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Pourquoi parler de sexualité ?

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Anaïs Deban - publié le 18/08/16
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Le sexe est souvent traité de manière vulgaire et malheureusement jamais vulgarisé. Alors comment s'y intéresser... sans en rougir ?

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Bien sûr, il est tout à fait possible de faire l’autruche. De détourner le regard lorsqu’une publicité explicite vous saute aux yeux, d’ignorer les questions à répétition des enfants tombés sur une image pornographique, de faire avance rapide pendant la soirée DVD du samedi soir. Mais au fond, ne pas parler de sexe c’est comme ne pas faire mention d’une énorme tache de ketchup sur le chemisier blanc de votre amie. C’est plutôt ridicule. Et planter sa tête dans le sable très longtemps est la meilleure manière de s’étouffer.

Parler de sexe c’est aussi parler d’humanité

Peu importe la culture, peu importe l’éducation, le sexe est le catalyseur de notre être. Abordé sainement il nous accompagne dans une vie épanouie et participe à un équilibre. En revanche, l’ignorer c’est créer une frustration et un environnement favorable à une sexualité déviante.

On ne peut taire ce que l’on ne peut ignorer. Pas un jour ne se passe sans qu’un scandale sexuel éclate : un politique trompe sa femme, un footballeur est retrouvé dans les bras d’une call-girl, un homme est accusé de pédophilie. Le silence et la censure ont été fréquemment pratiqués, sans pourtant rien arranger. Alors si l’on essayait autre chose ? Si l’on acceptait que le sexe fasse partie de nos vies ? Si l’on admettait qu’on en a besoin ? Peut-être pourrait-on alors vivre avec moins de tabous, moins d’hypocrisie et gagner en humanité.

Dans un premier temps il faudra oser utiliser les mots adéquats. Ce n’est pas parce que d’autres les ont voulu vulgaires qu’ils doivent nécessairement l’être. Appeler un chat un chat c’est un peu le b.a.-ba de toute approche plus saine. Rougir quand le mot “pénis” est prononcé dans sa dimension physiologique et ne pas se servir de ce champ lexical reviendrait à admettre que le sexe est une chose dont on devrait avoir honte, dont on devrait taire l’existence.

Quand on creuse, il est assez étonnant de voir comment nous sommes conditionnés. Faites un essai : arrêtez-vous devant une publicité ou un article que vous avez jugé “osé”. Tentez de décortiquer ce qui vous a heurté. Est-ce la nudité ? Les mots employés ? Le contexte ? Puis demandez-vous pourquoi cela vous a-t-il heurté. Il est très rare que ce ne soit qu’une question de bienséance. Souvent cela renvoie à un non-dit, une peur, une envie non-assumée…

Évidemment le sexe appartient à la sphère intime, seulement savoir qu’il est admis de s’y intéresser et d’éventuellement en parler ne peut que vous aider à vivre en harmonie et en accord avec ce que vous êtes.

Mon conseil de lecture pour mieux parler de sexe :

Dictionnaire émancipé de sexualité par le sexologue Bruno Martin et Brigitte Lahaie aux Éditions Minerva.

D’accord, ce dictionnaire est co-écrit par la sulfureuse Brigitte Lahaie mais les deux auteurs ont une approche binaire de la sexualité qui en fait un vrai ouvrage de référence. Le sexologue donnera une définition académique quand l’ancienne animatrice abordera les mots de la sexualité de façon plus philosophique et étymologique.

En voici quelques extraits :

Éducation sexuelle

Définition de Bruno MARTIN :

Transmission d’informations, de mécanismes, de valeurs concernant la sexualité à un individu traditionnellement jeune pour éviter des erreurs et garantir son épanouissement sexuel. Les messages concernent autant la dimension biologique (reproduction, maladies…) que la dimension psychologique (plaisir, identité, relations entre hommes et femmes, communication…). L’éducation sexuelle commence lorsque les enfants montrent une curiosité à travers les questions ou les actes : savoir comment on fait les bébés, autostimulation, curiosité concernant la nudité (…).

