Le 1er octobre, levez les yeux dans l’église Saint-Eustache et laissez-vous emporter par l’univers poétique de Miguel Chevalier. Le 1er octobre prochain, la Nuit Blanche parisienne propose aux amoureux du patrimoine de découvrir les monuments de leur quotidien sous un jour nouveau. Accompagnée d’improvisations musicales à l’orgue et de chants, l’installation “Voûtes célestes” de Miguel Chevalier invite les visiteurs à la contemplation et à l’élévation spirituelle dans l’église Saint-Eustache.
Entretien avec Françoise Paviot, chargée de l’art contemporain à l’église Saint-Eustache et commissaire de l’exposition.
Aleteia : Pouvez-vous expliquer à nos lecteurs ce que sont les “Voûtes célestes” ?
Françoise Paviot : C’est une installation artistique, numérique et interactive, projetée sur les voûtes. Les projections lumineuses ne sont pas constituées d’images fixes, mais évoluent sans cesse sur les voûtes du chœur, de la nef centrale, de la croisée du transept et des deux transepts de l’église. Tout passe par un super ordinateur qui permet aux images de se générer d’elles-mêmes. En se promenant dans l’église, le visiteur découvre d’étonnantes cartes imaginaires du ciel qui se dessinent en temps réel. Des trames de lumières colorées créent des maillages qui se forment et se déforment tels des réseaux sinueux. Cet univers est constamment renouvelé, il se modifie en fonction des mouvements des spectateurs qui font et défont les œuvres. La création de Miguel Chevalier est accompagnée d’improvisations musicales jouées par Baptiste-Florian Marle-Ouvrard, organiste titulaire du grand orgue de Saint-Eustache et de répertoires chantés par “Les Chanteurs de Saint-Eustache”.
Quel est l’impact recherché sur les visiteurs, croyants ou non croyants ?
L’artiste cherche à mettre en valeur l’architecture de l’église : il conçoit ses installations en fonction de l’architecture du lieu et de son contexte. Il souhaite montrer que l’on peut mêler architecture ancienne et outils contemporains. L’art contemporain peut être mis au service d’un lieu religieux. “Voûtes célestes” est aussi une invitation à l’élévation spirituelle et contemplative, et à la réflexion sur la poétique de la matière créée par les lumières, couleurs et mouvements. L’installation s’adresse à tous les visiteurs de l’église qui sont invités à déambuler, à s’asseoir sur un banc et à lever les yeux au ciel. Notre curé, le père Nicholson, a une phrase que l’on répète souvent : “Bienvenue à Saint-Eustache”. C’est à dire bienvenue à tout le monde, quelles que soient sa religion et ses origines, et à tout moment de la journée (quand l’église est ouverte), que ce soit pour regarder l’architecture ou les tableaux, pour se recueillir et prier, ou encore pour admirer les “Voûtes célestes”.
Pouvez-vous nous présenter l’artiste, Miguel Chevalier ?
C’est un artiste qui a une cinquantaine d’années, diplômé des Beaux-Arts et d’histoire de l’art. Il utilise l’informatique comme moyen d’expression dans le champ des arts plastiques et s’est imposé internationalement comme l’un des pionniers de l’art virtuel et du numérique. Il est catholique et très sensible à la spiritualité. Il a récemment présenté des installations aux Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique à Bruxelles et à la King’s College Chapel de Cambridge. À l’occasion des fêtes de Noël de l’année dernière, Miguel Chevalier avait déjà créé des œuvres pour l’église Saint-Eustache.
La paroisse Saint-Eustache est-elle particulièrement portée vers l’art contemporain ?
Le père Nicholson est preneur ! On ne peut pas ignorer l’art actuel, les artistes qui s’expriment aujourd’hui. Saint-Eustache a déjà accueilli à plusieurs reprises des installations contemporaines. Et pourtant, l’église n’a aucun budget pour ces opérations, ce ne sont que des financements extérieurs trouvés par les artistes eux-mêmes.
1er octobre – Nuit Blanche 2016, église Saint-Eustache, Paris.
De la tombée de la nuit à 6h du matin.
“Voûtes Célestes 2016”, Miguel Chevalier
Logiciels : Cyrille Henry et Antoine Villeret
Courtesy Galerie Lélia Mordoch, Paris / Miami