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Dans un confessionnal tout le monde passe. Le confessionnal est un lieu de mission. C’est comme partir vers des terres inconnues et évangéliser, annoncer la rédemption du Christ, Sa miséricorde envers l'homme, proclamer l’amour de Dieu pour ceux qui ne le connaissent pas encore. Dans un confessionnal se déverse un monde de douleur, un monde de souffrance, un immense besoin d'être écouté, de partager des situations que, seul, on ne peut plus supporter ; dans un confessionnal entre un grand besoin d’être pardonné.
La souffrance d’avoir tué
J’ai déjà entendu la confession d’adultes qui avaient tué. De jeunes aussi. Un homme m'a dit qu'il n’avait pas tué en légitime défense, mais pour voler. Il regrettait le terrible acte qu'il avait commis et en était bouleversé. Quand il est venu à moi, il tenait dans sa main une Bible. Il voulait sortir de cette situation et changer.
J’ai eu plusieurs cas dans cette situation. Et ces personne pensaient que Dieu ne pouvait pas leur pardonner. Je leur répondais que si, avec toute mon âme, avec force, avec toute la clarté. Dieu s’est fait homme pour être avec nous. Il est venu pour pardonner, aimer, embrasser. Il s’est incarné pour marcher avec nous. Le pardon de Dieu est une force d'amour ; et la souffrance va bien au-delà du sentiment naturel de dégoût pour le mal que nous faisons. Le pardon de Dieu nous donne la volonté de réparer, de corriger notre vie.
La souffrance d’avoir avorté
Beaucoup de mères sont venues à mon confessionnal avec la souffrance d'avoir abandonné leurs enfants, même après de nombreuses années. Pour des raisons diverses : parce qu'elles avaient perdu leur travail et ne savaient pas comment les nourrir, ou parce que le mari les avait abandonnées, ou pour les deux raisons. Toujours avec ce poids, elles demandent pardon, essayent de se justifier par la nécessité, mais toujours avec une grande souffrance dont elles ne parviennent pas à se libérer. Ce sont des mères qui savent, souvent, qu’elles ont commis un crime et cela rend la vie amère, malgré toutes leurs justifications.
L'avortement pèse également énormément dans la vie d'une femme. Certaines femmes qui viennent au confessionnal au bout de nombreuses années n’arrivent pas à se débarrasser de ce poids. Quand elles ont avorté dans leur jeunesse, ces femmes me disent : "Père, je ne savais pas ce que je faisais. Maintenant je me rends compte que j’ai tué mon enfant". Au fil des ans, elles ont eu d’autres enfants, voient leur beauté, les voient grandir à leurs côtés et pensent à celui qu’elles n’ont pas voulu. Cela est très dur, surtout quand il y a eu plusieurs avortements. Je me souviens d’une femme qui en avait commis six. Et une autre, cinq.
Parfois, elles essaient de minimiser, comme s’il n’était arrivé rien d’irréparable. Mais elles savent très bien en leur for intérieur, que ce n'est pas un acte anodin, même si la nature humaine se protège de la souffrance en essayant de l’encapsuler et la reléguer dans le passé. Dans la majorité des cas, la décision d’avorter ne vient pas d’elles, mais des parents qui font pression sur elles. Ou bien de leur partenaire, qui paie l’avortement afin que personne n’en sache rien.
Souvent aussi, la jeune fille décide d’en finir avec la grossesse, en raison de sa situation financière, parce qu’elle est sans emploi, qu’aucun des deux n’a de travail ou parce que son emploi est précaire.
Autre raison fréquente d’un avortement : les tensions avec le partenaire, le fiancé ou le mari, la peur d’une relation qui ne va pas durer, la peur de rester seule avec son enfant etc. Je les écoute, je les regarde et j’ai conscience que c’est dur ; que, pour elles, c’est très douloureux ce qu’elles sont venues confesser. Comment prendre à la légère le pardon de Dieu ?
Les figures de la Bible à qui Jésus a pardonné
Avec ces femmes, je parle des personnages de la Bible à qui Jésus a pardonné. Marie-Madeleine, la femme adultère, la veuve de Naïm. Ou encore Zachée, le fils prodigue, le voleur repenti. Ils ont passé toute leur vie à faire des choses terribles et, grâce à seulement une parole de repentir, Jésus leur a pardonné.
Dieu est venu pour pardonner
Je leur dis aussi que Dieu les embrasse, que Dieu les aime, qu’Il les aime et chemine avec elles. Qu’Il est venu pardonner, pas châtier ; qu’Il est venu pour être avec nous, qu’il a laissé le Ciel pour partager notre condition d’hommes qui s’égarent. Comment, alors, pourrions-nous avoir peur ?
Grâce à Dieu, le confessionnal est aussi un lieu de vie. Toujours, parce qu’il régénère, fait naître quelque chose de nouveau qui, auparavant, n’existait pas. Mais c’est aussi un lieu de vie, lorsqu’une jeune fille prend conscience que ce qu’elle envisage de faire est négatif et, grâce à cela, décide de ne pas le faire. J’ai eu le cas de deux jeunes qui sont arrivées en disant qu’elles voulaient avorter – et ensuite n’ont pas avorté. Parfois, contre l’opinion de leurs parents : "Qu’ils pensent ce qu’ils veulent, mais je veux avoir mon enfant…".
Beaucoup d’homosexuels viennent au confessionnal, des hommes comme des femmes. Parfois, ils demandent pourquoi ils se sentent perturbés par ce qu'ils font. Beaucoup reviennent, répétant la même chose. Il est clair qu'ils ne sont pas sereins ; qu’ils voudraient changer. Je les oriente, leur conseillant d’éviter les occasions de péché, les occasions qui augmentent la faiblesse qu’ils confessent. Je ne puis rien faire de plus, je n’ai pas la capacité d’aller au-delà.
Les pédophiles, je les invite à respecter la personne, soi-même et les autres. Qu’ils supplient Dieu de les libérer de cet esclavage qui blesse le prochain sans défense.
Parfois, et cela me fait plaisir, des jeunes viennent et disent : "Père, aujourd’hui, je veux confesser une chose que je n’ai jamais eu le courage de dire. J’ai eu l’occasion, mais je n’ai pas dit". Je les encourage: "Prenez tout le temps qu’il faudra. Je ne suis pas pressé. Mais videz votre sac, confessez-vous, laissez dans les mains de Dieu tout le poids qui vous écrase ! Videz ce bagage devant Lui et vous allez voir comme vous sortirez soulagés de ce confessionnal". Et c’est ce qui arrive.
"Y a-t-il autre chose?".
"Non, père".
"Et comment vous sentez-vous?".
"Je respire".
Une véritable expérience de libération.