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Réussir à aimer les terroristes, tel est notre défi.
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Prier. Jeûner. Célébrer la messe. Sonner les cloches. Se rassembler… Les initiatives sont nombreuses pour porter dans nos cœurs les victimes des attentats, leurs familles et notre pays.
Mais quid des terroristes eux-mêmes ?
J’entends ici et là des personnes prêcher la haine. Proposer la peine capitale : “Nous sommes en guerre ? Jugeons-les en cour martiale pour haute trahison !”. Ou : “Les terroristes tuent sans vergogne, tuons-les en retour. Mieux vaut les éliminer que de voir massacrer des dizaines ou des centaines d’innocents”.
Les voici mués en Caïphe des temps modernes (Jn 11, 50). En tortionnaires de l’Inquisition. En juges iniques tourmentés par leur conscience dévoyée (Lc 18, 1-8). En mafiosi en butte à la vendetta. En Guillotin se faisant bourreau à la place du bourreau.
Mais depuis quand la haine apporte-t-elle la paix, à l’extérieur comme en nous-même ? Qui sommes-nous pour décider de la mort de quelqu’un ? Même la mort ne saurait être la panacée pour des terroristes prêts à mourir au cœur de leurs exactions. À quoi bon vouloir tuer des suicidaires ? Quant à fusiller les fameux “fichés S”, ce serait piétiner la présomption d’innocence. Rappelons que tout homme est présumé innocent tant que justice n’est pas rendue. Ce serait donc, purement et simplement, dévoyer la justice.
Les terroristes, aimables ?
Quid des terroristes alors, à notre portée ?
Dans l’Évangile selon saint Luc (6, 27), ainsi que dans l’Évangile selon saint Matthieu (5, 43-47), Jésus donne une réponse dont l’écho retentit bien plus loin qu’autour de nos pauvres bancs d’assemblée : “Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient”.
Attention, il ne s’agit pas d’aimer les terroristes benoîtement. De les laisser faire naïvement. De tendre la joue bêtement. D’être ingénument masochiste. Mais leur sort ne dépend pas de nous. Laissons les juges rendre justice et les gouvernants nous protéger du terrorisme. Ou rappelons-leur, en les mettant devant leur devoir d’assurer notre sécurité. En leur proposant de justes et fermes actions pour annihiler au maximum l’activité des terroristes. En les invitant à nommer leurs ennemis et à rejeter tout discours idéologique.
Aimer les terroristes, c’est prier pour eux
Aimer les terroristes, qu’est-ce donc ? C’est accepter de prier pour eux. Tel le pape François à Cracovie, lors des JMJ : “Père, touche les cœurs des terroristes afin qu’ils puissent reconnaître le mal de leurs actions et puissent se tourner vers le chemin de la bonté et de la paix, du respect de la vie et de la dignité de chaque être humain”.
Aimer les terroristes, c’est nous unir au sacrifice du Christ en croix, pour participer au salut de chaque homme pécheur. À commencer par les terroristes. C’est d’abord croire que Jésus est mort pour ces hommes-là aussi. Qu’il a effacé leur dette, leurs crimes d’aujourd’hui, une fois pour toute, il y a 2 000 ans. Qu’il leur offre une place au paradis. C’est ensuite offrir pour eux nos contrariétés quotidiennes, nos manques, nos souffrances, nos fautes.
Aimer les terroristes, c’est leur faire miséricorde. Leur pardonner, à la suite de Jésus. Avons-nous oublié qui a été le premier à être entré au paradis ? Un criminel. Avons-nous oublié avec qui Dieu partageait ses repas ? Des pécheurs. Avons-nous oublié à qui le tout puissant a évité la lapidation ? Une femme adultère. “Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs”, nous rappelle Jésus (Mc 2, 17).
Aimer les terroristes, c’est les considérer d’abord comme des êtres humains, créés par Dieu. C’est-à-dire comme des personnes aimables, capables d’être aimées.
Nous nous trompons de combat
Oh, c’est certain, tout cela est facile à écrire, mais ô combien difficile à vivre. Mais voulons-nous seulement être artisan de la justice de Dieu ? D’un père tout aimant qui se jette au cou de son fils, revenant sans le sou et puant le cochon à plein nez ? Qui l’embrasse au lieu de lui faire la leçon et de le punir ? Qui tue le veau gras et fais la fête tellement il est heureux de revoir son enfant ? Qui lui met l’anneau au doigt et le revêt d’un habit blanc, en signe d’une relation, d’une alliance retrouvée ? Oui, souhaitons-nous voir, en puissance, chacun des terroristes en la personne de ce fils prodigue ?
Aussi, tout cela peut paraître suinter la guimauve, épouser le monde des Bisounours, être totalement déconnecté de la réalité. Ce n’est pas le cas. Cette lettre n’a pas la prétention d’apporter une armada d’outils pour lutter efficacement contre le terrorisme. Elle propose simplement d’adopter une attitude dont on entend peu parler. Une attitude, à mon sens, évangélique, à rebrousse-poil de l’esprit répandu du talion. Une attitude parallèle à un combat fort et autoritaire contre le terrorisme. On peut, dans le même temps, aimer les terroristes tel que décrit ci-dessus et tout mettre en place pour les empêcher de nuire. Enfin, pour sûr, cette attitude ne nous protège pas de la mort. Là n’est pas la question. Ne nous trompons pas de combat.
Dans l’espoir de voir se lever une génération d’apôtres de la miséricorde, même et surtout pour les terroristes, je laisse le pape François conclure avec ces mots prononcés dernièrement en Pologne.
“Nous ne voulons pas vaincre la haine par davantage de haine, vaincre la violence par davantage de violence, vaincre la terreur par davantage de terreur. Notre réponse à ce monde en guerre a un nom : elle s’appelle fraternité, elle s’appelle lien fraternel, elle s’appelle communion, elle s’appelle famille.”