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Que faire pour sauver le mariage ?

© matspersson0 / Getty

Alex et Maud Lauriot Prévost - publié le 27/10/16

“La plus belle chose que Dieu ait créée” selon le Pape. Voici quelques jours, lors de son voyage en Géorgie, le Pape a expliqué combien il était indispensable de “tout faire pour sauver le mariage, la plus belle chose que Dieu ait créée”. Il a identifié et dénoncé tout à la fois une “guerre mondiale” menée à dessein par certains pour “détruire le mariage”. Selon lui, cette guerre ne se fait pas avec des armes mais “avec des idées”, évoquant l’actuelle “colonisation idéologique”, notamment par la théorie du genre, développée dans nos écoles et de nombreux médias [1]. En raison de tant de souffrances des époux et de leurs enfants suite à un divorce, le Pape demande que nous fassions tout notre possible pour contribuer concrètement à “sauver les mariages” : ce qui veut dire les conduire à guérir de tant de blessures, de fragilités, de conceptions erronées ou de tant de biais qui minent le couple et la famille durables.

“L’homme et la femme ne font qu’une seule chair…”

Ce combat, insiste-t-il également, vise tout autant à sauver le mariage qu’à sauver Dieu, ou plutôt, son image dans ce monde : “L’homme et la femme ne font qu’une seule chair et sont l’image de Dieu” : ainsi, “quand on divorce, on salit l’image de Dieu” ! Contribuer pour l’Église à sauver le mariage, c’est donc contribuer à sauver le visage-même de Dieu et de l’Amour pour tous ceux qui ne connaissent pas Dieu, qui peinent ou ne peuvent encore le reconnaître dans cette Trinité d’amour et de communion qui est à la source de tout !

Cet appel du Pape à “sauver le mariage” rejoint, et pour ainsi dire, résume le fil-rouge missionnaire qui l’a animé tout au long de son exhortation, La Joie de l’Amour, parue ce printemps et écrite à la suite des deux synodes sur la famille de 2014 et 2015. Il y souligne notamment que le “kérygme”, l’annonce que Jésus nous sauve, est “le plus beau, le plus grand, le plus attirant et le plus important de l’activité évangélisatrice. Il n’y a rien de plus solide, de plus profond, de plus sûr, de plus consistant que cette annonce” [2]. Ce propos ne souffre aucune ambiguïté et fait écho à ce qu’il répète constamment depuis son élection : la priorité de l’Église aujourd’hui est de devenir “un hôpital de campagne après une bataille, qui avant tout soigne les blessures et réchauffe le cœur”, qui ne se perdre plus dans des détails, mais qui  s’attache au “plus important qu’est la première annonce : “Jésus Christ t’a sauvé”!

Se centrer sur l’expérience du “Salut”

Par conséquence, dans la vie pastorale de l’Église ou dans nos diverses rencontres au fil de la vie, il est devenu essentiel – estime le Pape – d’avoir, en ce qui concerne la vie conjugale, une approche centrée sur l’expérience du “Salut”, qui permet de faire voir et de faire goûter combien le Christ peut lui-même sauver l’amour, le mariage et la famille, et en cela, redonner beaucoup d’espérance. Ainsi, François souligne qu’il est désormais prioritaire de faire découvrir aux jeunes et aux époux :

– Combien la miséricorde et la compassion divine rejoignent chaque couple sur son chemin, pour faire vivre aux époux que Dieu, “par sa grâce, guérit et transforme le cœur”, sauve et rachète couples et familles, en les “restaurant” [3] !

– Combien le sacrement de mariage “n’est pas une convention sociale, un rite vide, ni le simple signe extérieur d’un engagement”, mais bien davantage un “don pour le salut des époux”, un “don de force, un don pour se relever après une chute, se pardonner, se porter l’un l’autre” ;

– Combien la sexualité conjugale est avant tout pour l’Église un “don merveilleux”, et non pas “un mal permis” ou “une tolérance”, une occasion d’interdit ou empreinte de culpabilité ! La sexualité des époux est un don irremplaçable pour qu’ils s’unissent toujours davantage par amour jusque dans leur “union des corps”, non seulement pour le partage de la joie et de la communion, mais plus encore car elle est “l’instrument de l’action divine qui fait d’eux une “seule chair”” [4], vocation que Dieu lui-même leur assigne (et que Jésus confirme en Mt 19 par exemple !);

– Combien chaque couple est invité par ses choix et sa vie à écrire, de par la grâce de Dieu, “sa propre histoire de Salut”, en “surmontant les obstacles”, en se pardonnant les blessures quotidiennes, en travaillant à guérir “les veilles blessures” liées à sa propre histoire personnelle et familiale, en suivant un “processus de libération” [5] !

