L’État islamique au pape François : “Nous faisons une guerre de religion et nous vous haïssons”“Là où il y a la haine, que je mette l’amour” (saint François d’Assise).
Et nous, notre religion nous commande de faire la paix, de vivre en paix et d’aimer, d’aimer même nos ennemis, donc de vous aimer aussi. Elle nous commande de bénir ceux qui nous persécutent, donc de vous bénir aussi. Elle nous commande de secourir, en bons Samaritains, ceux qui ne sont pas chrétiens, donc de vous secourir aussi. Elle nous commande de pardonner “jusqu’à soixante-dix fois sept fois” (Matthieu 18, 22), donc de vous pardonner aussi. Elle nous commande d’aimer son prochain comme soi-même, ce qui fait de vous notre prochain aussi. Être chrétien, véritablement, selon nos Écritures, n’est pas facile, et pourrait être perçu, même par des chrétiens, même par des ecclésiastiques, comme de la veulerie, un défaitisme, une capitulation…
Mais n’était-ce pas l’attitude de Jésus, durant sa Passion, qui s’est soumis à ses bourreaux, que l’on a défié sur la Croix (“Si tu es le fils de Dieu, descends de la croix !” – Matthieu 27,40), qui a pardonné à ceux qui l’ont crucifié (“Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font” – Luc 23,34) pour, le jour venu, ressusciter, resplendir dans toute sa gloire, triompher de ses ennemis ? Et même en faire des amis ? Ne sommes-nous pas appelés à faire de même ? À poser le geste admirable de répondre au mal – votre mal – par le bien, notre bien ? Dans l’espoir d’exorciser vos démons ? D’attendrir, d’adoucir ceux d’entre-vous qui conservent des restes d’humanité ? Ceux d’entre-vous qui seraient, quelque part dans leurs abysses, de véritables musulmans potentiels, qui verraient dans la “réponse chrétienne” l’incarnation de l’amour, de sorte à susciter une”réponse musulmane” conforme aux préceptes pacifiques du Coran (“Celui qui tue un homme, tue toute l’humanité” – S5.V32) ? Bien entendu, cette réponse pacifiste, idéale, non violente, aimante à l’infini, du véritable chrétien, ne peut être que l’œuvre d’un saint, que tout chrétien est appelé à devenir. D’où le caractère insupportable du christianisme, à soutenir jusqu’à la fin, ou jusqu’au commencement : comme une croix. D’où son génie aussi : génie du cœur, génie de l’âme, génie de l’esprit.
Voilà pourquoi, même si je ne suis pas parfaitement chrétien, je suis heureux de l’être, imparfaitement, et de tendre, obligatoirement, vers la perfection chrétienne, l’exemplarité sainte du christianisme, à l’image de son fondateur et de son fondement : Jésus-Christ, notre Seigneur. Voilà pourquoi, si je n’étais pas chrétien, j’embrasserais volontiers, volontairement et amoureusement le christianisme : pour son don et son pardon infinis, pour son amour absolu, pour sa parole “salvifique”. Pour son “deuxième commandement” impossible. Pour le défi qu’il me pose, continuellement : celui de devoir aimer mes semblables – tous mes semblables – comme moi-même, comme des frères et des sœurs ; celui de devoir vous aimer aussi, malgré moi, parce que ce n’est pas facile, et malgré vous qui êtes régis, commandés, habités par le mal. Malgré vous, enferrés par l’épée de votre haine, qui use votre âme comme l’épée use le fourreau. Malgré vous, mais pour vous : pour que vous découvriez la bonté, la bonté de notre Dieu, qui est aussi celle d’Allah, le miséricordieux, non le « vôtre » assurément, que vous avez façonné à votre triste image. Vous pourriez goûter à cette bonté qui vous est obstinément servie et, qui sait, y prendre goût et en redemander. Croyez-moi, c’est si bon !