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En images. La nouvelle grande église d’un petit village

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Charlotte d'Ornellas - publié le 22/10/16
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À force de semer, la fraternité Saint-Vincent-Ferrier a récolté et la veille église est donc devenue… trop petite.

On entend parfois parler de l’Église de France parce que l’un de ses lieux de cultes est détruit, faute d’argent, et faute de paroissiens. Mais d’autres lieux voient renaître une foi chrétienne parfois endormie, oubliée ou laissée en friche.

À quelques kilomètres de Sablé, en Mayenne, on accède par une route de campagne au petit village de Chéméré-le-Roi, dont le calme n’a d’égal que le charme de quelques belles anciennes maisons. De loin, on aperçoit une immense grue au milieu du village. Elle se tient en réalité dans le cloître d’une communauté installée dans le coin en 1989. Ils ne réparent pas, ils construisent !

En octobre 2017, le petit village comptera une nouvelle église, au sein du couvent de cette fraternité qui joint vie de contemplation et apostolat actif, partout dans le monde et principalement auprès de la jeunesse, des familles et des musulmans.

Ces dominicains se sont naturellement placés sous le patronage de saint Dominique et partagent son angoisse terrestre : “Que vont devenir les pêcheurs ?”. Ils ont également choisi la protection de saint Vincent Ferrier, l’ “apôtre des temps difficiles” et saint Thomas d’Aquin qui entendait “contempler et communiquer aux autres la vérité contemplée”. Des bases solides pour une mission : “S’efforcer, avec ardeur et de toutes nos forces, de nous rendre capables d’être utiles à l’âme du prochain”, précisent leurs constitutions.

C’est évidement par leur apostolat bien plus que par leur positionnement géographique que ces nombreux et jeunes moines se sont fait connaître, se concentrant sur trois missions : approfondissement de la vie chrétienne, formation doctrinale et aide à la famille. À force de semer, la communauté a récolté, et l’église est donc devenue trop petite.

Alors pourquoi ne pas se servir de l’une de ses églises désertées et promises à la destruction, choix qui semble d’emblée plus judicieux et moins coûteux ? Le fondateur, le père de Blignières, répond : “Notre objectif est d’achever la construction de notre couvent et, notamment, de le doter d’une église conventuelle (…) Or une église conventuelle, ce n’est pas une église paroissiale au milieu d’un village, c’est le coeur d’un couvent”. Par ailleurs, la vie liturgique de la communauté ne peut être respectée si l’église était à une distance trop grande du couvent.

On pourrait alors récupérer une église et construire le couvent autour ? Là, c’est la perte financière qui serait considérable : d’abord celle du couvent déjà existant, ensuite celle de celui qu’il faudrait construire.

Allons jusqu’au bout : pourquoi ne pas racheter une abbaye à vendre ? Rome (en l’occurence saint Jean Paul II) et la providence ont permis à la communauté de s’installer sur cette terre de Mayenne il y a près de trente ans. Des gens sont venus s’installer à proximité, des partenariats ont été mis en place avec d’autres couvents de la région, l’enracinement auprès des populations locales est solide… Tout abandonner pour recommencer sans raison valable — la restauration est bien souvent aussi coûteuse que la construction et aucune menace ne les presse à partir n’est pas une solution.

Résultat, une église de 40 mètres de long, 9 mètres de large et 14 mètres de hauteur s’élèvera bientôt dans le ciel mayennais, à quelques kilomètres de l’abbaye de Solesmes ou de la nouvelle maison mère de la communauté Saint-Martin.

Mais les travaux ne s’arrêtent pas là. Les moines ont décidé d’achever le cloître, et de construire une autre hôtellerie, la leur étant devenue trop petite pour accueillir les pèlerins de passage.

Parce qu’on s’y presse dans ce couvent ! L’actuelle petite église est pleine à craquer chaque dimanche et l’hôtellerie souvent indisponible. Quand certaines de nos églises urbaines sont peu fréquentées, c’est à peine croyable !

Pourtant, rien de très moderne dans ce couvent. Le chant est grégorien, la liturgie est dominicaine mais selon l’ancien rite, et le tout est donc… en latin. Tel est peut-être d’ailleurs le secret de l’affluence et du nombre de moines. Chaque année, de jeunes garçons venus du monde entier rejoignent la fraternité. Pour son côté très studieux propre aux dominicains, pour son apostolat actif, mais également pour sa fidélité à l’ancien Missel.

En ces temps troublés et douloureux pour l’Église de France, il faut des raisons d’espérer… En voilà une, indéniablement.

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