– Combien une révision en profondeur de la préparation au mariage est nécessaire pour prioriser, non plus une morale ou un catéchisme, mais avant tout “ce qui remplit et satisfait l’âme”, c’est-à-dire l’ “annonce renouvelée du kérygme, de manière attractive et cordiale” [6] ! Cela permet alors d’introduire un vrai et fructueux “chemin d’initiation” vers le sacrement du mariage.

“L’Évangile de la Famille”

Cet appel du pape à « sauver le mariage » concerne certes toute l’Église, pasteurs et baptisés, mais le pape souligne la place centrale que les couples mariés doivent désormais prendre dans cette évangélisation, dans cette annonce explicite de « l’Évangile de la Famille », afin de ‘crédibiliser’ et de témoigner de cette réalité du Salut dans le mariage, et non d’une doctrine abstraite, d’une spiritualité désincarnée, loin des souffrances ou problèmes de ceux qui nous entourent. Ce sont les couples mariés qui sont ainsi appelés à :

– Apporter un témoignage joyeux et contagieux, pour attester combien le couple “dans le Christ” est “libéré du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement”. [7].

– Présenter la sexualité conjugale de manière réjouissante et renouvelée, tout en témoignant combien le Christ peut lui-même “sauver le sexe” pourrait-on dire : en effet, si le couple emprunte avec le Christ “un chemin de montée, de renoncement, de purification et de guérison” de sa sexualité, il peut alors “goûter, non le plaisir d’un instant, mais comme l’avant-goût du sommet de l’existence, de la béatitude vers laquelle tend tout son être. Oui ! L’Eros peut élever en extase vers le Divin”. [8]

– Engager “une conversion missionnaire pour ne pas s’en tenir à une annonce théorique et détachée des problèmes réels des gens”, mais pour “faire connaître par l’expérience que l’Évangile de la famille est une réponse aux attentes les plus profondes de la personne humaine”. [9]

Vers la montée des couples-missionnaires

Haut les cœurs ! L’heure des couples-disciples-missionnaires a donc sonné, car l’Esprit-Saint et l’Église nous appellent à une mission urgente, tant humaine que spirituelle, tant ecclésiale que sociale : il faut sauver l’amour et le mariage ! Et pour cela, il nous faut les évangéliser et prendre grand soin des époux !

L’ambition est certes immense, les forces contraires très puissantes, mais tentons de faire comme mère Teresa : elle reconnaissait qu’elle n’aurait jamais commencé sa mission si elle s’était arrêtée devant la multitude de pauvres à secourir, mais, en prenant soin de pauvres l’un après l’autre, avec ses sœurs, elle en a secouru une multitude. Ainsi, l’espérance – même fragile et ne serait-ce que pour tel ou tel jeune, tel ou tel couple – renaîtra si chacun de nos couples se sent concerné par cet appel et cette mission, et s’y engage bien davantage : “tout faire pour sauver le mariage”.

Pour aller plus loin : Jésus sauve ton couple et Évangéliser, le kérygme conjugal, Salvator, 2013.


[1] Même si ces idées avancent bien souvent de manière masquée ou hypocrite comme on l’a vu récemment avec la polémique déclenchée par la ministre de l’Éducation nationale et relayée par toute une intelligentsia à la mode et très “politiquement correcte”.

[2] § 58

[3] § 62 et 63

[4] § 72 à 75, 150 à 152

[5] Le Pape parle notamment des « blessures de l’âme des enfants » liées au divorce de leurs parents ou déchirures de leurs familles : cf. § 243

[6] § 207

[7] § 200

[8] Benoît XVI, Dieu et Amour

[9] § 201

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