Les civils paient encore « le prix de la fermeture des cœurs et du manque de volonté de paix des puissants », a dénoncé le pape dimanche, à l’angélus, en invitant les fidèles à quelques minutes de silence pour leurs « frères et sœurs » de Syrie, victimes de nouveaux combats dans le nord du pays. Son appel intervient deux jours après un message vidéo diffusé dans le cadre de la campagne « Syrie : la paix est possible » de Caritas Internationalis.
En une semaine, plus de cent trente civils ont été tués à Alep, la deuxième ville du pays, où un groupe de rebelles, islamistes et djihadistes, le 31 juillet, a lancé une offensive pour briser le siège des forces du régime syrien qui ont riposté par une série de raids aériens. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme basé à Londres, les différentes opérations ont mis en échec l’avancée des insurgés.
L’inertie des grandes puissances
« Hélas, des informations de nouvelles victimes civiles de la guerre en Syrie continuent d’arriver, en particulier d’Alep », a lancé le Saint-Père aux fidèles au-dessus d’une place Saint-Pierre « particulièrement noire de monde pour un mois d’août et malgré les importants contrôles de sécurité », rapporte l’agence I-Media. Que « tant de personnes sans défense, et tant d’enfants » aient encore à payer le prix de ces conflits par manque de bonne volonté des grandes puissances « est inacceptable », a-t-il souligné dans un cri contre l’inertie des grandes puissances. « Soyons proches » de ces personnes « par la prière et la solidarité », a-t-il alors appelé et « confions-les à la protection maternelle de la Vierge Marie », avant de réciter un Je vous salue Marie avec les pèlerins.
Message vidéo
Le 5 juillet dernier, dans un message vidéo diffusé à l’occasion de la campagne « Syrie : la paix est possible » lancée par Caritas Internationalis, le Souverain Pontife a fustigé les pays qui, « tout en parlant de paix », dépensent « des quantités incroyables d’argent » pour « fournir des armes aux belligérants ». Comment croire en ceux qui « de la main droite vous caressent, et de l’autre vous frappent ? », s’est-il interrogé avant d’appeler à la création d’un « gouvernement d’unité nationale » dans le pays.
Dans son message, le pape dénonce « les indicibles souffrances dont le peuple syrien est victime, contraint à survivre sous les bombes et à fuir vers d’autres pays ou zones moins déchirées par la guerre ».
Le pape appelle à une solution politique « immédiate » – « la seule possible » estime-t-il – tous conscients « qu’il n’y a pas de solution militaire en Syrie mais qu’une solution politique ». La communauté internationale doit donc soutenir les pourparlers de paix, en direction de « la construction d’un gouvernement d’unité nationale ». Il invite tout un chacun à agir auprès de « ceux qui sont impliqués dans les négociations de paix », afin qu’ils « prennent ces accords au sérieux et s’engagent à faciliter l’accès à l’aide humanitaire ». Pour cela, un premier impératif qu’il ne cesse de réitérer : « vaincre l’indifférence » et faire pression sur les gouvernements…
Soutenir le peuple syrien
Caritas Internationalis, c’est plus d’un million de personnes secourues par l’organisme au cours de ces seuls derniers mois. Celui-ci a lancé un nouveau site pour soutenir sa campagne : syria.caritas.org, afin d’aider cette Syrie pour laquelle « on peut tout me demander », comme l’aurait dit le pape. Tout simplement parce que les Syriens, « ne sont pas que des nombres, mais des êtres humains », qu’ils ont besoin qu’on leur redonne « espoir, dignité et paix », ajoute le président de Caritas Internationalis, le cardinal Luis Antonio Tagle, après avoir rencontré des Syriens au Liban et en Grèce.