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De l’or dans les mains. Au service de l’élégance française (2/2)

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Benoît Aguelon et François Coffy, tailleurs © Blaise de Sébaste

Benoît Aguelon et François Coffy, tailleurs © Blaise de Sébaste

Thomas Renaud - publié le 05/09/16

Aleteia vous propose cet été de belles rencontres avec des artistes et artisans français qui se sont mis au service du Beau et du Vrai.

L’un baignait depuis de nombreuses années dans le rythme infernal des cabinets de conseil, le second piétinait – mais avec succès ! – dans un cursus juridique. Après des années de travail et d’humble apprentissage à l’école des meilleurs, nos deux serviteurs de l’élégance française ont saisi leurs ciseaux de tailleurs. Retrouvez la première partie de cette belle rencontre ici.

Aleteia : En quoi consiste concrètement votre travail de tailleur ? Quelles en sont les principales étapes ?
François Coffy : L’écoute est la première étape. Comprendre les personnes qui font appel à nous est déterminant pour être force de proposition dans leurs choix vestimentaires, notre volonté étant de traduire l’idée qu’ils se font d’eux-mêmes, à travers le vêtement. Après le choix du tissu et prise de mesure au corps, nous coupons à plat le tissu en prenant en compte nos observations morphologiques et effectuons un premier montage en vue du premier essayage. Cette étape est initiatique pour beaucoup de nouveaux clients qui ne sont pas habitués à découvrir leur costume à nu. A ce stade, rien n’est cousu, tout est bâti par un fil de coton et donc modifiable. Cet essayage en cours de montage est fondamental puisqu’il nous permet de recouper le vêtement afin d’en faire une seconde peau. S’en suit le second montage avant un nouvel essayage, puis la réalisation des finitions. Il faut bien compter au moins deux mois pour délivrer un premier costume puisque toutes ces étapes sont naturellement réalisées à la main.

Vous défendez un idéal de sobriété et de grande qualité, est-ce un message facile à porter ou vous sentez-vous des Don Quichotte du ciseau ?
FC : Un vêtement sur-mesure est et doit être ressenti comme une seconde peau par nos clients. D’ailleurs, nous ne limitons pas le nombre d’essayages puisque seule importe leur satisfaction. Mais la nature de notre activité est bien plus profonde qu’un vêtement bien coupé et il nous faut pour cela effectuer un véritable travail de pédagogie et d’évangélisation. La mode actuelle est au costume jetable, à la coupe discutable et usiné pour ne durer qu’un an ou deux. Chez Blaise de Sébaste, nous veillons à insister sur la valeur patrimoniale du costume, à l’instar d’une belle montre ou d’une paire de souliers : d’abord parce que l’exécution artisanale du vêtement garantie l’unicité de chaque pièce puisqu’une dizaine d’artisans vont passer de 60 à 70 heures à travailler sur votre costume, ensuite parce qu’il a vocation à durer dans le temps.
Benoît Aguelon : Nous privilégions, sans jamais l’imposer, une coupe intemporelle et statutaire. Naturellement, la qualité du tissu conditionne sa durabilité, or la tendance actuelle est aux tissus très fins et donc plus fragiles. Nous sommes toujours ravis de pouvoir réaliser des costumes ou des vestes en flanelle ou en tweed, tissus plutôt lourds, car c’est pour nous la certitude que le vêtement accompagnera notre client pendant plusieurs décennies.

Vous avez choisi de baptiser votre atelier Blaise de Sébaste. Pour certains cela ne sonne que comme une marque élégante… mais derrière ce nom il y a un sacré personnage !
BA : Blaise était évêque de la ville de Sébaste en Arménie, à l’époque de Constantin. En cette période où la partie occidentale de l’Empire Romain devient chrétienne, l’Empereur d’Orient, Licinius, persécute les églises chrétiennes. S’étant fait remarquer quelques années plus tôt comme ermite bénissant et protégeant les animaux sauvages (comme Saint François d’Assise), il opéra de nombreux miracles qui attirèrent l’attention de l’administration impériale qui décida de le supplicier avec des peignes à carder la laine, pour lui déchirer la peau. Ces outils de supplice font ainsi de lui, entre autres, le saint patron des cardeurs de laine et, par extension des tailleurs.
FC : Le choix de ce nom est pour nous en quelque sorte un acte de foi : il souligne notre attachement à la tradition, et est porteur de valeurs que nous nous efforçons de respecter tous les jours. Ainsi, pour nous, l’élégance vestimentaire n’est pas qu’un « art de vivre », mais surtout un élément du « savoir-vivre ».

Et pour terminer, à la manière de Proust :

Le trait dominant de votre caractère ?
BA : Pour François, la méticulosité.
FC : Pour Benoît, sa capacité à aller de l’avant.

Votre plus grande fierté ?
BA : Mes trois enfants et Blaise de Sébaste.
FC : La fidélité aux valeurs qui m’ont été inculquées et dans lesquelles je crois.

Une personne vivante que vous admirez ?
BA : Mon épouse.
FC : Ma mère.

Votre idéal d’élégance ?
BA : Cary Grant
FC : J’irais sous doute voir du côté de la famille royale britannique, je pense notamment au Prince de Galles ou au Prince Michael de Kent.

Ce qui vous agace le plus dans la « mode » du moment ?
BA : La déconstruction des codes, sans même les connaître !
FC : Le costume noir qui devrait être réservé au deuil et aux tenues de soirée.

Ce que vous aimeriez donner au monde ?
BA : Un peu plus d’élégance.
FC : Je me permets de préciser, une certaine idée d’élégance.

La figure spirituelle qui vous éclaire le plus ?
BA : Sainte Thérèse de Lisieux.
FC : Benoît XVI, dont l’élégance vestimentaire révélait beaucoup de son élégance intellectuelle et morale.

Votre dernier instant d’émerveillement ?
BA : Mes enfants, feuilletant notre dernière liasse de tissu reçue.
FC : Lorsqu’elle répondit oui à mon désir d’envisager et de construire ma vie avec elle.

Pour découvrir le travail de Benoît et François, rendez-vous dans leur atelier, 19 rue de Longpont à Neuilly-sur-Seine ou sur : www.blaisedesebaste.com

Tags:
artisanat
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