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Les primaires à l’heure des Gaulois, l’école à l’heure des décrocheurs

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©Alfredo Dagli Orti / The Art Archive / The Picture Desk

CHARLEMAGNE 742-814 receives Alcuin, ceiling fresco -- SCHNETZ, Victor : 1787-1870 : French Photo Credit: [ The Art Archive / MusÈe du Louvre Paris / Alfredo Dagli Orti ]

Philippe Oswald - publié le 23/09/16

Au cœur de la campagne électorale, le débat sur l’intégration a fait une incursion tumultueuse chez "nos ancêtres les Gaulois"… Mais c’est plutôt Charlemagne qu’il faudrait invoquer pour réinventer l’école.

C’est ce “débat nul dont tout le monde parle”, constate Le Point. En cause, cette phrase de Nicolas Sarkozy lors d’un meeting pour les primaires de la droite, lundi, à Franconville (“le village des…Francs”) : “Dès que vous devenez Français, vos ancêtres sont Gaulois”. Son principal adversaire, Alain Juppé, a versé cette phrase au débit de la “nullité du débat politique”, jeudi 22 mai, rapporte LCP . Quant à Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education nationale, voulant “faire un cours d’histoire” à l’ancien président sur le plateau de iTélé, elle a assuré : “La ministre de l’Éducation que je suis connaît parfaitement les premières phrases de ce livre, Tour de France par deux enfants, d’Ernest Lavisse, sous la IIIe République : Autrefois, notre pays s’appelait la Gaule et les habitants les Gaulois””. Aïe ! Double erreur, Madame le ministre : l’auteur n’est pas Lavisse mais un certain G. Bruno, pseudonyme d’une femme, Augustine Fouillée, et les premières phrases du célèbre manuel n’évoquent pas les Gaulois…

Roman national

Nicolas Sarkozy persiste et signe. Il a affirmé sur BFMTV ne rien retirer de ses déclarations : “Je ne me laisserai pas impressionner par la pensée unique, a affirmé l’ex-chef de l’État. “À la minute où on devient Français, quelle que soit la couleur de sa peau, sa religion, son origine, on n’est pas un Français de 2016, on devient co-propriétaire d’un roman national, au même titre que les autres. (…) À la minute où vous êtes Français, vous appartenez à un roman national, vous l’avez en héritage”, a-t-il insisté, demandant “qu’est-ce qu’il y a de choquant à ça ?”.

C’est en effet un roman national… écrit par les Romains, notamment par un certain Jules César qui avait plus d’une corde à son arc. On ne voit pas cependant que Jules César ait eu besoin d’inventer l’existence des Gaulois. Mais l’important aujourd’hui est de “déconstruire le mythe national” selon l’historienne Suzanne Citron qui explique dans L’Obs la fausseté de “l’enchaînement d’une histoire de France se déroulant des Gaulois aux rois capétiens”. C’est pourtant ce qu’ont enseigné les manuels d’histoire du Second Empire puis de la République, mais il semblerait que ce “roman national”, qui au demeurant n’a jamais occulté les Francs, Visigoths, Ostrogoths, Alamans, Burgondes etc., ne soit plus de mise à l’heure de la promotion d’une France multi-ethnique et pluriculturelle. Voici déjà près de 30 ans, rappelle Le Figaro, “quand François Mitterrand présentait les Français, il parlait des Gaulois, un peu Romains, un peu Germains, un peu Juifs, un peu Italiens, un peu Espagnols, de plus en plus Portugais peut-être qui sait? Polonais?” Ajoutant malicieusement : Et je me demande si déjà nous ne sommes pas un peu Arabes ?””

“Savons-nous aimer notre pays ?”

“L’intégration au modèle français mérite mieux que la naïveté heureuse ou le label gaulois””, objecte sur Atlantico Jean-Frédéric Poisson, candidat à la primaire de la droite et du centre, et président du Parti Chrétien-Démocrate (PCD). Refusant de “céder à l’agitation et aux formules incantatoires”, il invite à poser “les vraies questions” : “Pourquoi voyons nous toute une génération se mettre en marge de notre société et revendiquer cette marginalisation (…) ? Qu’avons-nous à proposer à ces femmes et à ces hommes pour projet politique et pour horizon social ? Savons-nous nous-mêmes aimer et donner à aimer notre pays comme il le mérite, comme un trésor en héritage ? (…) Le dialogue avec d’autres cultures ne pourra se faire que si les Français retrouvent une juste fierté de leur identité. C’est pourquoi il est nécessaire que toutes les écoles françaises donnent à l’enseignement du français et de l’histoire une place particulière.”

