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Un Pape qui ne fait pas de cinéma

Fanny Magdelaine - publié le 30/09/16

Ce film hispano-argentin montre le pape François avant son élection, un pape tel qu’on le perçoit au quotidien, sincère, cohérent, d’une profonde humanité.« Avec souffrance, j’accepte. » C’est par ses mots que le cardinal Bergoglio déclare accepter la charge papale qui lui est confiée ce 13 mars 2013. Le film se termine, Jorge Bergoglio est devenu le pape François. L’histoire peut alors commencer, celle d’un jeune homme de Buenos Aires issu d’une famille d’origine italienne et de condition modeste – ce qui, dans le film, ne saute pas franchement aux yeux vu le décor des scènes qui montrent le jeune Jorge dans son environnement familial – qui décide de devenir prêtre.

Le scénario du film est tiré du best-seller François, Vie et Révolution d’Elisabetta Piqué, une journaliste argentine correspondante au Vatican, qui s’est liée d’amitié avec le futur pape. Elle fut, à l’époque du conclave en mars 2013, la seule journaliste à avoir pronostiqué son élection à la tête de l’Église catholique.

Tout au long du film, on suit donc la vie du padre Jorge à travers la relation professionnelle puis amicale qu’il entretient avec cette journaliste, Ana, interprétée par l’actrice espagnole Silvia Abascal. Leur première rencontre remonte à 2005, lorsque la jeune journaliste est envoyée à Rome pour couvrir le conclave de 2005, celui qui verra l’élection du pape Ratzinger. L’archevêque de Buenos Aires intéresse particulièrement Ana puisque sa mère est originaire d’Argentine.

Un acteur qui lui ressemble par les gestes

Si les premières images peuvent surprendre tant l’acteur qui incarne Jorge Bergoglio ne ressemble pas physiquement au Pape, très vite on s’y fait et même très bien, puisque c’est une fiction et que trouver un sosie du pape François n’aurait pas eu grand intérêt. Or Dario Grandinetti, excellent acteur argentin que l’on a pu voir notamment dans le récent Julieta de Pedro Almodovar – ou dans le plus ancien Parle avec elle du même réalisateur –, incarne avec beaucoup de talent Jorge Bergoglio dans sa manière d’être. Quant au jeune acteur argentin Gabriel Gallicchio qui interprète le futur pape au début de sa vie adulte, il illumine l’écran et on comprend vite que le jeune Bergoglio ne devait pas manquer d’amis et d’amies tant il rayonnait de joie et débordait d’amour.

Le père Jorge raconte sa vie à la journaliste, on remonte le fil du temps entre présent et passé, sans trop y perdre son latin. Du jeune homme amoureux qui lit Borges à l’archevêque qui évite les dépenses frayeuses, on fait plus ample connaissance avec cet homme de foi, de paroles et d’actes que l’on voit prendre les transports en commun, laver les pieds d’enfants malades, rendre visite aux habitants des bidonvilles, défendre ses frères jésuites sous la dictature militaire, se rendre à Rome à deux reprises pour élire un nouveau pape. Chaque événement raconté nous dit quelque chose de la personnalité du padre Jorge, son souci d’humilité, sa proximité avec les plus pauvres et son courage inébranlable.

Dans ce film qui dégage beaucoup d’émotion, on découvre l’humanité de Jorge Bergoglio surtout au travers de figures féminines – excepté durant les conclaves ! –, Ana et sa petite fille, Ana et sa mère, sa secrétaire à Buenos Aires, des religieuses, des mères de famille confrontées aux dures réalités de la vie… Une autre présence féminine revient à plusieurs reprises : la Vierge Marie, à travers la dévotion à « Marie qui défait les nœuds », une dévotion née en Allemagne et que Jorge Bergoglio a exporté en Argentine.

« Il est plus facile de perdre la foi que de la trouver au Vatican »

Les connaisseurs n’apprendront pas grand-chose qu’ils ne sachent déjà, les autres découvriront des traits de la personnalité du Pape, son courage, sa simplicité, son humilité ou des événements de sa vie en Argentine qui confirment que le chef de l’Église catholique n’est décidément pas n’importe qui. Il y a beaucoup d’humour dans le film, comme cette réplique du futur pape : « Il peut être plus facile de perdre la foi que de la trouver au Vatican ».

Le Pape François était d’abord sorti sur les écrans argentins et espagnols en septembre 2015, un an avant sa sortie en France. Le film n’est pas un chef d’oeuvre, mais un biopic plus qu’honnête qui intéressera aussi bien les croyants que les non-croyants touchés par la personnalité de ce pape qui va bientôt fêter ses 80 ans. Marqué par la figure de saint François d’Assise – dans le film, sa grand-mère lui offre quand il est jeune le livre Vie et poésie de François d’Assise –, Jorge Bergoglio n’envisageait pas de devenir pape. S’il est dit dans le film que « Dieu sait tout, sauf ce qui se passe dans la tête d’un jésuite », les voies du Seigneur sont elles aussi impénétrables et Jorge Bergoglio a été élu pape le 13 mars 2013.

Le Pape François, film hispano-argentin de Beda Docampo Feijoo avec Dario Grandinetti et Silvia Abascal.

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