, et de ce fait devient lui-même un moyen et non plus une fin. [8]

On le voit, le transhumanisme n’est pas une lubie pour scientifiques farfelus ou pour amateurs de récits de science-fiction. On trouve parmi ses ardents promoteurs l’Association internationale du transhumanisme présidée par le suédois Nick Böstrom dont le siège se trouve à l’université d’Oxford, des scientifiques haut placés dans des organismes d’état très puissants (comme l’Agence des projets en recherche avancée pour la défense (DARPA) ou la Fondation nationale des sciences (NSF)), et bien sûr des géants de l’entreprise comme Google.


[1]    Déclaration de l’Association Transhumaniste Mondiale citée par Jean-Guilhem Xerri, Le Transhumanisme ou quand la science-fiction devient réalité, Documents Episcopat, n°9, 2013, p 8.
[2]    Ray Kurtzweil, Humanité 2.0, M21 éditions, 2007, p 245.
[3]    Jean Michel Truong, Totalement inhumaine, Ed. Les empêcheurs de penser en rond, 2001, p 332.
[4]    Joël de Rosnay, L’homme en pièces détachées est-il toujours humain ? in Figaro Magazine, 21/02/2004.
[5]    Jean-Guilhem Xerri, ibidem, pp 12-13.
[6]    Jean Michel Truong, Totalement inhumaine, Les Empêcheurs de penser en rond, Paris, 2001, p 49.
[7]    Encore faudrait-il réfléchir à la vaste question de ce qu’est l’humanité. Question ancestrale mais qui se pose aujourd’hui avec acuité.
[8]    Frédérick Rognon, Que pensent les protestants du transhumanisme ? in Réforme.net, 29/01/14.

Tags:
BioéthiqueHommeshumanitéRobotTranshumanisme
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