Une pluie d’annonces électorales

Des Gaulois, nous avons surtout retenu qu’ils n’avaient peur de rien, sauf que le ciel leur tombe sur la tête… On éprouve encore parfois une peur analogue : ces jours-ci, on redoutait moins l’éventuelle pluie de débris de la station spatiale chinoise Tiangong-1 qui a échappé à tout contrôle, comme le rapporte Paris Match (l’engin pèse tout de même 8,5 tonnes…), que la pluie d’annonces électorales.

Alors que les soutiens à François Hollande dans les rangs gouvernementaux se font discrets, deux ministres sont sortis du bois avec des annonces qui ne sont pas passées inaperçues. Interrogée par France Info le 17 septembre sur “les nouvelles formes du combat des opposants à l’IVG”, Laurence Rossignol, ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, a accusé des sites anti-avortement de diffuser de fausses informations et annoncé la promulgation d’un “délit d’entrave numérique”. “Je ferai une annonce le 28 septembre, à l’occasion de la Journée internationale de défense des droits à l’IGV, pour faire reculer ces sites manipulateurs” a-t-elle menacé. Sanctions envisagées : deux ans de prison et 30 000 euros d’amende.

Cette mesure liberticide a toutes les chances d’être retoquée, répond dans La Croix du 21 septembre Bertrand Mathieu, professeur de droit public à l’université Paris I : “Il est (…) difficile de considérer qu’une information, présentée de façon même tendancieuse, puisse constituer un délit d’entrave, prévient-il. Instaurer un contrôle de l’objectivité de l’information sur le Web est très dangereux. (…) une telle mesure aurait toutes les chances d’être jugée anticonstitutionnelle (…). Elle me semblerait clairement dépasser le contrôle que l’État peut exercer sur la liberté d’expression”.

Quant à Najat Vallaud-Belkacem, elle “sort de son chapeau la scolarité obligatoire” de 3 à 18 ans (contre 6 à 16 ans actuellement) pour lutter contre le décrochage, titre Marianne. “C’est clairement une proposition électoraliste, nous ne sommes pas dupes”, déclare à Marianne, Jean-Rémy Girard, vice-président du Syndicat national des lycées et collèges (SNALC).  Une opinion partagée bien au-delà des syndicats : “Sachant que 110 000 jeunes sortent chaque année du système scolaire, et sachant que la sortie est sans issue, supprimons donc la sortie. Ainsi, par miracle, nous n’aurons plus de décrocheurs””, raille Marie Delarue, écrivain musicienne et plasticienne, sur Boulevard Voltaire.

“Commençons par refaire l’école”

Dans un texte publié dans Le Figaro du 21 septembre en partenariat avec RTL, et reproduit sur son blog, François-Xavier Bellamy, professeur de philosophie en classes préparatoires et maire adjoint à Versailles, aborde le problème de fond en s’adressant aux candidats à l’élection présidentielle : “Vous voulez reconstruire une économie forte et innovante ? Commençons par refaire l’école. Lutter contre la désaffection de la politique et restaurer un débat d’idées digne de ce nom ? Commençons par refaire l’école. Sauver l’unité de la société française en empêchant une génération de sombrer dans les délires de l’islamisme ? Commençons par refaire l’école. (…) S’il faut refaire l’école, c’est parce qu’elle est le premier lieu de notre défaite collective”. Et de prendre l’exemple de la lecture : parmi tous les collégiens en fin de 3e, seul un quart peut être considéré comme “bon lecteur”, selon l’enquête CEDRE, publiée par le ministère de l’Éducation Nationale en juillet dernier. “Devant ce défi majeur, ajoute François-Xavier Bellamy, la politique de la gauche aura consisté à aggraver avec méthode et persévérance tous les facteurs d’échec possibles.”
La dernière idée de Najat Vallaud-Belkacem s’inscrit à l’évidence dans cette fuite en avant : “Comme l’État faussaire faisait tourner la planche à billets quand il ne savait plus créer de la richesse, il sait encore multiplier des diplômes à défaut de transmettre des savoirs”. Ou encore prolonger la scolarité de “décrocheurs” qui ne sauront pas davantage lire à 18 ans qu’à 16… Ne demandons pas la recette d’une refondation de l’école aux Gaulois mais plutôt à l’empereur franc Charlemagne qui, comme dit la chanson, “eut un jour cette idée (pas si) folle d’inventer l’école”.

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ÉcoleMédias
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