Définition de Brigitte LAHAIE :

Rien n’est plus difficile que d’éduquer sexuellement ! La sexualité est de l’ordre du pulsionnel et des sentiments, alors que l’éducation est de l’ordre de la raison. (…) Dès le plus jeune âge, c’est-à-dire dès la maternelle, on devrait apprendre aux enfants à respecter la différence des sexes. Un petit garçon et une petite fille ne réagissent pas de la même manière et chacun doit accepter l’autre dans sa différence. Cela éviterait ultérieurement bien des comportements machistes et castrateurs. Autre leçon fondamentale : le corps de l’enfant lui appartient. (…)

Frigidité

Définition de Bruno MARTIN :

État regroupant une inhibition du désir sexuel, un trouble de l’excitabilité et une anorgasmie. L’anorgasmie est décrite comme l’impossibilité chronique éprouvée par un homme ou une femme d’atteindre l’orgasme au cours de stimulations sexuelles en présence d’un désir sexuel. Elle peut être primaire, secondaire ou coïtale. (…)

Définition de Brigitte LAHAIE :

Que signifie le mot frigidité ? Un manque de plaisir, de désir ? Une difficulté à avoir des rapports sexuels épanouissants ? Une difficulté à être une femme ? Une certaine insensibilité au niveau du clitoris ou du vagin ? Une répulsion ? Il est délicat de donner une définition de la frigidité tant ce terme est aujourd’hui chargé négativement. Si la femme n’éprouve pas de douleur ou de répulsion vis-à-vis de l’acte sexuel, il sera plus facile de “soigner” l’intéressée. Ensuite, il faudra comprendre si la frigidité est totale ou partielle. (…)

Vagin

Définition de Bruno MARTIN :

Organe génital interne de la femme reliant la vulve à l’utérus et ayant la forme d’une faine musculo-muqueuse. Sa longueur, quoique variable, est d’environ 8 centimètres en moyenne. Le vagin est le siège d’une humidité générée par la desquamation de cellules et par la lubrification issue du réseau veineux vaginal. Au plan de la sensibilité, seuls les premiers centimètres disposent d’une bonne innervation, d’où l’absurdité du complexe du petit pénis. (…)

Définition de Brigitte LAHAIE :

On se demande bien pourquoi ce mot est de genre masculin. Faudrait-il y voir un machisme inconscient ? Il vient du latin “vagina” qui signifie “fourreau”. Peu de synonymes au mot “vagin” sont sympathiques, par exemple cloître, trou, foutoir… Si le clitoris ou le pubis ont leur synonymes poétiques et évocateurs d’amour et de plaisir, le vagin reste sec ! Comme s’il était, du moins dans l’inconscient collectif, une sorte de trou noir, de gouffre ou de puits sans fond. (…)

Nudité

Définition de Bruno MARTIN :

État d’une partie ou de la totalité du corps qui n’est pas recouverte d’un vêtement ou qui l’est d’une manière insuffisante au regard de la bienséance dans une société ou une situation particulière. Parfaitement tolérée chez de nombreux peuples tropicaux ou équatoriaux, valorisée dans la Grèce antique chez les guerriers ou les sportifs lors des Jeux olympiques, ou encore dans l’art, elle fut en revanche mise à mal à d’autres époques, comme sous l’Angleterre victorienne. (…)

Définition de Brigitte LAHAIE :

Dès que nous abordons notre rapport à la nudité, nous entrons dans la sphère sexuelle, car ce qui dérange dans la nudité, c’est bien le désir qu’elle provoque. D’ailleurs, nudité et pudeur sont extrêmement liées : plus nous sommes pudiques, plus la nudité nous met mal à l’aise. La nudité est acceptable dans un rapport sexuel, mais celui-ci à peine terminé, nombreux sont ceux qui éprouvent le besoin de se rhabiller, comme s’ils se protégeaient de cette “mise à nu”. (…)

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